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lundi, 26 février 2018

Islam, arme des banquiers

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Islam, arme des banquiers

L’islam en tant que religion et culture est en Europe notamment occidentale un fait historique, politique, démographique et social non seulement récent mais surtout, au regard de la longue durée, anecdotique.

Si le califat d’Al Andalus est remonté jusque loin au nord (la « bataille » de Poitiers) et à l’est de la France (Grenoble, Lyon), ce ne sont pas huit tombes musulmanes retrouvées près de Narbonne qui font de la France et des pays limitrophes, à l’exception de l’Espagne, du Portugal ou de la plus lointaine Sicile, une terre « d’islam ». C’est bien le christianisme, sur des racines helleno-romaines et germaniques (européennes en somme) qui a façonné la France, ses peuples, ses arts, mais aussi ses paysages : les vignes et les monastères, on le comprend, sont plus rares au Pakistan, en Égypte et en Arabie saoudite. La topographie là encore est imprégnée de cette histoire, et on y trouve guère de présence de nos envahisseurs musulmans des premiers siècles du moyen âge : combien de villes et de villages portent des noms de saints et de saintes? Trop pour être comptés.

Ces quelques rappels faits, intéressons nous à la situation actuelle. Il y a une grande quantité de Français d’origine immigrée et d’étrangers sur le sol français. Certains sont réislamisés, certains n’ont jamais perdu la religion de leurs ancêtres, et d’autres enfin sont chrétiens (catholiques, évangéliques), notamment une grande quantité d’Africains subsahariens. Polarisés en diverses communautés, ces gens partagent néanmoins plusieurs choses : une assimilation proche du néant à la culture et à la civilisation française, y compris pour les chrétiens africains, une haine de la France, et conséquence, une allégeance à un autre pays.

Le problème n’est pas tant l’islam. Que celui ci soit violent, misogyne et intolérant ne nous intéresse pas tant que ses adeptes vivent entre eux en Syrie, en Algérie, au Yémen, en Turquie, en Iran. Vouloir une réforme de l’islam c’est s’aligner sur les valeurs progressistes et laïques de la République. La critique théologique de l’islam qui est le plus mise en avant dans les médias, outre sa pauvreté spirituelle (pour ou contre le cochon ? Le voile ou le string ?) ne sert qu’à masquer le fait que l’islamisation, réelle, n’a été possible que par une immigration de masse, elle même arme du Capital. Critiquer l’islam en tant que spiritualité et uniquement en tant que telle, est une arnaque intellectuelle et politique. Que l’on me comprenne bien : je ne dis pas que cette critique n’est pas intéressante. Je dis qu’elle n’est pas intéressante d’un point de vue politique.

C’est donc moins le Coran qu’il faut expurger, que le multiculturalisme. S’il y avait en France 20 millions de Japonais shinto, malgré l’image romantique que se font les Français des Japonais, des geishas, des samouraïs, du théâtre nô et de la cérémonie du thé, il y aurait aussi des actes de violence. Ils seraient différents mais ils existeraient. De la même manière, rappelons que Hutus et Tutsis n’ont pas eu besoin de l’islam pour se massacrer entre eux.

Pour préciser encore davantage ma pensée, il faut bien comprendre que je refuse de choisir entre le califat et la République laïque.

dimanche, 18 février 2018

EUROPA ! Le continent d'excellence en matière de pensée conceptuelle

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EUROPE : EUROPA ! Le continent d'excellence en matière de pensée conceptuelle

par Philippe Delbauvre

Les philosophes – 2500 ans de pensée européenne – ne se sont nullement préoccupé de l'homme – l'intouchable tel qu'on le définit dans le cadre de l'hindouisme – mais du surhomme. Certes pas au sens où l'entendait Nietzsche mais plutôt dans le cadre d'une perspective kantienne.

Pour tant d'hommes, le nouveau né est humain. Tel ne pensent pas ainsi les métaphysiciens. Et en effet, le bébé méconnaît et le Vrai, et le Bien et le Beau. Il est appris aux élèves de philosophie que l'homme est un être de raison. Or, surtout durant le dernier siècle écoulé, les sciences ont montré le contraire. Ce qu'en revanche, on peut exprimer, c'est que l'homme dispose d'un potentiel de raison qu'il développe plus ou moins selon les personnes.

Pourquoi, du cap au doctorat, les Européens font-ils des études ? Principalement et presque toujours, afin d'exercer un métier. Autrement exprimé, les Européens, mais aussi de façon plus générale les hommes, considèrent le savoir comme un moyen et nullement une finalité. D'autres, très minoritaires, font l'inverse, raison pour laquelle, toute leur vie, ils développeront un rapport privilégié au Vrai, au Bien et au Beau. Ils sont les membres de la première caste au sens où en l'entend dans le schème indo-européen. Combien sont-ils ? 1 sur 5000 ? 1 sur 10 000 ? Moins ?

Je n'apprendrai rien au lecteur en rappelant que la structure d'une société est de type pyramidal, la base étant autrement plus large que le sommet. Et c'est donc la quasi totalité de la société qui appartient à la troisième caste. Avec la naissance du suffrage universel, la donne a régulièrement changé. Le Vrai, par exemple, sauf s'il est d'évidence – il pleut – n'est que l'apanage d'une minorité. Si, à titre d'exemple, un enseignant chercheur veut faire de la sélection dans le cadre d'une science dure, il rédige alors le sujet de telle sorte que c'est 90% de l'amphithéâtre qui va dans le mur. Autre aspect de la problématique, le chiffre (le suffrage universel, le nombre de votes) est de type quantitatif, là où l'essentiel est de type qualitatif.

« Dès qu'une chose a de la valeur, elle cesse d'avoir un prix » Lamartine.

Et ce n'est nullement un hasard si René Guénon a intitulé un de ses ouvrages, nullement récent, « Le règne de la quantité et les signes du temps »

L'argent, omniprésent dans le monde contemporain, n'est-il pas avant tout quantitatif ? Et il est vrai qu'il est plus agréable d'avoir dans la poche, un billet de 20 qu'un autre de 10. Est-ce spécifiquement humain ? Du tout. Pour prendre un exemple parmi tant d'autres, un ours aime à capturer les saumons lors de leur remontée vers la source. Et quand bien même ne calcule t-il pas qu'il préfère un attraper trois plutôt qu'un.

Certains ont coutume de fustiger ceux qu'ils appellent les « nègres » et/ou les « bougnoules ». Je m'intéresse, même si le tableau se doit d'être nuancé, avant tout aux blancs, ne serait-ce parce que c'est le terroir ethnique initial de l'Europe. Et les Blancs sont qualitativement en chute vertigineuse. Pour reprendre l'expression populaire bien connue, « chacun voit midi à sa porte ». A chacun de tirer sur la couverture de son côté, d'une part on ne crée rien, d'autre part elle finit par se déchirer. Nonobstant, la célèbre phrase de Kipling :

« La force du loup, c'est la meute. La force de la meute, c'est le loup. »

Bien évidemment, ce que certains appellent l'immigration de peuplement ne pouvait arranger les choses. Nous avions pourtant, nous Européens continentaux, bien peu d'excuses. Qui méconnaissait en effet les catastrophes issues des sociétés, aussi bien américaines qu'anglaises, suite au fait pluri-ethnique ? Margaret Thatcher, assez récemment d'ailleurs, a reconnu l'échec du modèle pluriel qui n'est autre que celui du Royaume Uni.

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De façon similaire, Angela Merkel et son million de migrants, est en conséquence, bien mal placée pour se plaindre de ses déboires actuels. En effet, 'arrivée en force au parlement de l'Afd était des plus prévisibles. Rappelons que cette structure politique n'est nullement d'extrême droite. Si la Csu, initialement aile droite de la Cdu, ne s'était pas autant recentrée, elle n'eut alors pas alors offert un boulevard sur la droite à l'Afd.

Encore une fois, le fait migratoire, même s'il va s'avérer, et de plus en plus, catastrophique, n'est pas, par définition un fait blanc.

Trois théories politiques se sont affrontées dans le cadre du siècle précédent. Et c'est, à mes yeux tout au moins, le premier des trois à avoir été battu, qui fut peut être le dernier à avoir été un frein à la décadence européenne menant au déclin.

« Ite missa Est »

Il est suffisamment d'études scientifiques montrant que l'humanité chez la plupart de ceux qu'on appelle, probablement à tort les hommes, n'est qu'un vernis. Et ce n'est pas le fait du hasard si la politesse – marque de civilisation - est autant en recul. Pas un hasard non plus si le coït est si présent dans tant de têtes.

En se déracinant – le terroir gréco-romain sublimé par le Catholicisme – les Européens se sont suicidés. Il nous faut pour autant nuancer et évoquer l'Europe de l'Est. L'état d'esprit y est en effet totalement différent. Je ne vois que trois possibilités. Le maintien de l'actuelle bipartition européenne, l'occidentalisation de l'Est et bien sur l'estification de l'Ouest.

« L'homme secrète du désastre » Cioran

Et en raison de cette dernière citation, je crains que l'Est, progressivement, sera ouestisé sur le long terme. J'espère bien évidemment me tromper.

Voilà pourquoi je pense que c'est foutu pour le phare planétaire que nous fussions. J'avais d'ailleurs posé la question sur un forum – le forum nationaliste, émanation du Renouveau Français - : Nous battons pour gagner ? Et tous les intervenants d'affirmer que oui. Déjà à l'époque, je n'y croyais plus.

Ai-je baissé les bras depuis ? Certainement pas. L'une des preuves n'est autre que la rédaction de cette article. Le fait n'est pas nouveau. Ps un hasard non plus si je suis le webmestre depuis février 2016 du site L.V.C.I (les villes contre l'islamisation) C'est ainsi que voici une trentaine d'années, j'ai choisi de servir dans une unité à vocation sacrificielle. C'est ainsi qu'en tant que cadre, je n'ignorais pas, contrairement à mes soldats, que nous n'avions que 24 heures de survie face aux troupes de l'Union soviétique, submergés que nous aurions été par le nombre.

La guerre, intérieure ou extérieure, sera ou ne sera pas. Quoiqu'il arrive, le déclin est là et va s'accroître. Ce que nous alors faire – Nous, Les Nôtres – ce sera donc pour le drapeau. C'est l'essentiel.

« L'homme est quelque chose qui doit être surmonté » Nietzsche

« Le Moi est haïssable » Pascal

« Tout est perdu, fors l'honneur » François 1er

« Etre et Durer » Devise du 3ème Rpima

« Si c'est possible, c'est déjà fait ; si c'est impossible, ça se fera » Marcel Bigeard

Nous ferons donc alors, fidèles à l'esprit comme aux actes de nos Anciens,

ET Camérone, Et Dien Bien Phu (1) (2)

 

  1. https://www.youtube.com/watch?v=A_lSDWLSDjQ

mardi, 26 décembre 2017

Les puritains, oies blanches et précieuses ridicules

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Les puritains, oies blanches et précieuses ridicules

Médecin, Ancien Conseiller national
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

L’affaire Buttet est un pur scandale. Lynchage médiatique, journalistes se prenant pour des  justiciers, des policiers  (et la séparation des pouvoirs ?, et la présomption d’innocence ? et le pardon possible des victimes ?), libération de la parole incontrôlée et délation sur les réseaux sociaux, corbeaux, courageux anonymes, justiciers aux petits pieds, donneurs de leçons de morale, rééducateurs frustrés. Toute la gamme des harceleurs bien-pensants s’est sentie autorisée à la chasse à courre au cerf blessé après avoir été désigné à la haine. Bien sûr, sous l’effet du stress, de l’alcool, des difficultés personnelles, le politicien conservateur valaisan était devenu la cible facile des libéraux, libertaires, féministes hystériques et mercenaires Billag lâchés en meute. Il avait eu le tort, le péché fondamental d’être opposant à l’adoption des couples homosexuels, à l’avortement de confort obligatoire et gratuit. Le crime par excellence qu’il fallait payer de sa vie politique. Infâme représentant du patriarcat, qui montre sa face cachée de balourd, de peloteur, de joueur de cartes agressif, de vrai infâme macho, hétérosexuel désinhibé qui ne contrôle pas ses instincts bestiaux masculins forcément. L’archétype en quelque sorte du mec, gradé à l’armée, amateur de maîtresses, politicien à plusieurs casquettes, valaisan, ne crachant pas dans les apéros qui sont presque une institution sous la Coupole. A dégommer de toute urgence pour les hyènes du politiquement correct, les ultraconformistes qui veulent que les élus du peuple soient des anges désincarnés, asexués, émasculés, refroidis, dépersonnalisés, viandophobes, buveurs d’eau et de thé, sans genre, sans couleur, sans passions exprimées, sans travers. La direction du PDC, fort empruntée d’être pour une fois dans le viseur des Talibans de la pensée politique se désole. Il jouait paraît-il un rôle important dans la lutte contre No Billag. Je peux imaginer qu’il a dû apprécier à sa juste valeur le harcèlement médiatique des zélotes du coûteux et peu transparent mastodonte arrogant, sûr de lui et dominateur du « service public ».

Dans une démocratie de proximité, directe et non de représentation, n’importe quel citoyenne ou citoyen devrait pouvoir être choisi, pour représenter le peuple dans sa diversité, ses préoccupations, ses caractéristiques. Et avoir la totale liberté de s’exprimer comme il le veut, libérer sa parole réellement, dans les termes qu’il veut, sans se faire formater, formater, niveler au nom de l’autocensure du politiquement correct. L’ennui des débats politiques prévisibles, des micro-différences entre la droite économique et la gauche moraliste pourrait être aisément surmonté par le parler vrai, le droit à l’outrance, à la démesure peut-être aussi, sans censure, sans offuscation médiatique, sans condamnation à l’Enfer du politiquement incorrect, au sacrifice du bouc émissaire qui est rendu artificiellement sulfureux. Des vrais débats, des vrais effets de rhétorique, des saillies, des bons mots, des outrances, des polémiques, rien que des atouts pour le débat démocratique qui redeviendrait passionnant. Le peuple est bien assez sage pour savoir absorber quelques vagues et turbulences d’estrade.

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Aujourd’hui on en est quasiment revenu au modèle soviétique : rien n’est permis, rien n’est pensable hors de la Pensée Unique.

Quel gâchis que des politiciens de la droite économique et de la gauche des valeurs aient ainsi laissé sacrifier un représentant, certes discret, de la droite des valeurs conservatrices.

Après dénonciation et lynchage, traitements et rééducation…

Le droit de se sentir subjectivement agressé, le droit à la susceptibilité après-coup, voilà le grand acquis du féminisme libéral. Comme le racisme, un autre délit d’opinion fort rare, on voit se justifier et développer le ressenti subjectif, le droit à la susceptibilité hystérique et son passage  direct à la Justice. Au nom des Droits abstraits individualistes, dits Droits de l’Humain, on traîne au Tribunal celui ou celle qui vous déplaît subjectivement, se comporte ou pense autrement. Quelle régression, au lieu de se parler, de dialoguer, de se respecter, on dénonce au Tribunal, on veut inverser les « rapports de force », on veut sa Justice personnelle. Et bien sûr on médicalise, on psychiatrise ces comportements qui sont décrits comme des « addictions » (le corps réclame impérativement satisfaction et gratification immédiate !). Et les programmes de soins, moralistes à souhait, offrent un modèle de rédemption à mi-chemin entre boyscoutisme et bisounurserie gnangnan mais impitoyable. Au terme de la rééducation et de la contrition publique (y compris excuses aux Rohingyas, on ne sait jamais, ça fait toujours bon effet), l’homme déviant promet que jamais plus de telles horreurs ne sauraient se reproduire. La novlangue Orwellienne, le meilleur des Mondes et le catéchisme multiculturel et antidiscriminatoire se conjuguent pour vous transformer en objet lisse, soumis, asexué et sans passions, sans pulsions, sans vie, sans possibilité de rédemption. Au secours….

Dominique Baettig, 25.12.2017

vendredi, 03 novembre 2017

Jede Kultur ist wertvoll, so lange es nicht die eigene ist

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Anabel Schunke

Jede Kultur ist wertvoll, so lange es nicht die eigene ist

Von Anabel Schunke

Ex: http://www.achgut.com

In meiner Heimatstadt Goslar gab es schon immer recht viele Menschen mit Migrationshintergrund. Mein Freundeskreis in der Jugend bestand zu einem Großteil aus der dritten Generation türkischer und kurdischer Einwanderer, also aus jenen in Deutschland lebenden Muslimen, die hier geboren und sozialisiert sind. Niemand von ihnen hätte sich je als Deutscher bezeichnet. Nicht einmal als Deutschtürke oder Deutschkurde. Sie waren Türken und Kurden. Nicht, weil wir sie nicht als Deutsche akzeptierten, sondern weil sie sich selbst nicht als Deutsche sahen. Deutsche waren nur wir. Die Kartoffeln.

Nicht wir zogen die Trennlinie, sondern sie. Nicht uns war es wichtig, zu unterscheiden, sondern ihnen. Mit 13 oder 14 Jahren ordnet man derlei Beobachtungen, die ein Großteil meiner Generation, wie ich aus Gesprächen weiß, so unterschreiben kann, nicht in einen politischen Kontext ein. Dennoch liefert genau die Frage nach dem ‚Warum‘ dieser selbstgewählten Abgrenzung eine der wichtigsten Antworten auf die Frage, weshalb Integration bei uns in Deutschland so oft scheitert und warum es mit den neuen Einwanderern trotz oder gerade aufgrund unserer neuerlichen emsigen Bestrebungen in Sachen Integration eher noch schlimmer als besser laufen wird.

Wer aufmerksamer Beobachter des medialen und politischen Treibens insbesondere der letzten zwei Jahre war, der wird sich an der ein oder anderen Stelle sicherlich die Frage gestellt haben, ob auf der Welt aktuell ein Volk existiert, das sich mehr demütigen lässt, als das Deutsche. Die Liste der Beispiele für diese Demütigungen ist jedenfalls lang. Das neueste Beispiel: Ein Projekt namens „Kitchen on the run“. Eine vom BAMF geförderte Integrationsmaßnahme des Vereins „Über den Tellerrand e.V.“, bei dem eine mobile Küche samt Team quer durch Deutschland reist und anerkannte „Geflüchtete“ und „Beheimatete“ zum gemeinsamen Kochen animieren soll. Für Empörung sorgte, Sie ahnen es vermutlich bereits, dabei nicht das kreative Projekt selbst, sondern die dem Begriff „Geflüchtete“ gegenübergestellte Bezeichnung „Beheimatete“ für jene, die „schon länger hier leben“. 

Auf Nachfrage heißt es von der Pressestelle vom Bundesamt für Migration und Flüchtlinge hierzu: „Wir haben in dem Kontext das Wort „Beheimatete“ gewählt, da bei dem von uns geförderten Projekt „Kitchen on the run“ auch Migranten teilgenommen haben, die schon länger in Deutschland leben, aber keine Geflüchteten mehr sind. Der Begriff sollte nicht als Synonym für Deutsche verstanden werden.“

Beliebigkeitsformeln, die zugleich jeden und keinen umfassen

Bei allem Verständnis für die ehrenwerte Absicht, ja niemanden sprachlich ausgrenzen zu wollen, zeigt sich hier einmal mehr ein grundlegendes Problem der One-World-Junta: Wer im Bestreben, auch noch jeden irgendwie inkludieren zu wollen, jedweden zuordneten Begriff vermeidet und stattdessen nur noch zu Beliebigkeitsformeln greift, die zugleich jeden und keinen umfassen können, der löst die für eine Gesellschaft so wichtigen Orientierungspunkte auf. Er zerstört damit nicht nur langfristig die gemeinsame Identifikation der einheimischen Bevölkerung als ein Volk der Deutschen, die Orientierung und Zusammenhalt schafft, er erschwert damit auch maßgeblich die Integration derer, die aus fremden Kulturen einwandern und auf derlei Bezugspunkte angewiesen sind, wenn Integration funktionieren soll.

Es ist dasselbe Prinzip der sprachlichen Auflösung von Nation und Volk hin zur multikulturellen Beliebigkeit, das sich auch in ungelenken Wortklaubereien wie „die, die schon länger hier leben“ oder auch der Erklärung der Kanzlerin, dass das Volk jeder sei, der in diesem Land lebt, wiederspiegeln. Während man heutzutage jede noch so kleine Minderheit innerhalb der Gesellschaft namentlich erwähnt, ihr Recht auf eigene Identität geltend macht und damit die größere  Einheit der Gesellschaft bewusst auflöst, indem man diese kleinen Gruppen durch Nennung etwaiger tatsächlicher oder auch nur herbeihalluzinierter Diskriminierungen, gegeneinander ausspielt, scheint eine gesellschaftliche Gruppe überhaupt keinen Wert mehr zu haben: Die heterosexuelle, „biodeutsche“ Mehrheit, die durch das Bestreben der Inklusion aller zur Identitätslosigkeit verdammt wird, da sie keiner kleineren Splittergruppe der Gesellschaft mit eigener Lobby angehört.

Der Syrer, der schon länger hier lebt, kann gleichzeitig Syrer und „Beheimateter“ sein.  Der Iraker, der erst kurz hier lebt, ist Iraker und gleichzeitig „Geflüchteter“. Der Türke, der schon ganz lange hier lebt, kann sogar qua Pass Deutscher und Türke und Deutschtürke sein. Nur die Mehrheit der schnöden, normalen Deutschen ohne Migrationshintergrund ist eben nichts mehr so richtig und das ist auch der Grund für die Wut. Nicht Fremdenfeindlichkeit macht aus „Beheimateten“ wütende Bürger, sondern die sprachliche Entziehung der eigenen Identität.

Denn niemand identifiziert sich mit dem Begriff „Beheimatete“. Weder Deutsche, noch Ausländer, die hier nach Aussage des BAMF schon länger leben als die „Geflüchteten“ und durch den Begriff sprachlich integriert werden sollen. Afghanen dürfen Afghanen sein. Syrer dürfen Syrer sein, Iraker dürfen Iraker sein, Eritreer dürfen Eritreer sein und Sudanesen Sudanesen. Selbst andere Europäer, die nicht zum sakrosankten Teil der Weltbevölkerung gehören wie Französen, Dänen, Polen, Engländer, Italiener und Spanier dürfen in unserem Sprachgebrauch auch als solche bezeichnet werden. Nur wir Deutschen – so mittlerweile die Wahrnehmung vieler – dürfen nicht Deutsch, müssen inklusive Verhandlungsmasse für jeden sein. Zugleich zeigt sich an solchen Fällen einmal mehr die Bigotterie des linken Spektrums, in dem jede Kultur und jeder Verweis auf Herkunft wertvoll ist, so lange es nicht die eigene ist.

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Ein durchdringender One-World-Masochismus

Nun aber zurück zu meiner Jugend in einem deutsch-türkischen Freundeskreis. Denn allmählich sollte ersichtlich werden, weshalb sich meine türkischen und kurdischen Freunde von damals nicht als Deutsche sahen und weshalb ihnen die Abgrenzung zu uns so wichtig war: Niemand der selbst oder dessen Vorfahren aus einer traditionell stolzen Nation und Kultur kommt, identifiziert sich freiwillig als Deutscher und tauscht damit das verbriefte Recht auf nationalen, kulturellen Stolz und Würde gegen die Zugehörigkeit zu einem Volk ein, das sich auf Grundlage eines tief verankerten Schuldkomplexes und einen, die Gesellschaft bis ins Mark durchdringenden One-World-Masochismus, ihr eigenes Existenzrecht abspricht.

Deutscher, das ist nicht umsonst auf immer mehr Schulhöfen in den letzten Jahren zu einer Beleidigung verkommen. Und auch im Wort „Kartoffel“ von damals steckte bereits die durchaus intendierte Abwertung eines Volkes ohne Rückgrat, das sich von Migranten aller Herren Länder auf der Nase herumtanzen lässt. Dass die eigenen Werte verleugnet, keine Anpassung fordert und stattdessen jede noch so große kulturelle Unart aus anderen Ländern toleriert. Es ist jene nationale Selbstgeißelung, die darüber hinaus das Einfallstor zur Kompensation des eigenen kulturellen Kollektiversagens schlechthin für junge, vornehmlich muslimische Migranten bildet. Seht her, ihr habt vielleicht den Wohlstand, den Frieden und die technischen Innovationen in euren Ländern, aber wir haben etwas, was ihr nicht habt: Stolz und Ehre.

Wer Migrationshintergrund hat, genießt in diesem Land unter dem Deckmantel der Toleranz andere Rechte als jemand, der diesen nicht hat. 2010 drehte Güner Balci für den WDR die Dokumentation „Kampf im Klassenzimmer“ über eine 10. Klasse einer Hauptschule in Essen-Karnap und griff dabei das heikle Thema der Deutschenfeindlichkeit an Schulen mit hohem Migrantenanteil auf. Neben vielen anderen Ausschnitten blieb vor allem einer im Gedächtnis. Ein augenscheinlich türkischstämmiger Jugendlicher sprach über das Thema Sex vor der Ehe und erklärt hierbei gänzlich trocken: „Wenn man mit einem muslimischen Mädchen schläft und sie entjungfert, dann ist das so, dass die Eltern das als Schande ansehen und die Ehre ist befleckt und wir müssen das alles saubermachen. Entweder er heiratet sie und wenn nicht, dann zwingen wir ihn und wenn nicht, dann knallen wir ihn ab und dann ist die Ehre wieder sauber und wir knallen auch sie ab.“

Es sind genau diese Aussagen, die einen tiefen Einblick in die tatsächliche Integration vieler sogar hier geborener Muslime geben, die immer wieder in mir die Frage aufwerfen, wie ein Land Hunderte von Millionen Euro in einen angesichts der realen Bedrohung komplett unverhältnismäßigen Kampf gegen Rechts investieren kann, während solche Ansichten im Alltag keine weitere Beachtung finden und mehr oder weniger geduldet werden. Die Antwort liegt nahe: Wer Migrationshintergrund hat, erhält kulturellen Rabatt.

Was bei Einheimischen vorsichtig formuliert unter die politisch inkorrekten Aussagen fallen würde, wird hier unter kultureller Folklore verbucht. Ebenso verhält es sich mit der Tatsache, dass wir öffentliche Islamkritik hierzulande nur als politisch gerade noch korrekt ansehen, wenn sie von Menschen mit Migrationshintergrund kommt. Ein Volk, dass sich selbst das Recht auf Kritik an einer Kultur und Religion abspricht, die mit den eigenen Werten kaum zu vereinbaren ist, ein Volk, dass sich von Migranten dazu ermutigen lassen muss, auf die eigenen Errungenschaften Stolz zu sein, hat den Kampf um Anerkennung bereits verloren und liefert keine besonders gute Ausgangslage, um Menschen die Identifikation als Deutscher schmackhaft zu machen.

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Gilt der Untertitel hierunter wirklich ?

Es ist „cooler“, Ausländer zu sein als Deutscher

Sicherlich ist das nicht die einzige Antwort auf die Frage, warum Integration von insbesondere muslimischen Migranten so oft scheitert. Aber es eines der größeren Mosaiksteinchen in der Frage, was wir selbst leisten können, um die Integration von Menschen aus mehrheitlich autoritären, paternalistischen Kulturen zu verbessern. Wer hunderttausende Muslime aufnehmen will, muss sich vom eigenen Kultur-Nihilismus verabschieden. Entweder man will funktionierendes Einwanderungsland sein und schluckt dafür die „Kröte“ des Nationalstolzes oder man muss augenblicklich aufhören, Menschen aus anderen Kulturen hierzulande aufzunehmen.

Es geht nur eines: Die eigene One-World-Theorie aus sicherer Entfernung erhalten oder nationale und kulturelle Orientierungspunkte mit dem nötigen Selbstbewusstsein vorleben und einfordern. So lange es in Deutschland „cooler“ ist, Ausländer zu sein als Deutscher, wird Integration und vor allem Assimilation zu großen Teilen nicht stattfinden. So lange wir unter Integration verstehen, noch mehr bequeme Maßnahmen zu schaffen, die eher die Integrationshelfer in „kultursensibler“ Anpassung schulen als die Migranten, wird Integration noch weniger gelingen als es bei früheren Einwanderergenerationen der Fall war.

Darüber hinaus muß man sicherlich die Frage aufwerfen, bis zu welchem Grad islamische Einwanderer überhaupt in unser hiesiges Wertesystem zu integrieren sind und wie Integration dort funktionieren soll, wo die Mehrheitsverhältnisse längst gekippt sind. In Schulklassen, in denen kein einziges Kind mehr Deutsch spricht etwa oder in Stadtvierteln, in denen man problemlos in jedem Geschäft einkaufen gehen kann, ohne ein einziges Wort der Landessprache sprechen zu müssen.

Auch in stark patriotischen Gesellschaften wie den USA kommt es zunehmend zu kulturellen Spannungen zwischen Muslimen und „Amerikanern“. Dies liegt jedoch nicht nur an den kulturellen Differenzen, sondern auch hier an einem von linken Kultur-Nihilisten geschaffenen Einfallstor zur Nichtanpassung. Eine weitere Bestätigung dafür, dass Integration und Assimilation gerade nicht durch die linke Politik der bedingungslosen Toleranz und Selbstaufgabe forciert werden, sondern durch selbstbewusste Forderungen von stolzen Bürgern. Wer wie hier in Deutschland diesen Bürgern jegliches Recht auf nationale Identität und Stolz aberkennen will, sägt an den Grundlagen einer funktionierenden multikulturellen Gesellschaft, die man doch eigentlich so unbedingt haben will.

Anabel Schunke ist Autorin und freie Journalistin. Sie schreibt für verschiedene Portale, etwa EMMA Online oder die deutsche Huffington Post.

lundi, 30 octobre 2017

Baudelaire et la conspiration géographique

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Baudelaire et la conspiration géographique

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

Lisons les Fleurs de Baudelaire moins bêtement qu’à l’école. Et cela donne :

Le vieux Paris n’est plus (la forme d’une ville

Change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel)…

On est dans les années 1850, au début du remplacement haussmannien de Paris. Baudelaire comprend ici l’essence du pouvoir proto-fasciste bonapartiste si bien décrit par son contemporain Maurice Joly ou par Karl Marx dans le dix-huit brumaire. Et cette société expérimentale s’est étendue à la terre entière. C’est la société du spectacle de Guy Debord, celle ou l’Etat profond et les oligarques se mêlent de tout, en particulier de notre « environnement ». C’est ce que je nomme la conspiration géographique.

La conspiration géographique est la plus grave de toutes. On n’y pense pas assez, mais elle est terrifiante. Je l’ai évoqué dans mon roman les territoires protocolaires. Elle a accompagné la sous-culture télévisuelle moderne et elle a créé dans l’ordre :

• Les banlieues modernes et les villes nouvelles pour isoler les pauvres.

• Les ghettos ethniques pour isoler les immigrés.

• La prolifération cancéreuse de supermarchés puis des centres commerciaux. En France les responsabilités du gaullisme sont immenses.

 • La hideur extensive des banlieues recouvertes d’immondices commerciaux ou « grands ensembles » conçus mathématiquement.

• La tyrannie américaine et nazie de la bagnole pour tous ; le monde des interstates copiés des autobahns nazies qui liquident et recouvrent l’espace millénaire et paysan du monde.

• La séparation spatiale, qui met fin au trend révolutionnaire ou rebelle des hommes modernes depuis 1789.

• La décrépitude et l’extermination de vieilles cités (voyez Auxerre) au profit des zones péri-urbaines, toujours plus monstrueuses.

• La crétinisation du public et sa déformation physique (le docteur Plantey dans ses conférences parle d’un basculement morphologique) : ce néo-planton est en voiture la moitié de son temps à écouter la radio.

• La fin de la conversation : Daniel Boorstyn explique dans les Américains que la circulation devient le sujet de conversation numéro un à Los Angeles dans les années cinquante.

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Dans Slate.fr, un inspiré, Franck Gintrand, dénonce l’horreur de l’aménagement urbain en France. Et il attaque courageusement la notion creuse et arnaqueuse de smart city, la destruction des centres villes et même des villes moyennes, les responsabilités criminelles de notre administration. Cela donne dans un de ses derniers textes (la France devient moche) :

« En France, cela fait longtemps que la survie du commerce de proximité ne pèse pas lourd aux yeux du puissant ministère de l’Economie. Il faut dire qu’après avoir inventé les hypermarchés, notre pays est devenu champion d’Europe des centres commerciaux. Et des centres commerciaux, ça a quand même beaucoup plus de gueule que des petits boutiquiers… Le concept nous vient des États-Unis, le pays des «malls», ces gigantesques espaces dédiés au shopping et implantés en banlieue, hermétiquement clos et climatisé. »

Il poursuit sur l’historique de cet univers totalitaire (pensez à Blade runner, aux décors de THX 1138) qui est alors reflété dans des films dystopiques prétendant décrire dans le futur ce qui se passait dans le présent.

La France fut ainsi recouverte de ces hangars et autres déchetteries architecturales. Godard disait que la télé aussi recouvrait le monde. Gintrand poursuit à propos des années soixante :

« Pas de centres commerciaux et multiples zones de périphérie dans «La France défigurée», célèbre émission des années 70. Et pour cause: notre pays ne connaissait à cette époque que le développement des hypermarchés (le premier Carrefour ouvre en 1963). On pouvait regretter l’absence totale d’esthétique de ces hangars de l’alimentaire. »

Le mouvement est alors ouest-européen, lié à la domination des trusts US, à la soumission des administrations européennes, à la fascination pour une fausse croissance basée sur des leurres (bagnole/inflation immobilière/pseudo-vacances) et encensée par des sociologues crétins comme Fourastié (les Trente Glorieuses). Dans les années cinquante, le grand écrivain communiste Italo Calvino publie un premier roman nommé la Spéculation immobilière. Ici aussi la liquidation de l’Italie est en marche, avec l’exploitation touristique que dénonce peu après Pasolini, dans ses si clairvoyants écrits corsaires.

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En 1967, marqué par la lecture de Boorstyn et Mumford, Guy Debord écrit, dans le plus efficace chapitre de sa Société du Spectacle :

« Le moment présent est déjà celui de l’autodestruction du milieu urbain.L’éclatement des villes sur les campagnes recouvertes de « masses informes de résidus urbains » (Lewis Mumford) est, d’une façon immédiate, présidé par les impératifs de la consommation. La dictature de l’automobile, produit-pilote de la première phase de l’abondance marchande, s’est inscrite dans le terrain avec la domination de l’autoroute, qui disloque les centres anciens et commande une dispersion toujours plus poussée ».

Kunstler a très bien parlé de cette géographie du nulle part, et de cette liquidation physique des américains rendu obèses et inertes par ce style de vie mortifère et mécanique. Les films américains récents (ceux du discret Alexander Payne notamment) donnent la sensation qu’il n’y a plus d’espace libre aux Etats-Unis. Tout a été recouvert de banlieues, de sprawlings, de centres commerciaux, de parkings (c’est la maladie de parking-son !), d’aéroports, de grands ensembles, de brico machins, de centrales thermiques, de parcs thématiques, de bitume et de bitume encore. Voyez Fast Food nation du très bon Richard Linklater.

Je poursuis sur Debord car en parlant de fastfood :

« Mais l’organisation technique de la consommation n’est qu’au premier plan de la dissolution générale qui a conduit ainsi la ville à se consommer elle-même. »

On parle d’empire chez les antisystèmes, et on a raison. Ne dit-on pas empirer ?

Je rappelle ceci dans mon livre noir de la décadence romaine.

« Pétrone voit déjà les dégâts de cette mondialisation à l’antique qui a tout homogénéisé au premier siècle de notre ère de la Syrie à la Bretagne :

« Vois, partout le luxe nourri par le pillage, la fortune s’acharnant à sa perte. C’est avec de l’or qu’ils bâtissent et ils élèvent leurs demeures jusqu’aux cieux. Ici les amas de pierre chassent les eaux, là naît la mer au milieu des champs. En changeant l’état normal des choses, ils se révoltent contre la nature. »

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Plus loin j’ajoute :

Sur le tourisme de masse et les croisières, Sénèque remarque :

« On entreprend des voyages sans but; on parcourt les rivages; un jour sur mer, le lendemain, partout on manifeste la même instabilité, le même dégoût du présent. »

Extraordinaire, cette allusion au délire immobilier (déjà vu chez Suétone ou Pétrone) qui a détruit le monde et son épargne :

« Nous entreprendrons alors de construire des maisons, d’en démolir d’autres, de reculer les rives de la mer, d’amener l’eau malgré les difficultés du terrain… »

Je laisse Mumford conclure.

« Le grand historien Mumford, parlant de ces grands rois de l’antiquité, parle d’une « paranoïa constructrice, émanant d’un pouvoir qui veut se montrer à la fois démon et dieu, destructeur et bâtisseur ».

Bibliographie

Bonnal – Les territoires protocolaires ; le livre noir de la décadence romaine ; les maîtres carrés

Debord – La société du spectacle

Kunstler – The long emergency

Mumford – La cité dans l’histoire (à découvrir absolument)

dimanche, 22 octobre 2017

Les peuples ne suivent pas toujours les civilisations dans la tombe

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Les peuples ne suivent pas toujours les civilisations dans la tombe

par Laurent Ozon

Synthèse de déclinologie inspirée par Thorstein Veblen, Joseph Tainter, Oswald Spengler et ... l'actualité.

Plus une société gagne en puissance, plus elle gagne en étendue, en nombre et doit accompagner cette évolution en se dotant d'institutions et d'infrastructures, d'idéologie et de moyens de contrôles, pour assurer la coexistence de ses parties. Dans un premier temps, l’accès à des ressources abondantes et peu chères (ressources issues de ses conquêtes et contrôlées par sa puissance militaire et technologique notamment), permet de ne pas faire peser le coût de cette complexification aux membres de la société. A ce stade, ce processus semble profitable à chacun. La société s’étend, procède à de nouvelles conquêtes, agrège ou soumet des populations de plus en plus différentes, et administre des territoires de plus en plus étendus. Le maintien des services publics (prise en charge des plus faibles, administration, éducation, puissance militaire, police intérieure, justice, etc.), dans une société étendue, hétérogène et complexe pèse de plus en plus lourd.

A mesure de l'accroissement de puissance et de l'augmentation de l'étendue des territoires et des populations à administrer, si la société ne trouve pas d’accès à de nouvelles ressources abondantes et à bas coûts (soit parce qu’elles sont épuisées, soit parce qu’elles sont inaccessibles), un mécanisme de dégradation des services et des avantages fournis par l’Etat et une augmentation de la pression fiscale se met en place. Logiquement, il faut faire peser sur le corps social et ses actifs les coûts de fonctionnement d'une société qui a changé de nature et est devenue progressivement et structurellement déficitaire.

Cette augmentation de la pression économique par la diminution progressive des mannes des conquêtes, des énergies facilement accessibles à bas coûts (or, esclavage, pétrole, dette, etc.) et par l'augmentation des coûts de fonctionnement de la complexité sociale, entraîne la hausse des revendications corporatistes et suscite de plus en plus de comportements individualistes et asociaux. En réaction, le cœur du pouvoir renforce ses moyens de coercition, d’éducation ou de contrôle (armées, éducation, propagande) pour maintenir le "vivre-tous-ensemble", mater les révoltes fiscales et territoriales etc.  Ces efforts génèrent alors des coûts de fonctionnement supplémentaires qui pèsent à nouveau sur ses membres. Simultanément, les institutions encouragent l’hyper-sociabilité pour renforcer leur cohésion. Elles s'attaquent à leurs "alphas" pour assurer leur pacification interne de plus en plus menacée. Ce processus de domestication, assuré par des institutions de plus en plus maternantes et, de fait, de plus en plus liberticides, devient indispensable au fur et à mesure de la perte de cohésion ethno-culturelle.

L’État pratique alors une politique de population, visant à brasser, défaire ses parties encore différenciées pour prévenir les menaces sécessionnistes et garantir la cohésion et l’homogénéité de l'ensemble politique. C'est souvent à ce stade que les institutions, prélèvent dans des populations extérieures les ressources de travail ou les troupes de combat qu'elles ne peuvent plus constituer à l'intérieur en toute confiance, du fait de la progression de la communautarisation. Comme l’écrivait Michel Drac, "Les déplacements de population sont, depuis des millénaires, une stratégie des cœurs impériaux pour fragiliser leur périphérie. Il accompagne cette politique d'un éventail de justifications idéologico-religieuses pour promouvoir cet objectif et les intérêts de ses élites par une redéfinition des critères d'attribution de la citoyenneté ou de l'exercice des fonctions institutionnelles.

A un certain stade, des composantes de plus en plus nombreuses de la société n’ont plus intérêt à se maintenir dans l’organisation (pertes de liberté, pression fiscale, etc.) et aspirent à recouvrer leur autonomie dans des ensembles qu'elles espèrent plus homogènes, plus efficaces et plus conformes à leurs aspirations culturelles ou religieuses. L’État n’assure plus correctement ses missions régaliennes et perd progressivement le contrôle de la situation tout en tentant de maintenir à flot un système devenu structurellement déficitaire et en jouant sur la monnaie et la dette (dévaluation, dilution métallique, etc.). Un phénomène de dislocation lente se met alors en place (pertes de compétences, dégradation des infrastructures, perte d’autorité des institutions, etc.). Ayant fait la chasse aux « alphas » (pour renforcer l’obéissance sociale et le vivre-tous-ensemble) et aux normes fondatrices qui les ont fait naître, les sociétés complexes perdent progressivement leurs défenses immunitaires (préjugés vitaux communs) et s'effritent par l’incapacité à maintenir leur cohésion interne et leur capacité à faire face aux rapports de forces internes et externes.

L’État et les institutions chargées de la cohésion sociale et politique sont impossibles à réformer, faute d’une unité de vue et d’intérêts communs dans un espace politique perçu comme artificiel et en sursis, peuplé de groupes humains aux intérêts disparates. La société finit alors par se disloquer lentement en blocs qui cherchent à refonder leur cohésion plus ou moins affectée par des siècles de biopolitique. Bientôt, de nouveaux stress (guerres, famines, épidémies, invasions, révolutions technologiques, etc.) produiront de nouvelles réponses et de nouvelles alliances. L’apparition d’un nouvel ensemble reprenant les attributs de la puissance et de l’ordre engagera alors de nouvelles synergies historiques.

La France, épuisée, s'est fondue à la fin de la dernière guerre mondiale, dans un ordre politique suscité par une nouvelle puissance impériale : les Etats-Unis. Elle s’est occidentalisée, abandonnant son Empire pour devenir elle-même une banlieue militaire et culturelle du système occidental.

Certains ont voulu voir dans la construction européenne une façon de construire la paix et d’assurer la puissance des nations européennes, exsangues du fait de leurs rivalités. En vain. Quelles que soient les aspirations contradictoires des artisans de la construction de l’Union Européenne, celle-ci elle a été sabotée puis annexée par l’État profond occidental et titube sous les coups de l’affaiblissement de son empire.

"Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles" grondait Paul Valery au lendemain d'une guerre qui marqua la fin d'un monde. Pourtant, l'histoire nous l'a montré, les peuples survivent souvent aux civilisations, pour peu que l'on ne les définisse pas comme des sociétaires mais comme des substances historiques et sensibles. Entre déconstruction, communautarisation, dé-compétence et apparition de nouvelles communautés politiques activées par les éternels stress historiques (territoire, ressources, reproduction), "rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Les peuples ne suivent pas toujours les civilisations dans la tombe.

mardi, 05 septembre 2017

La stratégie du chaos et de la tension…

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La stratégie du chaos et de la tension…

Dominique Baettig
Médecin, Ancien Conseiller national
 

Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Savoir s’informer, savoir accéder à des informations alternatives, se réinformer donc est vital pour garder une capacité d’analyse et d’action. Ne se fonder que sur les medias dominants, la pensée unique libérale et des valeurs de la gauche bobo est risqué. Et l’on sait que la plupart des citoyens, y compris les militants politiques critiques sont biberonnés en permanence à l’idéologie désincarnée du libéralisme individualiste et de la non-discrimination systématique absurde. Tout est à déconstruire, tout est motif à arranger la réalité, bidouiller l’Histoire, écrire un nouveau roman historique et social qui veut gommer le passé, culpabiliser. Ceux qui pensent qu’il ne faut que s’occuper de l’Economie, du Marché, du développement économique se trompent lourdement. Il faut se préoccuper du fonctionnement de la Gouvernance, être vigilant et attentif face au Système Big Brother, ne pas déléguer trop du pouvoir aux politiciens de la fausse Démocratie représentative mais garder sa capacité de dire non, de résister, de cultiver l’autonomie critique, le droit de se construire une opinion indépendante, de ne pas se laisser formater par la propagande médiatique unique. Lire « 1984 » d’Orwell et « Le meilleur des Mondes » d’Aldous Huxley sont des antidotes incontournables. Le descriptif est hallucinant quant à la justesse de l’anticipation d’un monde totalitaire qui est devenu réel : société de guerre permanente, contrôle des pensées et des individus, incitation à la haine d’ennemis fantasmés ( redoutés et diabolisés), stratification hiérarchique de la société, disparition de la sexualité et des différences, usage de drogues permettant de supporter le Réel, détestation de la Nature au bénéfice du Profit et de l’Utopie indifférenciée et de la dictature des droits individuels.

Le descriptif des mécanismes de fonctionnement du Système mondialisé ne suffit malheureusement pas. La construction de la résistance, individuelle et collective est à écrire. Comment se mêler de la politique, contre-balancer le Pouvoir et sa propagande, se donner les moyens de l’indépendance et de l’autonomie ?

Une stratégie de la tension et  la guerre asymétrique

La stratégie de la tension migratoire, amplifiée depuis la guerre d’ingérence en Syrie est à analyser sur le plan géopolitique, du conditionnement négatif de l’opinion (impuissance acquise) et d’une tactique asymétrique qui interdit toute résistance et critique, immédiatement estampillée comme « raciste ».Les partisans sophistiqués de l’Etat de Droit juridique sont impuissants face à des vagues de victimes agressives et harcelantes, sûres de leur bon droit, appuyées par des supplétifs qui les appuient au niveau financier et illégal.

Un ouvrage très bien documenté mérite la lecture. « La huitième plaie », éditée en 2016 et rédigé par Stratediplo, donc on nous dit qu’il est de formation militaire, financière et diplomatique, est assez décourageant dans sa description de l’imposition de plus de deux millions de migrants illégaux en 2015. Son éclairage porte surtout sur le rôle de l’islamisme politique (Turquie, Arabie saoudite) et financier (Qatar) dans la subversion des régimes arabes laïques. Le renversement de Kadhafi, catastrophique dans ses conséquences de disparition de l’Etat, remplacé par des milices islamistes et des trafiquants d’esclaves, fait partie du forcement des portes d’entrées de l’Europe. Fort heureusement, la même opération en Syrie n’a pas pu être menée à terme. Même si l’exode d’une partie de la population a servi à déstabiliser le Liban et a été rentabilisé par la Turquie qui se fait « payer trois milliards d’euros  par an» pour finalement exporter non seulement des syriens vers l’Allemagne, mais aussi le flot qui vient d’Afghanistan, d’Irak, d’Erythrée, d’Afrique subsaharienne. L’on sait que la majorité sont des hommes seuls, qu’il n’y avait finalement que 20% de syriens (dont 30% ont des « vrais passeports »).On a assisté à un renversement complet, unilatéral et décrété par la Mère mondialiste Merkel, des accords de Dublin avec la garantie que 800'000 migrants seraient acceptés en Allemagne, appel d’air et déstabilisation des pays de transit débordés. Pauvre Grèce, envahie par les sauterelles, alors qu’elle est déjà saignée par les banques centrales et l’Union européenne. Etranges financements qui tombent du ciel, arrivée de mandats pour les migrants, dotés de téléphones avec application permettant de contourner les contrôles aux frontières, rupture de masse lorsqu’il est possible de passer en force (comme à Ceuta). Aide à la désobéissance et incitation aux incivilités « légitimes » par les no-borders, perce-frontières agressifs et autres « Antifa » qui ne sont pas condamnés puisque leurs motifs sont « humanitaires et désintéressés ».

Sans oublier la complaisance des Autorités politiques européennes sous Diktat germano-français, appliquant les directives de l’Onu sur le Droit à migrer et à s’installer où l’on veut . Surtout où il y a des  femmes faciles et libres  et des prestations sociales généreuses. Une véritable campagne de publicité mensongère leur a fait croire à une Terre promise, que le Vivre Ensemble était une bénédiction indispensable pour que les européens puissent toucher leurs retraites et enfin s’ouvrir à la Rédemption christique inévitable par le Grand Remplacement et le rééquilibrage inéquitable de la mondialisation. Toute critique ou réticence est le problème principal pour les autorités qui sévissent avec détermination, alors qu’on ferme les yeux sur les problèmes  massifs qui vont arriver ( financements supplémentaires, révolte des autochtones dépossédés et priés de se serrer, arrivage massif de maladies lourdes  et non  triables ( tuberculose résistante, paludisme, hépatite) alors qu’on fait vacciner en masse pour des maladies futiles comme la grippe.

Condamnés à voir la déferlante s’installer sans frein légal ou politique efficace, avec la perspective du regroupement familial inéluctable (prévision : 1 arrivant illégal attirera 10 proches de la famille, en étant optimiste ?), les citoyens se voient dépossédés de leur propriété privée, condamnés à se serrer la ceinture par repentance et seront agressés par les Talibans sectaires et violents que sont les supplétifs antifas du Système en cas de réticence. On ne parle plus d’immigrés  économiques qui viennent travailler, de réfugiés transitoires, de clandestins illégaux, mais uniquement de migrants qui font valoir leur droit incontestable à venir s’installer sans limites et règles légales. Il est évident que cette masse ne répondra pas aux besoins de main-d’œuvre spécialisée, ni de remplissement des caisses de retraite. Le chômage est élevé, la robotisation et le numérique créent des emplois surtout à temps partiel, A qui sert la vague migrante. A la déstabilisation politique, à la création de sentiment d’impuissance d’abord, puis de colère qui justifiera  la répression et le contrôle de l’opposition. C’est une arme de destruction et de déstabilisation, dont l’islamisme politique et économique se sert également de manière opportuniste, en plus du business du trafic d’êtres humains de diverses mafias qui prolifèrent dans le non-Droit et la faillite des Etats Nations.

Une religion totalitaire et intolérante, plus dangereuse que l’Islam

Un autre livre indispensable est celui de Mathieu Bock-Côté ( Boréal, 2017), Le Nouveau Régime. Essais sur les enjeux démocratiques actuels. Les concepts de multiculturalisme de Droit Divin, d’étouffement des passions politiques, de Parti immigrationiste et de Désincarnation du Monde sont passionnants et éclairants. En fait, le multiculturalisme/ antiracisme est une religion, totalitaire, sûre d’elle-même et dominatrice, qui renvoie ses critiques dans l’Enfer de la diabolisation, de la psychiatrisation, de la mort sociale des espèces qui doivent renoncer à penser les différences. Le meilleur des Mondes orwellien, avec ses terroristes moralistes, ses inquisiteurs antifas, dénonciateurs, guetteurs vigilants sur les medias sociaux. Plus que jamais, il faut exiger la séparation des pouvoirs, la séparation des religions et de l’Etat, dont le multiculturalisme et l’antiracisme et revendiquer le Droit à la libre expression, à la libre croyance, à la diversité des opinions et des racines qu’il faut cultiver contre l’Utopie totalitaire de l’uniformisation.

Dominique Baettig, 3.9.2017

mercredi, 02 août 2017

Esprit et pratique de résistance

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Esprit et pratique de résistance

Dominique Baettig
Médecin, Ancien Conseiller national
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Les espoirs suscités par des événements politiques électoraux (Brexit, retour à la promotion des intérêts économiques américains avec Trump, poussée de partis eurocritiques et souverainistes) ont laissé place à un certain désenchantement. Trump est englué par la capacité de nuisance de la classe politique et de « l’Etat Profond, néoconservateur, impérialiste, appuyé par les lobbies militaro-industriels et l’oligarchie financière globaliste ». Le lynchage médiatique permanent et outrancier, qui devient presque ridicule, des medias  en sont le relais. Le Brexit n’avance guère mais on voit bien que pour les conservateurs anglais, qui accumulent revers sur bourdes, l’essentiel est de faire croire qu’ils avanceront sur un dossier interminable dont la classe politique européenne, soumise à des forces centripètes , antifédéralistes et anti souverainistes, ne veut rien entendre. Quant à la France, un putsch médiatico-politique a imposé un candidat surgi de nulle part, fils spirituel du président Hollande failli, qui s’appuie sur une majorité improbable d’amateurs et de bobos béats mais qui vont donner les pleins pouvoirs  à l’américano-européen Macron, dont le Moi est aussi gonflé que l’agité Sarkozy.

L’opposition, Le Pen, Dupont-Aignan, Mélenchon ont été rendus inaudibles et marginalisés au Parlement, ce qui est de mauvaise augure pour la démocratie citoyenne et de proximité. Marine Le Pen a tout fait pour se couler dans le moule du politiquement correct, avoir accès aux medias, quitte à purger son mouvement des militants de conviction, mais elle s’est fait piéger et a servi d’épouvantail à pigeons. Elle  restera toujours « diabolique » pour le Système, sous l’influence de la gauche moraliste et de religion multiculturaliste totalitaire qui ne tolèrent que la pensée unique. Son désir de sortir de l’euro, légitime et souhaitable, a été utilisé comme un boomerang qui s’est retourné contre elle car  sa clientèle électorale naturelle  a craint pour ses retraites. Elle a laissé de côté la critique des flux migratoires imposés par ceux (les perce-frontières, l’économie globaliste, les redistributeurs de richesses clientélistes, les profiteurs de l’économie parallèle et criminelle) qui en tirent profit ou croient, les grands naïfs, en l’impact « christique » ou révolutionnaire, selon les goûts, de l’arrivée massive de migrants économiques.

La priorité est là. Rester autonome, garantir la souveraineté économique et agricole, contribuer à un modèle de décroissance raisonnable et antiglobaliste. Maintenir l’accès à des informations pluralistes, développer l’esprit critique, le droit à penser différemment sans se faire criminaliser ou psychiatriser. Tirer la prise de l’information en flux continu (amplifié par le numérique) qui modèle opinion et pensée, démotive, conditionne sans alternative.

La résistance au modèle de l’imposition migratoire inéluctable, où l’on fait croire à l’aspect « humanitaire ou rédempteur » du trafic d’esclaves moderne, l’obligation de laisser entrer et de répartir à partir du ventre mou de l’Union européenne (Grèce, Italie) est fondamentale. On ne réglera pas les problèmes écologiques en déplaçant des millions de personnes, on ne pourra pas aborder la décroissance si l’économie continue d’attirer forces de travail à concurrence déloyale, consommateurs ou futurs assistés, ou bénéficiaires de l’économie parallèle en masse, soit-disant pour sauver les retraites. L’Etat n’est plus souverain et ne défend plus les intérêts des autochtones ou des citoyens intégrés dans la communauté de destin. On peut voir à quel point le bateau européen identitaire, qui voulait mettre son nez dans les détails du trafic idéologique et économique de la migration imposée a dérangé. La priorité du Système et de ses pit-bulls, antifas d’opérette et journalistes qui mordent tout ce qui bouge en dehors de leur pensée unique, est d’empêcher une source d’information alternative qu’ils criminalisent en accusant, c’est un comble, de « fausse nouvelle ». Il faut s’organiser soi-même, créer des liens de solidarité, créer des structures de proximité autonomes, promouvoir les valeurs d’enracinement, de démocratie de proximité, du localisme. Voter pour les partis du Système ne suffira pas.

Dominique Baettig  ancien conseiller national, militant souverainiste

30.7.2017

Marx et Tocqueville face au Mordor anglo-saxon

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Marx et Tocqueville face au Mordor anglo-saxon

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

C’est l’été et avec lui les marronniers de l’été : la liste des milliardaires de la répugnante revue Forbes reprise par les perroquets caquetants. On apprend en même temps que 30% des Allemands font la queue pour décrocher un deuxième boulot. Il y a trente ans Louis Althusser disait dans une revue marxiste qui l’interviewait que la misère que l’exploitation plutôt avait été déplacée : voyez des images industrielles de Chine, du Bengladesh et du Mexique pour vous distraire. Par ailleurs, « cet heureux temps n’est plus », comme dit Racine, et on trouve aujourd’hui de bonnes vieilles usines de misère en Europe. Pas de parti communiste, pas de revendications salariales, etc. Le capital a gagné.

Voyons d’où nous venons.

Voyageur impénitent, anglophile renommé, Tocqueville décrit ainsi les horreurs de la modernité émergente :

« Quelques-unes de ces rues sont pavées, mais le plus grand nombre présente un terrain inégal et fangeux, dans lequel s'enfonce le pied du passant ou le char du voyageur. Des tas d'ordures, des débris d'édifices, des flaques d'eau dormantes et croupies se montrent çà et là le long de la demeure des habitants ou sur la surface bosselée et trouée des places publiques. Nulle part n'a passé le niveau du géomètre et le cordeau de l'arpenteur. »

Après il en devient lyrique, poétique, certainement plus que Hugo avec ses misérables ; car il suffit de voir, pas de jouer au voyant, au pochetron humanitaire :

« Mais qui pourrait décrire l'intérieur de ces quartiers placés à l'écart, réceptacles du vice et de la misère, et qui enveloppent et serrent de leurs hideux replis les vastes palais de l'industrie ? Sur un terrain plus bas que le niveau du fleuve et domine de toutes parts par d'immenses ateliers, s'étend un terrain marécageux, que des fosses fangeux tracas de loin en loin ne sauraient dessécher ni assainir. Là aboutissent de petites rues tortueuses et étroites, que bordent des maisons d'un seul étage, dont les carreaux brisés annoncent de loin comme le dernier asile que puisse occuper l'homme entre la misère et la mort. Cependant les êtres infortunés qui occupent ces réduits excitent encore l'envie de quelques-uns de leurs semblables. Au-dessous de leurs misérables demeures, se trouve une rangée de caves à laquelle conduit un corridor demi-souterrain. Dans chacun de ces lieux humides et repoussants sont entasses pêle-mêle douze ou quinze créatures humaines. »

On est dans le Dante de Gustave Doré et la civilisation industrielle étend son ombre, son « aventure satanique » (retrouvez mon texte sur Drieu La Rochelle) qui ne finira jamais :

« Levez la tête, et tout autour de cette place, vous verrez s'élever les immenses palais de l'industrie. Vous entendez le bruit des fourneaux, les sifflements de la vapeur. Ces vastes demeures empêchent l'air et la lumière de pénétrer dans les demeures humaines qu'elles dominent ; elles les enveloppent d'un perpétuel brouillard ; ici est l'esclave, là est le maître; là, les richesses de quelques-uns ; ici, la misère du plus grand nombre ; là, les forces organisées d'une multitude produisent, au profit d'un seul, ce que la société n'avait pas encore su donner.»

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C’est le Mordor au propre – au sale – et au figuré. Les troupes misérables sont innombrables et ont abandonné tout espérance, comme au début de la divine :

« Une épaisse et noire fumée couvre la cité. Le soleil paraît au travers comme un disque sans rayons. C'est au milieu de ce jour incomplet que s'agitent sans cesse 300.000 créatures humaines. »

De ce plomb on fait de l’or :

« C'est au milieu de ce cloaque infect que le plus grand fleuve de l'industrie humaine prend sa source et va féconder l'univers. De cet égout immonde, l'or pur s'écoule. C'est là que l'esprit humain se perfectionne et s'abrutit ; que la civilisation produit ses merveilles et que l'homme civilisé redevient presque sauvage. »

On fait de l’or de ces cloaques et de ce plomb parce que l’ordre nouveau britannique s’est établi et qu’il est fondé sur les « dark satanic mills » (on sait qu’elles ne sont pas littérales et contiennent une dimension anagogique, comme dit l’autre) et sur l’argent :

« L’argent est la vraie puissance. La richesse n’est donc pas devenue seulement en Angleterre un élément de considération, de plaisirs, de bonheur ; mais encore un élément, et on pourrait dire le seul élément du pouvoir, ce qui ne s’était jamais vu, à ce que je sache, chez aucune autre nation et dans aucun autre siècle. »

Les conséquences morales et planétaires de cette catastrophe :

« … toute l’âme humaine fut entraînée de ce côté. On a attribué à la richesse ce qui lui revient naturellement, et aussi ce qui ne lui revient pas… Dans tous les pays il semble malheureux de n’être pas riche. En Angleterre c’est un horrible malheur d’être pauvre. »

No comment, comme on dit aujourd’hui. Tout le monde rase les murs en redoutant de se faire remplacer par un robot.

Karl Marx écrivait quelques années après Tocqueville :

« De nos jours ces aspirations ont été de beaucoup dépassées, grâce à la concurrence cosmopolite... Il ne s'agit plus seulement de réduire les salaires anglais au niveau de ceux de l'Europe, mais de faire descendre, dans un avenir plus ou moins prochain, le niveau européen au niveau chinois. Voilà la perspective que M. Stapleton, membre du Parlement anglais, est venu dévoiler à ses électeurs dans une adresse sur le prix du travail dans l'avenir. « Si la Chine, dit-il, devient un grand pays manufacturier, je ne vois pas comment la population industrielle de l'Europe saurait soutenir la lutte sans descendre au niveau de ses concurrents. »

Ce qu’il y a de bien avec le capital, c’est qu’il ne se lasse jamais de frapper.

Sources

Tocqueville, Voyage en Angleterre, œuvres complètes, tome VIII, éditions Michel Lévy, 1865 (sur archive.org)

Marx – Le capital, livre I, section VI

Nicolas Bonnal – Comment les peuples sont devenus jetables (Amazon.fr)

lundi, 12 juin 2017

Comment nos peuples sont devenus jetables

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Comment nos peuples sont devenus jetables

 
On en revient toujours à Alien : expendable crew.

C’est la phrase du siècle, équipages et peuples sont jetables.

Or les peuples sous le régime de la mondialisation sont tous devenus jetables, quoique à des degrés divers. On expédie rapidement les Musulmans quand ils ne conviennent pas aux maîtres ; on attend paisiblement l’extinction démographique des Japonais ou des Chinois, on accélère le remplacement des vieux peuples de l’Europe ou de l’Amérique. La lente application de ce méli-mélo flamboyant impérial est cependant vieille de deux siècles.

Le capitalisme impérial a toujours voulu remplacer les peuples. La plantation (territoire-prototype mondialisé et déjà hyper-capitaliste, avec esclaves, bourreaux et contremaîtres) ayant exterminé les Indiens, on alla chercher les Noirs d’Afrique. Pendant la révolution industrielle, on eut une seule fièvre : trouver de la main d’œuvre moins  chère. L’Irlandais, le Chinois, la femme et les enfants.

Car sinon le capital s’évanouit. Notre torture est son droit de l’homme.
Dans une lettre du 18 juin 1871 adressée à son ami Kugelmann, Marx écrit que…
Le citoyen Jung annonça que les menuisiers de Newcastle étaient en grève pour la journée de neuf heures et que les patrons avaient fait venir des ouvriers de Belgique et essayaient d’en recruter de nouveaux.
Il fut aussitôt décidé de se mettre en relation avec la Section belge en vue d’arrêter l’immigration d’ouvriers belges.
Ce texte m’avait été envoyé jadis par un lecteur communiste (ou ce qu’il en reste). Marx explique aussi qu’il faudra un beau jour remplacer le yankee par trois chinois.
Eh bien c’est fait. Et par des démocrates encore.
Trente ans plus tard le sociologue Edward Allsworth Ross souligne la dureté sociale des USA. On y revient. Le moyen pour le capital : accélérer le remplacement de la main d’œuvre par l’immigration est et sud-européenne.
Lisons-le dans un anglais simple :
« The Slavs and Magyars were introduced into Pennsylvania forty-odd years ago by mine-operators looking for more tractable miners. Agents were sent abroad to gather up labour, and frequently foreigners were brought in when a strike was on. Poles were introduced into South Cleveland in 1882 to replace strikers in the wire-mills. The meat-packing strike of 1904 in Chicago was broken with trainloads of Negroes, Italians and Greeks.”
 Toujours aussi gaiement Ross continue :
 “In 1887 a coal-dockers’ strike was broken with Magyars, and in 1904 striking boilermakers were replaced by Poles. The striking glass-workers in 1904 were beaten by the introduction of Slovaks, Italians, Poles and Magyars.”
Il conclut sur un travers qui n’a en rien changé : dans le monde du capital tout le monde se déteste.
« Barriers of speech, education, and religious faith split the people into unsympathetic, even hostile camps.”
Les immigrants étaient trompés dès l’Europe, comme les Joad plus tard (Steinbeck), par la propagande des ramasseurs et autres rabatteurs de pauvres (Daniel Boorstyn). La vie en Amérique a été déformée par les mauvais westerns et tout le reste. Lisons un peu Dostoïevski, qui remet les pendules à l’heure dans les Possédés :
« Eh bien, nous travaillâmes comme des nègres, nous souffrîmes le martyre ; à la fin, Kiriloff et moi n’y pûmes tenir, nous étions rendus, à bout de forces, malades. En nous réglant, l’entrepreneur nous retint une partie de notre salaire ; il nous devait trente dollars, je n’en reçus que huit et Kiriloff quinze ; on nous avait aussi battus plus d’une fois. Après cela, nous restâmes quatre mois sans travail dans une méchante petite ville ; Kiriloff et moi, nous couchions côte à côte, par terre, lui pensant à une chose et moi à une autre. »
La vie était chère en Amérique. Ce sont les fournisseurs qui ont fait fortune lors des Gold rush, pas le Charlot. Il vaut mieux escroquer le mineur que creuser soi-même. Dostoïevski poursuivait en ricanant :
« Que vous dirai-je ? Quand, pour un objet d’un kopek, on nous demandait un dollar, nous payions non seulement avec plaisir, mais même avec enthousiasme.
Nous admirions tout : le spiritisme, la loi de Lynch, les revolvers, les vagabonds…’
A partir de la Deuxième Guerre Mondiale, lors du triomphe mondial de l’américanisme, la situation se clarifie. Avant on mutilait ou on massacrait pour engranger, mais pas tout le monde. Aujourd’hui plus personne n’est hors d’atteinte du hachoir du capital et de sa technoscience. La présence de l’U.R.S.S. tempéra le processus (Stieglitz). Maintenant les chiens sont lâchés.

Je cite le peu recommandable Maurice Bardèche qui décrit le monde qui naît après 1945. Je déteste comme vous le fascisme, mais je trouve que ce normalien critique de Balzac décrivait bien les faits ici :
« La loi internationale s’installera d’autant mieux que la loi indigène n’aura plus de défenseurs… les Etats ne seront plus que les arrondissements administratifs d’un seul Empire. Et d’un bout à l’autre du monde, dans des villes parfaitement pareilles puisqu’elles auront été reconstruites après quelques bombardements, vivra sous des lois semblables une population bâtarde, race d’esclaves indéfinissable et morne, sans génie, sans instinct, sans voix. L’homme déshydraté régnera dans un monde hygiénique. D’immenses bazars résonnants de pick-up symboliseront cette race à prix unique. »

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La race à prix unique est une expression très juste. On ajuste, on liquéfie, on modélise, on homogénéise. Le chien de collection a droit à sa race, pas l’esclave du capital mondialisé.
Bardèche continue sur notre Metropolis :
« Des trottoirs roulants parcourront les rues. Ils transporteront chaque matin à leur travail d’esclave la longue file des hommes sans visage et ils les ramèneront le soir. Et ce sera la terre promise. Ils ne sauront plus, les usagers du trottoir roulant, qu’il y eut jadis une condition humaine. Ils ne sauront pas ce qu’étaient nos cités, quand elles étaient nos cités : pas plus que nous ne pouvons imaginer ce qu’étaient Gand ou Bruges au temps des échevins. »
On est loin de cette beauté pure et traditionnelle ; ou de l’Alhambra, ou du Taj Mahal. Ou de la cité interdite incendiée et pillée par les preux soldats français et anglais lors d’une deuxième guerre de l’opium destinée à enrichir Sassoon.
Le même capital qui martyrise ces peuples martyrisa nos peuples, les envoya à la guerre. Il ose incriminer le racisme européen après avec sa télé, pour accélérer notre disparition, et on n’y voit que du feu.
 
Bardèche décrit nos maîtres de Metropolis :
« Penchés sur des graphiques, ils canalisent les millions d’esclaves du trottoir roulant et ils fixent dans leur sagesse le nombre de chemises qu’il leur sera permis de s’acheter dans l’année et le chiffre des calories qui leur seront attribuées pour vivre. Et le travail des autres hommes circule et s’inscrit sur les murs de leur cabinet comme en ces panneaux aux tubulures transparentes sur lesquels courent sans arrêt diverses sèves colorées. Ils sont les machinistes de l’univers. »
Chateaubriand voyait la destruction des nations arriver à la fin de ses mémoires :
Quelle serait une société universelle qui n’aurait point de pays particulier, qui ne serait ni française, ni anglaise, ni allemande, ni espagnole, ni portugaise, ni italienne ? Ni russe, ni tartare, ni turque, ni persane, ni indienne, ni chinoise, ni américaine, ou plutôt qui serait à la fois toutes ces sociétés ? Qu’en résulterait-il pour ses mœurs, ses sciences, ses arts, sa poésie ? »
Il n’en résulterait pas grand-chose, et on le sait tous très bien. Pour parler comme notre Balzac, les peuples ne sont plus des œuvres, mais des produits.
Ne nous plaignons pas de vivre cette époque exaltante.
Nous sommes les premiers à assister à la liquidation en direct de toute l’humanité ; jamais une telle puissance d’anéantissement et d’abêtissement culturel n’a été ainsi mise en œuvre ; jamais les Néron n’auront été si puissants.
 
Bibliographie
  • Bardèche – Nuremberg, ou la terre promise
  • Balzac – Béatrix (ebooksgrauits.com)
  • Bonnal – Comment les Français sont morts ; chroniques sur la fin de l’histoire
  • Chateaubriand – Mémoire d’outre-tombe, conclusion
  • Dostoïevski – Les possédés, p. 160 (ebooksgratuits.com)
  • Karl Marx – Lettre à Kugelmann, 18 juin 1871 (marxists.org)
  • Edward Allsworth Ross – The old world in the new, chapter 9, pp.207-208, archive.org
Les livres de Nicolas Bonnal sont disponibles chez:
La bataille des champs patagoniques

samedi, 06 mai 2017

Paris, Frankrijk, en de Guillotine Permanente: haalde IS de mosterd bij Robespierre?

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Paris, Frankrijk, en de Guillotine Permanente: haalde IS de mosterd bij Robespierre?

Johan Sanctorum

Ex: https://visionairbelgie.wordpress.com 

Onvoorstelbaar hoeveel “Frankrijkkenners” de laatste dagen in de media zijn opgedoken, naar aanleiding van de presidentsverkiezingen waarvan de 1steronde zich morgen voltrekt. In Knack dook onlangs zowaar zelfs Koen Dillen op, zoon van VB-stichter Karel Dillen en auteur van een Mitterrand-biografie. Het expertendom neemt exponentieel toe met de nieuwswaarde van het onderwerp. Mij hebben ze nog niet gevraagd, niettegenstaande ik regelmatig de Bretoense kust bezoek en een goeie Bordeaux wel kan appreciëren.

Gisteren mocht ook DS-columniste Mia Doornaert, het tragisch geval van een 71-jarige barones die er wil uitzien als een 30-jarige airhostess, haar visie komen toelichten en reclame maken voor haar boek in … Het Nieuwsblad, de volks-simpele versie van De Standaard. Ze had het over vergane glorie, en neen, het ging niet over la Doornaert zelf maar over Frankrijk dus, ooit zelfverklaard uitvinder en exportland nummer 1 van de Verlichting, maar nu in diepe duisternis gehuld. Wat is er aan de hand?

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De Eredienst van het Opperwezen

Die Verlichtingslegendes, we gaan ze niet allemaal terug oprakelen: de heden plat geciteerde rebel/humanist Voltaire (die wel de slavernij verdedigde als het economisch opbracht voor Frankrijk), pedagoog J.J. Rousseau (die zijn eigen kinderen in het weeshuis achterliet), en natuurlijk Maximilien-Marie-Isidore de Robespierre niet te vergeten, de man die de 22ste Prairial van het jaar II (in onze kalender: 10 juni 1794) de Loi de la grande terreur instelde, een wet waarmee werkelijk elke zogezegde tegenstander van de revolutie zonder vorm van proces onder de guillotine kon belanden. Iedereen was verdacht en iedereen moest iedereen bespioneren, in naam van de Vrije Rede en de Macht van het Volk.

Minder bekend is dat Robespierre ook een nieuwe staatsgodsdienst invoerde, namelijk de Eredienst van het Opperwezen (le culte de l’Être suprême), waaraan elke burger tot zijn laatste vezel toegewijd moest zijn, ook weer op straffe van onthoofding. Doet het een belletje rinkelen?

Grote hypotheses worden nu door bovenvermelde experten naar voor gebracht, omtrent de reden waarom Frankrijk, en speciaal Parijs, zo geliefd is bij de IS-strategen om er Bataclan te maken. Zeker speelt het toeristisch aspect een rol, werk met ontspanning combineren, een reis naar Parijs blijft leuk en romantisch. Er is de Arc de Triomphe, het Louvre en de Pont des Arts, waar verliefden hun slotjes vastmaakten tot de brug in 2014 ernstige verzakkingsverschijnselen vertoonde. Zo’n brug kan je dan toch gelijk meteen opblazen. Anderen beweren dat het moslimfundamentalisme Parijs uitkiest als vermaledijd symbool van de westerse goddeloosheid. Of een wraak voor de bombardementen op Syrië.

Maar er is nog een andere hypothese. Misschien is de Franse revolutie, de moeder van alle revoluties, ook wel de moeder van de Jihad-revolutie en de kalifaatdroom, en is die aanslag juist een eerbetoon aan de terreurperiode en zijn culte de l’Être suprême. Of waarom de IS-top misschien wel de mosterd bij Robespierre haalde, in navolging van Lenin, Trotzki, Stalin, Pol Pot en andere leiders die het groot zagen.

Het idee dat een staat een revolutionaire ideologie helemaal kan belichamen, in naam van de totale maakbaarheid, met de verplichte medewerking van alle intellectuelen, maakt ook het fameuze Verlichtingsidealisme tot een obscurant fenomeen waar in de limiet zelfs religieuze bewegingen zich op kunnen inspireren. Anders gezegd: het Verlichtingsideaal leidt in zijn pure vorm tot complete duisternis, te beginnen al met Dr. Guillotin die een machine ontwikkelde om politieke dissidenten op “menselijke wijze” te elimineren, zijnde de Guillotine Permanente.

Die kritiek is uiteraard niet nieuw. De filosofen Max Horkheimer (1895–1973) en Theodor W. Adorno (1903 – 1969) beschreven in hun “Dialektik der Aufklärung” al nauwgezet hoe het Westerse denken dacht de mensheid te bevrijden via de wetenschap en de ratio, terwijl het omgekeerde zich voltrok: een nieuwe, ongekende verknechting aan de permanente technologische revolutie, het wetenschappelijk positivisme, de totale objectivering en manipuleerbaarheid van alles en iedereen, bejaarden die in tehuizen tegen robotjes moeten spreken, enzovoort,- dat alles met medewerking van de massamedia en de ingebedde journalistiek. Het verschil tussen religieus fundamentalisme en extreem techno-materialisme, is maar een kwestie van punten en komma’s. Het onthoofdingsritueel hebben ze alvast gemeen, ook al respecteert de guillotine de Droits de l’Homme.

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French Cancan

Zo bekeken is Frankrijk, bakermat van de Revolutie, het achterlijkste land ter wereld, waar de achterlijkste religie ter wereld zich op fixeert. De implosie van het welbekende Franse chauvinisme tot de huidige j’en ai marre-mentaliteit (het kan me geen kloten meer bommen) en het feit dat de helft niet eens gaat stemmen, heeft veel te maken met dat besef: de republiek is, met haar politieke elites, weinig meer dan de travestie van het Ancien Régime en zijn despotisme.

En veel fundamenteler nog: heel de bevrijdingsideologie die toeterend de 18de eeuw afsloot, heeft twee eeuwen later het monster van het vrijemarktglobalisme gebaard, de totale onderhorigheid van het individu aan de Google’s en Monsanto’s van deze wereld. Zij hebben het politieke vrijheidsideaal, sowieso al een waanidee, helemaal ontledigd en getransformeerd tot onderwerping aan het Gouden Kalf van de vooruitgang. Dat alles, paradoxaal genoeg, gekoppeld aan een duizelingwekkende bureaucratie die het rationele universum doorlopend in goede banen moet leiden via duizenden wetten en wetjes waaraan alleen de hogepriesters van de culte de l’Être suprême ontsnappen.

IS is dus op het juiste adres, het is een beetje thuiskomen, in het zelfgewaande middelpunt van het universum, en Frankrijk wordt, zoals Houellebecq het voorspelt, dé plek waar de Europese sharia zijn intrede doet. Niet als antithese, maar als orgelpunt van de Franse Revolutie, als dat geen grap is.

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De nieuwe intellectuele vague in Parijs is, hoe kan het anders, die van het cynisme en het Titanic-orkest: we gaan naar de haaien, maar met stijl. Aanvoerder is een zekere Michel Onfray (1959), auteur van boeken met veelbetekenende titels als “Décadence”, waarin het einde van de Westerse cultuur wordt aangekondigd. Ik mag generatiegenoot Onfray wel, onder meer voor zijn zin voor humor (“Filosofen die niet kunnen lachen moeten we mijden als de pest”) en zijn anarchistische ingesteldheid.

Zijn boeken verkopen als zoete broodjes, er valt ook met de culturele malaise veel geld te verdienen. Maar het einde van Frankrijk is natuurlijk niet het einde van de wereld. Als de EU uiteenvalt dankzij de Le Pen aan de rechterkant of Mélenchon aan de linkerkant, zie ik best wel mogelijkheden om aan de loi de la grande terreur, zowel de westerse als de Arabische, te ontsnappen en een Europese Renaissance te zien oprijzen die zowel politiek als cultureel nieuwe bakens zet. Als we maar stoppen met alles en iedereen heel de tijd te willen verlichten, want het is net daardoor dat de energieschaarste toeslaat, de luchtkwaliteit zo slecht wordt en het ecofascisme weer zijn eigen versie van terreur verzint.

Ziezo, nu heb ik toch wel iedereen een veeg uit de pan gegeven en kunnen we met een gerust hart de French Cancan dansen waardoor we Décadence helemaal niet hoeven te lezen. Veel beter voor de bloedsomloop zolang we het hoofd niet verliezen. Of zoals het refrein gaat uit een strijdlied van 1793 “C’est la guillotine gaie, c’est la guilloti-ne”.

jeudi, 27 avril 2017

« Il est encore trop tôt... »

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« Il est encore trop tôt... »

par PENDRAGON

Ex: http://leheurasie.hautetfort.com 

« J'ai dit plus haut que tel était le sentiment profond de ses soldats. Quand ces pauvres gens mourraient en criant : « Vive l’Empereur ! » ils croyaient vraiment mourir pour la France et ils ne se trompaient pas. Ils mourraient tout à fait pour la France, ils donnaient leur vie comme cela ne s'était jamais fait, non pour un territoire géographique, mais pour un Chef adoré qui était à leurs yeux la Patrie même, la patrie indélimitée, illimitée, resplendissante, sublime autant que la grande vallée des cieux et de laquelle aucun savant n'aurait pu leur désigner les frontières. C'était l'Inde et c'était l'immense Asie, l'Orient après l'Occident, le Globe vraiment de l'Empire universel dans les serres terribles de l'Oiseau romain domestiqué par leur Empereur, et leur Empereur, c'était la France, - équivoque, énigmatique, indiscernable avant son apparition – désormais précise dans sa majestée, irradiante et claire comme le jour, la jeune France de Dieu, la France du bon pain et du bon vin, la France de la gloire, de l'immolation, de la générosité héroïque, de la grandeur sans mesure, de toutes les litanies du cœur et de la pensée !

Stat Crux dum volvitur orbis. C'était bien cela. » Léon Bloy, L'Âme de Napoléon, II Les autres âmes, Le globe, p.71, aux éditions Tel Gallimard 

Patience! 

Heureux comme Dieu en France, en ce jour de Soleil invaincu, les français se sont rendus aux urnes funéraires de la social-démocratie. Propagez la bonne nouvelle !

«  Que ma prière devant toi s'élève comme un encens  » (Psaume 140)

Nous autres, impériaux, nous encourageons les nôtres à ne pas se résigner. Nous nous garderons de donner consigne là où il n'y a qu'un choix ; décisif ? Ainsi que me l'a justement rappelé un homme debout : « Il est encore trop tôt... »

Notre seule consigne est de dire à nos camarades néo-nationalistes et néo-souverainistes que nous les attendons d'ors et déjà devant le bûché des « populismes », des populismes du statu-quo et de la Défaite, des « pures frimes » et des vanités, qu'avec joie, nous leur laisserons allumer. De ces cendres renaîtra une certaine idée de l'Empire et de la Souveraineté.

L'impérialisme atlantiste n'aura d'ennemi qu'un empire grand européen ; l'Empire eurasiatique de la Fin.

L'Homme providentiel, impérial et eurasiste, marial et Grand-Gaulliste, présent en nos cœurs sauvages, ne sera pas l'homme d'une élection démocratique mais d'un contexte géopolitique qui vient. Contexte géopolitique qui provoquera miraculeusement la réunification des deux Églises sous le sceau de Marie, où est-ce la réunification des deux Églises qui provoquera un contexte favorable ?

D'élections en déceptions, avec toutes les critiques émises et que nous acceptons d'entendre sur la Nouvelle Russie de Vladimir Poutine, notre orientation vers l'Est reste la seule orientation possible, notre seule option géopolitique, pour parler de façon pragmatique.

Nous avons l'exemple de Donald Trump lui-même empêché par l'état-profond atlantiste. Il ne s'agit pas de nier ou sous-estimer l'existence d'une certaine « vague populiste » en mouvement dans le monde occidental, et de ce qu'elle contient, mais nous trouvons le terme populiste vague et imprécis, sans orientation. Ce que nous traduisons nous comme le fait qu'une partie du monde occidental redresse la tête (mais sans encore savoir où regarder), nous le célébrons, mais pour nous, restreindre ce fait à un vague populisme est le limité, et, en cette période électorale, nous voyons de quelles limites nous parlons.

Derrière ce théâtre d'ombres au centre de la Nuit, c'est avec une patience exaltée, une immobile impatience, que nous attendons les nôtres.

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Le Grand Commencement

De notre point de vue, le faible résultat de Marine Le Pen démontre deux choses, premièrement, l'inefficacité de la Dissidence et de sa métapolitique de la réinformation sur les réseaux sociaux qui, après une quinzaine d'année, ne trouve aucune traduction dans les urnes, deuxièmement, l'inanité de la doctrine néo-souverainiste, de la « dédiabolisation », et des néo-nationalismes de réaction, l'heure est au bilan.

L'éclatement du paysage politique français n'est pas une mauvaise affaire pour qu'émergent les véritables clivages et que se recompose un paysage politique sur de nouvelles bases.

Il n'y a pas de « pouvoir » à prendre, ni en France ni même en Europe. Il ne faut pas spécialement souhaiter cette victoire là au Front National dont la défaite va lui permettre lui aussi de se recomposer. Nous en comprendrons davantage après les législatives qu'après le deuxième tour. Macron va achever la République, tout devient possible.

Notre problème ce sont les vieux et les jeunes vieux – les soixante-huitards mentaux – qui ont voté Macron et qui vont encore nous coller un moment, cela dit, pour ne pas complètement dénigrer les stratégies de la réinformation et de la dédiabolisation, nous pensons que de nombreux « réinformés » sont jeunes et n'avaient pas le droit de vote en 2017 qu'ils auront en 2022.

Nous pensons qu'une sorte de Casa Pound « à la française », qu'une Maison Bloy, est désormais possible, et que, pour dépasser tous les clivages politiciens inutiles, c'est-à-dire pour être une avant-garde opérative, ce mouvement ou ce parti politique devra dépasser certes le clivage gauche/droite mais également la position du ni gauche/ni droite, devra dépasser le clivage interne nationalisme/souverainisme, et devra même surpasser le clivage pro UE/eurosceptique. En effet, nous voyons que la question de l'Union Européenne et de l'Europe est mal posée et par les pro UE et par les eurosceptiques qu'ils soient néo-nationaux ou néo-souverainistes, c'est pour nous la grande leçon de ces élections, le néo-souverainisme eurosceptique a échoué ainsi que le néo-nationalisme à sa remorque sur cette question. Pour être synthétique, les intérêts souverainistes et nationalistes se déplacent vers une option à la fois Grand Continental et « pérennialiste » – ce qui ne convient pas exactement, l'on pourrait parler de « primordialisme » pour ne pas contourner l'importance du caractère national dans les hiérarchies et les subsidiarités d'une construction impériale et par là rassurer les nationaux-souverainistes, mais nous cherchons davantage à signifier le caractère mystique et finalement prophétique plutôt que romantique et finalement moderniste de notre vision supranational de la Nation, ce que nous cherchons précisément c'est d'imprimer un caractère traditionaliste et spirituel à notre notion grand-continentale et impériale. « Spiritualiste » ne convient pas plus, désignant un mouvement philosophique précis, la référence au pérennialisme guénonien et évolien nous semble à défaut la plus claire pour donner un caractère à notre personnage grand continental et son avant-garde toujours déjà présente.

Ce que vont, par exemple, permettre ces élections, c'est d'engager une véritable critique de la démocratie en son principe – du régime démocratique à l'échelle national, nous croyons à une représentation démocratique naturelle à l'échelle des communes (l'assemblée), à l'échelle locale, mais pas au-delà – et non une critique souverainiste de la vraie-fausse démocratie qui demande plus de démocratie, une « autre » démocratie, ce qui est, ce qui était, tout à fait antirévolutionnaire et antitraditionnaliste dans tous les sens du terme. Cela peut se décliner pour la république, son laïcisme, l'égalitarisme, etc... Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur ce que révèlent ces élections, mais nous avons décidé de faire court et pensons avoir dit l'essentiel à nos yeux.

« Il est encore trop tôt pour que se lève le conflit définitif, celui qui réglera tout car il touchera au nœud du problème, et qui n'aura pas lieu entre droite et gauche (évidemment), ni entre patriotes et mondialistes (ce que pense Soral), mais entre nationalistes (de gauche comme de droite) et impérialistes. L'histoire du monde montre que la naissance des nations s'est faite avec celle de la modernité. L'effondrement des empires - ET DONC des spiritualités authentiques - est le corollaire de ce mouvement historique. Il n'y avait que 80 pays en 1920, et aujourd'hui plus de 200 ! » Un homme debout!

Vive l'Empire ! 

Pendragon

mardi, 27 décembre 2016

VIOLENCE ET MEILLEUR DES MONDES

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VIOLENCE ET MEILLEUR DES MONDES

Claude Bourrinet

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com 

Les chafouins qui nous gouvernent, voyant qu'ils ne pouvaient légiférer sur la fessée, s'avisèrent qu'il était urgent, avant de plier bagage, d'enrober le tout, petit cul et main vindicative, dans une loi plus large, la loi « Égalité et Citoyenneté » visant à empêcher « tout traitement cruel, dégradant ou humiliant, y compris tout recours aux violences corporelles. » Cette mesure, qui cible particulièrement les parents, a l'ambition grotesque et démesurée de lutter contre la délinquance et le terrorisme, et de faire baisser le taux de suicide, la consommation d'alcool et de drogue, la violence faite aux femmes, les placements en foyers etc. Bref, on a trouvé le Graal, qui va nous propulser dans l'empyrée mortifiant du Brave New World, si bien décrit par l'un des sujets les plus perspicaces de sa Gracieuse Majesté, Aldous Huxley. Bien évidemment, un cortège de spécialistes de la chose humaine accompagne, comme des poissons pilotes, les lois sociétales qui se penchent sur la société, comme Diafoirus sur son malheureux patient. Le législateur gère, dorénavant, un hôpital peuplé de souffrants, qu'il faut guérir, malgré eux, quand bien même ils croiraient aller bien. « Les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent ! », assène Knock.

Quant à savoir si les souffrances engendrées par le chômage, la solitude, si la publicité agressive, l'arraisonnement de l'humain par la marchandise, les spectacles audiovisuels abêtissants, ne sont pas plus générateurs de déséquilibres mentaux, c'est un point de vue qui n'a pas l'air d'avoir effleuré les intelligences réductrices de nos moralisateurs hystériques.

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Une entreprise totalitaire

La contre-utopie de Huxley dénonçait cette dérive totalitaire. A vouloir guérir tous les maux de l'humanité, on produit un troupeaux d'être indifférenciés, mus par des stimuli régressifs, infantilisés, matérialistes et sans âme, devant lesquels le « Sauvage », héritier de la grandeur humaine, de sa complexité, n'a plus qu'à se suicider, comme un fou qu'il est.

On doit, encore et toujours, insister sur ce point, qui est peut-être plus important que les questions migratoires, les crises économiques ou l'effondrement social. Ou, plutôt, ces problèmes constituent le corollaire d'un phénomène autrement plus redoutable, clairement analysé dans l'essai fondamental de Peter Sloterdijk, paru en 2000, Règles pour le parc humain. Il y présente l'humanisme comme une tentative « érudite » de juguler, par les œuvres et la discipline sociale et culturelle, les tentations bestiales inhérentes à l'homme (sans vouloir les éliminer). Cette entreprise, comme l'avait noté Platon dans Le Politique, est une sorte de domestication de l'homme. Le chef d'Etat est donc un éleveur. Cependant, la fin de la haute culture, la mise au placard du grand art et de la littérature, livrent l'humain à la technique sans garde-fous, à la tentation faustienne de régler le problème en assainissant, dans ses fondations, la question humaine.

Or, celle-ci, comme nous le montre la tragédie, est insoluble. Oedipe se crève les yeux parce qu'il n'a pas su voir en face la cruauté des dieux, qui se rient de la fourmilière humaine, de ses affres et de ses prétentions. Dans toutes les grandes créations imaginaires du passé, la part sombre, la part maudite, a été le plus puissant catalyseur de l'énergie artistique, et, par conséquent, de la grandeur de l'homme. D'Eschyle à Shakespeare, de Homère à Dostoïevski, de Michel Ange à Van Gogh, le génie s'est débattu dans ses toiles d'araignées, et ses déchirures maculées de sang et de larmes ont ouvert nos yeux sur l'intimité de notre être. Que serait devenu Stendhal s'il n'avait été persécuté par son père ? L'ennui, la médiocrité, la bêtise, sont tapissés de bonnes intentions. Montaigne, à la suite d'Erasme, mais de façon moins ironique, disait que les passions, les instinct considérés comme glorieux ou inavoués, sont comme le souffle du vent qui gonfle les voiles du navire. Enlevez la part sauvage qui est en nous, en croyant nous rendre plus proprets, plus acceptables, plus sociables, vous briserez les ressorts qui nous font agir. Et qui sait ce qui meut un homme?

Les régimes totalitaires, en général, ont (pour parodier notre bon vieux Sully) deux mamelles : l'Egalité et la Bonté (entendez : l'absence de « méchanceté »). Or, il est bien un lieu, sur cette terre, qui a l'heur d'accoupler ces deux vertus : le cimetière.

mardi, 13 décembre 2016

Une révolte de légionnaires racontée par Tacite

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Une révolte de légionnaires racontée par Tacite

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org 

Les romanichels et les stars veulent plus de réfugiés ? Les stars hollywoodiennes votent pour Hillary ? Les stars ne veulent pas de Trump ? Nos acteurs subventionnés ont honte d’être français ?

Petite explication.

Tacite l’admirable… Voici comment il nous dépeint une agitation politique, celle des légionnaires, si proches, finalement, d’une révolte des étudiants, d’un printemps arabe, d’une péripétie mondaine. On devine l’importance du théâtre et du spectacle comme facteur de subversion et de manipulation des sociétés ; ce qu’ont rappelé Jean Chrysostome ou saint Basile dans leurs sermons.

C’est dans le livre 1 des Annales, chapitre XVI et XVII, qu’on a mal lu (et traduit) à l’école… Nous sommes sous Tibère.

« Telle était à Rome la situation des affaires, quand l’esprit de révolte s’empara des légions de Pannonie ; révolte sans motif, si ce n’est le changement de prince, qui leur montrait la carrière ouverte au désordre et des récompenses à gagner dans une guerre civile. »

Le printemps légionnaire va éclater. Il vient de l’inactivité et de l’oisiveté, si propices à déclencher des troubles. La mutinerie débute comme une fable d’Esope. Et là intervient un acteur. On sait le rôle que jouent les acteurs dans les révolutions (Couthon, Collot en France), le rôle subversif du théâtre et du spectacle moderne.

« Il y avait dans le camp un certain Percennius, autrefois chef d’entreprises théâtrales (dux olim theatralium operarum), depuis simple soldat (dein gregarius miles), parleur audacieux (procax lingua), et instruit, parmi les cabales des histrions, à former des intrigues (et miscere coetus histrionali studio doctus). Comme il voyait ces esprits simples en peine de ce que serait après Auguste la condition des gens de guerre, il les ébranlait peu à peu dans des entretiens nocturnes ; ou bien, sur le soir, lorsque les hommes tranquilles étaient retirés, il assemblait autour de lui tous les pervers ».

Percennius reprend les poncifs des révolutionnaires de toutes les époques, ceux qui remplacent un ordre ancien par un désordre nouveau. Plus question d’obéir :

« Enfin lorsqu’il se fut associé de nouveaux artisans de sédition, prenant le ton d’un général qui harangue, il demandait aux soldats "pourquoi ils obéissaient en esclaves à un petit nombre de centurions, à un petit nombre de tribuns. Quand donc oseraient-ils réclamer du soulagement, s’ils n’essayaient, avec un prince nouveau et chancelant encore, les prières ou les armes ? »

Tacite voit que dans une révolution tout repose sur une manipulation : les gens doivent être convaincus qu’ils sont malheureux. C’est à cette condition qu’ils sont prêts à tout risquer.

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Le style indirect, Tacite le manie de main de maître. Ce génie historien comprend avant les stratèges des propagandes et les agitateurs professionnels les méthodes de contagion mentale, comme disait Gustave Le Bon. Il écrit plus loin :

« Presque dans le même temps et pour les mêmes raisons, les légions de Germanie s’agitèrent plus violemment encore, étant en plus grand nombre… Quand on apprit la fin d’Auguste, une foule de gens du peuple, enrôlés depuis peu dans Rome, et qui en avaient apporté l’habitude de la licence et de la haine du travail, remplirent ces esprits grossiers de l’idée "que le temps était venu, pour les vieux soldats, d’obtenir un congé moins tardif, pour les jeunes d’exiger une plus forte paye, pour tous de demander du soulagement à leurs maux et de punir la cruauté des centurions."

Deux mille ans après le théâtre se met au service du bolchévisme révolutionnaire, sous la plume de la dame anglaisetraduite par Taine (Un séjour en France, uqac.ca) :

« Les drames produits au commencement de la révolution sont calculés, en général, pour corrompre les mœurs et le goût de la nation, et beaucoup d’entre eux sont écrits avec assez d’habileté pour atteindre leur but; mais ceux qui ont paru dans les deux dernières années sont si stupides et si dépravés, qu’il faut que ce goût et cette moralité aient été complètement atrophiés pour qu’ils aient été acceptés un seul instant.

La faute en est surtout au despotisme du gouvernement, qui a fait de la scène un pur engin politique et n’a admis à la représentation que des pièces qu’un homme honnête et intelligent n’aurait jamais consenti à écrire. Par là une foule d’écrivassiers, sans talent comme sans pudeur, sont devenus les directeurs exclusifs des amusements publics, et, si le bruit d’un théâtre constitue le succès, ils peuvent se flatter d’avoir mieux réussi que jamais Racine ou Molière. Si la pièce était trop immorale et trop ennuyeuse, on se garait de l’indignation publique en l’assaisonnant d’injures contre la monarchie et la religion ou d’une niche à l’adresse de M. Pitt. Un auditoire indigné ou impatient est trop heureux d’acheter une réputation de patriotisme en applaudissant des sottises qu’il trouve difficile à supporter. D’ailleurs le théâtre regorgeait d’espions, et il était dangereux de censurer une pièce révolutionnaire, si détestable qu’elle fût; peu de gens avaient le courage de critiquer un auteur patronné par les surintendants de la guillotine... »

Et notre spectacle dure et conditionne toujours, sous forme de films, proclamations, émissions (sic).

vendredi, 28 octobre 2016

Délit de sale Gaule...

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Délit de sale Gaule...

par Paul-Georges Sansonetti

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul-Georges Sansonetti, cueilli sur le site Nice Provence Info et consacré à la polémique autour de nos racines gauloises...

Spécialiste de littérature et de mythologie, Paul-Georges Sansonetti a été chargé de conférences à l’école pratique des Hautes-Etudes. Il est notamment l'auteur de Chevaliers et dragons (Porte Glaive, 1995).

Délit de sale Gaule

Suite à l’évocation de « nos ancêtres les  Gaulois » par Nicolas Sarkozy et au tollé provoqué par cette formule, jadis première phrase des manuels scolaires du cours élémentaire, je découvre, au hasard de la presse, un certain nombre de prises de position par des penseurs qui livrent au grand public leur état d’âme oscillant, comme l’aiguille d’une boussole affolée, entre indignation et peur panique. Parmi ces cacochymes, qu’il me soit permis de citer un certain François Noudelmann, philosophe de son état et professeur à Paris 8, qui dénonce, je cite, « le retour du mot “gaulois”… » considéré comme porteur d’une « charge discriminante » car il s’agit de « métonymies (…) censées identifier un peuple mais aussi des comportements et même des physionomies »(1). Ah oui ! Pas de doute, c’est fichtrement inquiétant des physionomies européennes !

Pour un peu on aurait le délit de « sale gueule de Gaulois » ou, mieux encore, « délit de sale Gaule ». Ce qui, on en conviendra, relève du racisme le plus viscéral de la part de gens pratiquant l’antiracisme alimentaire. Il fut un temps où Georges Moustaki avait la liberté de se vouloir, tout à la fois, « métèque », « juif errant » et « pâtre grec ». Trois appartenances qui, du reste, ne sont en rien péjoratives puisque, dans la démocratie de Périclès, « métèque » désignait quelqu’un d’étranger à la cité et que le « juif errant » est un personnage mythique repris par l’écrivain populaire, natif de La Colle-sur-Loup, Eugène Sue (1804-1857)(2). Quant au bucolique « pâtre grec », il vient tout droit de l’Antiquité.


Mais continuons notre sélection des allergiques à la Gaule devenue France. Pour François Jullien, philosophe, « l’identité culturelle n’existe pas ». Tiens, mais on nous assure pourtant que, partout dans le vaste monde, existent des peuples fiers de leur ethno-culture, surtout lorsqu’il s’agit des Papous ou des Kanaks (que, du reste, nous respectons et saluons en tant que peuples bien décidés à sauvegarder leurs origines).

Ça nous change des jeans et tee-shirts américains made in China. Ce personnage est encore autorisé à manifester son appartenance ethnique. Espérons que ce soit vraiment pour lui et les siens et non à destination des touristes.

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Il me faut également mentionner François Reynaert, auteur d’un bouquin dont le titre, « Nos Ancêtres les Gaulois et autres fadaises », résume la teneur (épargnant ainsi à votre serviteur le désir de le lire). L’auteur souhaite « forger une France diverse et métissée ».


Ah, le métissage ! Ça les titille tous ces accoucheurs de poncifs politiquement obligatoires.


Enfin, citons Madame la mairesse du bourg de Champtercier (près de Digne-les-Bains, Alpes de Haute Provence), qui plaide pour la venue d’une centaine de migrants (érythréens et soudanais fuyant, probablement, le conflit syrien) en argumentant  qu’« on n’est plus un village gaulois, c’est la mondialisation ! Et ça ne fait que commencer, ces migrations. Il faut qu’on soit “ouvert” » pour « accueillir les gens et “vivre ensemble” ».


Lui faisant écho, une certaine N.K.M., selon le Journal du Dimanche (édition du 23 octobre 2016), aurait lancé aux journalistes « Moi, j’en peux plus des Gaulois ». C’est clair ! La Gaule étant désormais confinée dans un passé rance, acceptons de bon cœur l’air frais du Grand Remplacement.

Se réclamer d’un héritage civilisationnel gaulois, c’est se référer à une appartenance historique et cette dernière option suffit à vous disqualifier aux yeux de l’establishment. Voix discordante, le comédien et écrivain à succès, Lorant Deutsch, dans un entretien accordé ce 16 octobre à Thomas Malher (du Point), n’hésite pas : « Évidemment que nous sommes des Gaulois ! », dit-il. Et ce, à partir du moment où Vercingétorix est la première grande figure du « roman national ».

En fait, pour une hétéroclite cohorte, dans laquelle se côtoient historiens, philosophes, sociologues, journaleux et, enfin, politiques, le passé de notre nation ne commence qu’en 1789. Empruntons au Provençal (puisque né à Marseille) Edmond Rostand pour déclarer « c’est un peu court… » : deux malheureux siècles, alors que la Gaule remonte à mille ans avant notre ère. Et là, ça coince dans les cervelles de l’anti-France à partir du moment où nul n’ignore l’existence des Gaulois (merci Astérix !). « Sale Gaulois » est, du reste, une insulte courante à destination des Français « de souche » (la formule est-elle encore autorisée ?) lancée par certains « jeunes » des quartiers (supposés) « défavorisés » et (parait-il) très « sensibles ». Car au grand dam des mixeurs de cultures, le monde gaulois fascine toujours.

1) D’abord parce qu’on le devine d’autant plus respectueux de l’environnement que plaines, montagnes, fleuves ou rivières formaient aux yeux des Celtes un sanctuaire immense(3). Charles Baudelaire s’en fait l’écho dans un poème commençant par ces mots :
« La nature est un temple où de vivants piliers (… )
L’homme y passe à travers des forêts de symboles ».
L’âme celte incite à une vision magico-religieuse (et non politico-mondialiste) de l’écologie. Je ne prendrai qu’un seul exemple, pour rester en Provence, avec la cité de Sisteron, l’antique Segustero, capitale des Segontii, et dont le nom renverrait aux notions de « force », de « victoire » et de « hauteur ». Devant un tel mont, point n’est besoin de construire une pyramide. On songe à la formule bien connue attribuée à un théologien : « Tout ce qui monte converge ».

2) Puis parce que la Gaule, comme tout territoire celtique, c’était aussi un ensemble de populations ethniquement homogènes. Nous l’avons dit dans un précédent article(4), le « dieu » (le principe) Toutatis gouverne la spécificité psycho-physiologique d’un groupe humain dès lors que ce nom, signifiant « père de la tribu » ou encore « père de la nation », sous-entend la transmission d’un patrimoine génomique.

3) Enfin de par le fait que l’art celte est étonnamment unitaire, ce qui signifie que, comme dans toute société traditionnelle, les créateurs se sont unanimement conformés à un corpus d’images bien précis et dans lequel s’impose une emblématique des plus élaborées. Ainsi, parmi les symboles récurrents, apparaît un tracé identique au Yin Yang de l’Extrême-Orient qui, comme chacun le sait, traduit le concept de deux forces soit antagonistes, soit complémentaires, mais englobées et mises en contact par une troisième, totalisante, que constitue le cercle.
Thèse, antithèse, synthèse, en quelque sorte, plus de deux millénaires avant la dialectique marxiste enseignée à présent à Sciences Po.
Autre symbole, le triskèle toujours présent dans l’iconographie bretonne.

gauleob_89c4fb_iu.jpgCe signe montre la dynamique du nombre trois. Les trois points qui entourent celui du centre (invariable milieu) permettent de tracer un triangle équilatéral. Simultanément, on les voit emportés dans le mouvement continu de doubles spirales métaphoriques de la force vitale universelle. Pareil ternaire c’est, au niveau humain, le père, la mère et l’enfant, constitutifs d’une famille, ou encore les trois générations nécessaires à la transmission du savoir. Symbole tournoyant, le triskèle sera repris par l’art gothique. Dans son livre intitulé « L’Art Gaulois », Jean Varagnac, ancien conservateur en chef du Musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, affirmait, preuves à l’appui, que le monde celtique s’était prolongé sous un vêtement spirituel chrétien durant tout le Moyen Âge. Contrairement, donc, à ce qu’affirment les histrions actuels pour qui il serait vain de chercher une continuité entre la Gaule et les temps médiévaux.

Nous pourrions continuer avec le même tracé mais augmenté d’une branche comme le montrent les monnaies des Bituriges (Gaulois de Bourges) et des Suessions (tribu du Soissonais). Il symbolise alors, entre autres choses, la ronde perpétuelle des quatre saisons accompagnant le mouvement du ciel.

Ces quelques et brefs exemples montrent que l’esprit celtique s’est poursuivi bien après que la Gaule fut devenue le royaume de France. Les antiquités gauloises connurent, parallèlement au Moyen Âge, un renouveau à travers le Romantisme et le Second Empire avec, en particulier, la création par Napoléon III du Musée des Antiquités Nationales à Saint-Germain-en-Laye. Il faudrait ajouter que l’Art Nouveau ou Modern Style, en privilégiant des formes végétales composées de courbes gracieuses, avoue un cousinage direct avec l’esthétique celte.

Dans nos sociétés soumises à des élites dirigeantes qui nous imposent le déracinement des peuples, le brassage des cultures, la confusion des concepts, sans oublier la théorie du genre et l’adulation des transgenres (style chanteuse barbue lauréate de l’Eurovision), il est bien évident qu’à travers une Gaule honnie c’est la merveilleuse créativité celte, portée par un désir d’unir le vivant au spirituel, que l’on s’efforce d’assassiner.

Paul-Georges Sansonetti (Nice Provence Info, 24 octobre 20165)

(1) Définition de Métonymie selon Wikipédia : « figure de style qui remplace un concept par un autre ».
(2) Mais aussi par l’auteur Gustav Meyrink dans un prodigieux roman fantastique à caractère initiatique intitulé Le Visage Vert.
(3) Voir ce qu’en disait pertinemment Pierre Lance dans une chronique précisément consacré au thème des Gaulois.
(4) Intitulé Les bachi-bouzouks et Toutatis.
(5) Outre l’appartenance ethnique, l’œil bleu revêt une signification symbolique en reflétant la couleur du ciel pur et, de la sorte, exerce une véritable fascination comme le prouve la toute récente histoire d’un jeune commerçant Pakistanais, Arshad Khan, devenu célèbre du jour au lendemain grâce à ses magnifiques yeux bleus. L’auteur de l’article du Figaro (daté du 20, 10, 2016) écrit que ce succès « met également en évidence des canons de beauté « euro-centrés »… ».

jeudi, 27 octobre 2016

La spirale de l’impuissance

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La spirale de l’impuissance

Par Slobodan Despot

Ex: http://www.arretsurinfo.ch

spirale,-tome-1-374599.jpgL’Europe s’est anesthésiée dans sa procrastination. Elle est devenue la Belle au Bois dormant. Elle se réveillera comme Euramérique ou Eurasie, à moins qu’elle devienne Eurabie.

C’est un roman de Georges Simenon, La fuite de monsieur Monde, qui dépeint le plus profondément la situation de l’Européen moderne. Arrivé au bord de la cinquantaine, M. Monde, petit industriel prospère, disparaît un matin sans crier gare. Alors que sa femme, personne froide et sans coeur, envoie la police à ses trousses, il prend un faux nom et se refait une vie au bas de l’échelle sociale, dans le Midi, avec une entraîneuse qu’il a sauvée du suicide. Dans un lieu sordide, il rencontrera la femme avec qui il était marié dans une vie antérieure, épave humaine ravagée par la drogue. Il remonte à Paris avec elle et la fait soigner à ses frais. Puis, tout aussi soudainement, il rentre chez lui et reprend son ancienne vie comme si rien ne s’était passé. Ne lui reste de son escapade qu’une énigmatique sérénité qui ressemble à de la résignation.

Norbert Monde avait explosé. Ou implosé. Son quotidien sans élans, sans tragédie, sans destinée, lui était devenu insupportable. En sortir était devenu une question de vie et de mort. M. Monde était un homme bon, voire héroïque, mais son univers ne laissait aucune place à la bonté et à l’héroïsme. Bien pire : de telles vertus y étaient vues comme des tares. Toute son éducation lui enjoignait de lutter contre elles. Retourné — socialement — à l’«état sauvage», il était comme un animal de zoo rendu à la nature. La laisse qu’il traînait encore derrière lui s’accrochait aux ronces, s’entortillait autour de ses pieds et le faisait trébucher. Il n’a pas eu la force de s’en défaire.

Je me suis reconnu dans cet homme entravé. Son gâchis, je l’ai pris à mon compte. Jeter tous ses acquis par-dessus bord dans l’espoir d’accomplir sa vie, arriver au seuil de cet accomplissement, et rater pour une vétille, un instant de gêne. Pour avoir été trop éduqué. Par crainte de causer du tort à quelqu’un. Par peur d’être mal vu…

Il m’arrive de faire un rêve, que j’appelle «le cauchemar de M. Monde». La scène figure peut-être telle quelle dans le roman, je ne m’en souviens plus — à moins que ce soit dans le Docteur Jivago. Assis à la terrasse d’un café, je vois passer de l’autre côté de la rue une personne que j’aime et que je n’espérais plus retrouver. Elle avance sans me voir, elle va bientôt se fondre dans la foule. Je voudrais la héler, mais n’arrive pas à émettre le moindre son. Crier d’un trottoir à l’autre, cela ne se fait pas. Je devrais bondir pour la prendre par le bras mais je ne peux pas: je n’a pas réglé ma consommation. Je me retourne, me tâte les poches, cherche le garçon des yeux, mais entretemps la silhouette a disparu…

La question du prix

Nous sommes sur le point de payer cher, très cher, le prix de notre hypercivilisation. Cette idée m’a envahi l’esprit comme un refrain voici quelques années, lorsqu’un ami m’a demandé de l’aider à tuer un canard. Il n’était pas paysan, il en était très loin, mais il tenait quelques animaux dans sa propriété. Il n’avait pas la main assez sûre pour décapiter le volatile sans le faire souffrir. Personne dans son entourage n’avait le cœur de l’assister, même s’ils avaient tous l’appétit de goûter au rôti. J’ai donc tué le canard avec lui. Mes grands-mères le faisaient toutes seules, sans histoires.

Même si le véganisme est très à la mode, la grande majorité des Occidentaux mangent de la viande. Bien plus de viande que leurs ancêtres, qui étaient bien moins nombreux. Pour remplir tous ces ventres, il faut des montagnes de viande. L’élevage n’a plus rien de pastoral. C’est une industrie du gavage et de l’extermination. Périodiquement, des vidéos qui «fuitent» des abattoirs mettent en émoi les réseaux sociaux.

On pointe du doigt des entreprises «inhumaines» qui ne respectent pas les normes, qui écorchent des bêtes à peine étourdies. Mais que dire de celles qui sont «en règle»? A l’occasion de l’Aïd, avec un humour satanique, Daech a mis en scène l’exécution de «traîtres» en les suspendant à une chaîne d’équarrissage. Clameurs universelles! La mécanisation du rituel en décuple l’horreur, les camps du XXe siècle nous l’ont suffisamment montré. La trajectoire d’un cochon ou d’un poulet d’élevage industriel, depuis sa naissance — sa fabrication, devrait-on dire — à sa mort, n’est qu’une chaîne de torture optimisée dont l’ingéniérie concentrationnaire de l’ère ouvertement antihumaine qui nous attend s’inspirera sans doute.

Je ne suis pas végétarien ni un enragé de la cause animale. Je me rappelle seulement que notre alimentation et notre survie impliquent une quantité inévitable de souffrance animale et que la souffrance, par ailleurs, est à la conscience ce que l’embryon est au bébé. Coupez la souffrance de la conscience, l’embryon du bébé, et vous pourrez disposer de tout ce qui n’est pas nous, autrement dit moi, comme d’une chose, sans plus y penser qu’à la coquille de noix que vous venez d’écraser. Le sort épouvantable que notre civilisation de mort réserve au règne animal est le produit direct de cet arraisonnement de l’ensemble du monde créé (le Gestell de Heidegger) qui est à la base de notre philosophie scientiste et athée. Le crime est si massif que nous avons dû échafauder des murs de faux-semblants pour ne pas le voir.

Encore une fois: je ne milite pas pour la soupe d’orties (d’ailleurs les orties souffrent aussi!) et je ne cotise pas à une milice anti-avortement. Je m’efforce de garder toujours à l’esprit que notre bien-être implique la souffrance et la mort. Si je mange du canard ou de l’agneau, je dois savoir ce que cela coûte, et donc être à même de tuer ma proie de mes mains. Leur souffrance et leur mort sont le prix à payer pour mon contentement. Une conscience éveillée et réaliste négociera le montant de ce prix en essayant de ne pas susciter plus de mal qu’il n’est nécessaire: c’est un des principes fondateurs du Dharma, de la Voie, qui fonde la morale de toute civilisation. Une conscience abstraite, idéologisée, niera l’existence même de la transaction ou décidera qu’elle doit être abolie.

Notre problème est que c’est cette conscience-là, une conscience de pharisiens, qui nous éduque depuis une ou deux générations, qui élabore nos lois et guide nos politiques. Sous son empire, le mal nécessaire est nié. On le revêt d’une cape d’invisibilité: il aura donc carte blanche !

Les nouvelles Antigones

Cette perversion est commune à toutes les sociétés avancées, mais elle n’a pas atteint partout la même emprise. Les Etats-Unis d’Amérique ont plusieurs longueurs de «retard» sur notre évolution et c’est pourquoi ils nous dominent et nous fascinent. Lorsqu’on a fait valoir à Mme Albright, la secrétaire d’Etat de M. Clinton, que la destitution de Saddam Hussein avait entraîné la mort d’un demi-million de morts en Irak, elle a répondu que «cela en valait la peine». Un tel cynisme serait impensable de la part d’un ministre européen.

Si monstrueuse qu’elle soit, cette appréciation montre que les Américains ne sont pas sortis de l’univers du Dharma. Ils ne nient pas que leur domination a un prix, ils estiment seulement que ce prix n’a pas de plafond. Leur échelle de valeurs est exactement l’inverse de celle des Européens, pour qui toute concession est bonne pourvu qu’ils ne fassent de tort à personne (sauf sur dérogation de leurs maîtres). C’est pourquoi les garde-côtes américains mitraillent les radeaux de migrants quand les européens font tout pour les sauver.

Dans toute son horreur, cette confiance en soi mégalomaniaque a un avantage. Elle laisse une place aux vertus individuelles et à la foi dans une destinée. Elle permet encore, au XXIe siècle, l’éclosion de véritables héros, sacrificiels et désintéressés, qui laisseront leur nom dans l’histoire. Ainsi les sonneurs d’alerte issus du système militaro-industriel sont les vrais héritiers des résistants antinazis et des dissidents soviétiques.

«Pensez-vous que les Etats-Unis sont la plus grande nation du monde?» : c’est l’une des questions que l’on pose, sous détecteur de mensonges, lors du test d’embauche à la CIA. Elle est évidemment éliminatoire. Le jeune Edward Snowden y avait répondu «oui» sans ciller lors de son recrutement. Il était conservateur de conviction et croyait sincèrement à la mission de son pays. Lors de son deuxième test sous polygraphe, il a également répondu «oui» — mais il mentait. Entre deux, il avait découvert l’immense manipulation de la «guerre contre le terrorisme» et l’étendue de l’espionnage auquel se livraient les agences américaines, y compris sur leur propre population. Sans son patriotisme ardent, Snowden n’aurait jamais eu le courage de mettre sa carrière et sa vie en jeu pour révéler au monde le vrai visage du système qu’il servait. Son pays, ses valeurs, sa démocratie, ce n’étaient pas les assassinats ciblés, les tribunaux secrets et l’abolition de toute vie privée. Son pays était un Etat, non un régime.

Le film qu’Oliver Stone vient de consacrer à Snowden est remarquable et factuel. Il s’attaque directement au cas de conscience qu’il nous pose. On y apprend (mais on s’en doutait) que la guerre au terrorisme n’est qu’une «affaire de domination économique et sociale de tout». Face à l’ampleur du mal, le jeune Ed finit par s’interroger sur son propre rôle dans les rouages, même s’il n’est qu’un technicien. A la consternation de ses collègues geeks, il rappelle qu’à Nuremberg on n’avait pas jugé que les chefs nazis, mais également des exécutants. Que chacun, à son niveau, est comptable des conséquences de ses actes.

Le cinéma engagé américain a un rôle semblable à celui du confessionnal dans le catholicisme baroque. A bonne confession, bonne absolution — et la vie continue! Il n’empêche. Dans un contexte technologique très difficile à faire vibrer au cinéma, Stone et Snowden réussissent à reposer, dans toute son actualité, l’éternelle question d’Antigone. Ils éveillent les consciences et rendent aux actes leur vrai nom en rappelant que le système américain, malgré tous les alibis qu’on lui prête, reste le criminel majeur de notre temps. Loin au-delà de tous les «Etats voyous» et de toutes les organisations terroristes qu’il fait mine de combattre.

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Europurgatoire

Une épopée de cette envergure peut être américaine. Ou russe. Mais on ne l’imagine pas un instant prendre place dans l’Europe d’aujourd’hui. L’Europe, c’est le domaine de monsieur Monde : le lieu des destinées inabouties, des vertus réprimées et des loyautés sans objet. Un entre-deux. Un théâtre de l’absurde où l’on ferme les yeux sur la violence déchaînée et l’impudeur mais où les simples infractions sont férocement réprimées. Un lieu où l’on n’ose même pas reconnaître au Mal sa qualité première: d’être mauvais. Bref, un véritable purgatoire, salle de transit entre le ciel et l’enfer.

Par sa révolte aux bras trop courts, monsieur Monde a tout de même fait du chemin. De l’anesthésie, il est passé à la résignation. Il a ouvert les yeux sur le monde (sur lui-même, donc!), pour comprendre qu’il n’y pouvait rien. Ainsi l’Europe s’indigne, s’agite et se «mobilise», par réseaux sociaux interposés, comme s’agitent et s’indignent les spectateurs d’un combat, mais elle n’a pas la force de descendre dans l’arène. Elle n’a même pas la force de faire barrage à la violence, au mensonge et au chaos dans leur expression la plus brute. Elle attend que quelqu’un, ou quelque chose, le fasse à sa place. Ou alors, demain…

Dans sa phase procrastinante, celle que nous vivons aujourd’hui, monsieur Monde s’est dépouillé de son entreprise, de son statut social, de son chapeau et de ses projets. Il s’est dépouillé de tout, sauf de son attente. Il est devenu Vladimir ou Estragon, l’un ou l’autre des clochards de Beckett. Ou les deux, vu l’habitude qu’il a prise de se parler et de se convaincre lui-même. Tout le temps qu’il lui reste à vivre, il l’a voué à l’attente de Godot. Ce Godot est peut-être l’Amérique, peut-être la sharia, peut-être l’effondrement économique ou la nouvelle peste qu’il appelle secrètement de ses vœux. Ou tout simplement, la mort, à laquelle nous ne proposons plus d’alternatives crédibles.

Par Slobodan Despot | N° 47 | 23.10.2016

Source: http://www.antipresse.net/dons/

samedi, 01 octobre 2016

Vers un mondialisme identitaire

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Vers un mondialisme identitaire

par Frédéric Villaret, essayiste

Ex: http://www.polemia.com

L’objet de ces lignes est de susciter une pensée identitaire fédératrice… mondialiste pour sortir d’une situation potentiellement conflictuelle. En effet, résumer la sensibilité identitaire par « les bougnoules dehors » est le meilleur moyen d’éloigner d’honnêtes personnes, de toutes origines, potentiellement réceptifs à un discours identitaire.


Face au triomphe de la mondialisation cosmopolite dont les premières victimes sont nos identités historiques, biologiques et sociales, la première réaction est de s’entourer de barrières. Temporairement cela peut aider, mais à long terme, la défaite est garantie (1). Aussi, devons-nous dès à présent consacrer toute notre énergie à envisager une perspective identitaire fédératrice. Or, pour cela, il est nécessaire de comprendre pourquoi les idéologies mondialistes actuelles rencontrent de tels succès. Une de leurs forces est qu’elles promettent un monde meilleur demain. L’identitaire pense le contraire. Pour lui, rompre avec les déterminismes nés de l’Histoire menace tout le monde.

En face des mondialistes cosmopolites, les identitaires sont peu nombreux. Mais surtout, ils ne disposent pas des armes intellectuelles pour affronter leurs adversaires. Au judo, le principe de base est d’utiliser la force de l’adversaire pour le vaincre. Donc, utiliser ce qui fait la force des idéologies mondialistes cosmopolites pour les terrasser serait opportun. Le parti pris de ce texte est que seul un mondialisme identitaire permettra de faire refluer, voire disparaître, ces idéologies dissolvantes nous détruisant.

Le combat décisif, demain, devrait donc opposer des mondialistes cosmopolites à des mondialistes identitaires.

Mondialisme et Modernité

Cette idéologie mondialiste a suscité des centaines de milliers de pages, voire plus. Quelles en sont les composantes principales ? La première est d’éliminer toute singularité locale. Le mondialiste rêve d’un monde unifié par des valeurs communes transcendant tous les particularismes. L’Homme nouveau en est la pierre angulaire. Sa création impose de détruire ce que l’Histoire et l’Evolution ont produit. La finalité est un monde de paix ayant éliminé toutes les contrariétés s’imposant au genre humain, jusqu’à la mort. Les transhumanistes en rêvent.

Etre Moderne aujourd’hui, c’est admettre le bien-fondé d’une des multiples manifestations de cet esprit se réalisant dans une idéologie mondialiste s’auto-entretenant par le développement de la Technè. Tout ceci s’incarne dans l’ambition politique d’un Nouvel Ordre mondial imposant la Mondialisation comme aboutissement de la Modernité. La destruction de la Nature et de l’Histoire comme fondements de l’Etre est le prix à payer pour garantir la réalisation du Paradis perdu identifié comme le monde parfait.

Le mondialisme

Difficile de nier la mondialisation. Sa réalisation est multiforme et chacun d’entre nous, selon les circonstances, y participe dans un monde sur-artificialisé de bientôt dix à onze milliards d’humains.

Ainsi, le tourisme de masse en est une des conséquences les plus manifestes. Cette activité représenterait 9% du PIB mondial. Le temps est passé où l’aviation commerciale était utilisée exclusivement par des buziness-mannes. Aujourd’hui l’essentiel de ce trafic est dû aux déplacements de touristes aux quatre coins du globe. Le nombre de passagers transportés annuellement représente près de la moitié de la population humaine actuelle, soit environ 3 milliards d’individus.

La circulation de l’information est dans la même situation. Avec Internet, désormais, en chaque point du globe, le reste du monde est accessible. A travers les images reçues, le consommateur des pays riches se voit allongé sur une plage immaculée au soleil des Tropiques. Le non-consommateur d’un pays pauvre rêve de faire ses courses dans un supermarché d’un pays septentrional grâce à la manne sociale qu’il aura reçue.

Le monde se connaît maintenant. Il n’y a plus de terra incognita. En outre, ce monde connu est perçu de dimensions finies. C’est le village planétaire porté à notre conscience dans les années 1960-1970. Les photos de la terre prises de l’espace en ont bouleversé notre représentation. Paradoxalement, toutes les idéologies de la Modernité postulent un monde infini. Les économistes mondialistes envisagent, par exemple, un développement économique infini alors même que le plus discret des biologistes sait qu’à un moment ou à un autre toute croissance est confrontée à un facteur limitant. Et ainsi de suite. On ne parlera pas des flux financiers, de la circulation des marchandises, etc., et bien évidemment des mouvements humains. Tout ceci a été initié pendant la seconde moitié du XXe siècle.

Que l’on loue ou déplore la mondialisation, factuellement, elle est incontestable. Dans les années 1990, dans les milieux écologistes, circulait le chiffre de 20.000 individus humains n’ayant jamais eu accès à notre monde. Combien sont-ils aujourd’hui ? Le tourisme « ethnique » les a sans doute débusqués.

Ce constat est-il la conséquence d’une volonté politique ou d’une évolution naturelle ? Chacun a son point de vue, mais nul ne pourra nier cette réalité.

En revanche, combattre les idéologies mondialistes cosmopolites s’impose à quiconque craint que celles-ci ne nous mènent dans une impasse délétère. D’où la nécessité de concilier une réalité – la mondialisation factuelle – et une perspective salutaire. Une alternative fondamentale est à créer. L’une des branches sera cette idéologie mondialiste cosmopolite multifaciale ; l’autre est à inventer. Mais elle ne pourra rompre totalement avec les fondements de la mondialisation portée par toutes les idéologies de la Modernité.

Les composantes structurant cette Modernité animant les idéologies mondialistes sont innombrables. Mais l’une d’entre elles mérite une attention particulière. Il s’agit du credo que demain sera mieux qu’aujourd’hui. Etre moderne, c’est être nouveau, donc mieux.

La Modernité en quelques lignes

Depuis des temps immémoriaux, une des dialectiques fondamentales animant l’intelligentsia oppose les Modernes aux Traditionalistes (ou Anciens, c’est selon). Pour les uns, le mieux est demain ; pour les autres, c’est ainsi et c’est bien. Dans la classification politique contemporaine, les uns sont à gauche, les autres sont à droite. Les contributeurs à ces polémiques sont pléthoriques. Aussi est-il parfois un peu difficile d’envisager une synthèse valable. Nous devrons donc nous contenter de quelques idées-clés pour soutenir le fond de cet article.

Le Traditionaliste envisage l’Etre comme la conséquence de causes incommensurables s’étant réalisées dans le passé ; fruit d’une loi naturelle si vous croyez en Dieu, ou du hasard si vous croyez en Monod (humour) (2). Pour les déistes, cette loi naturelle est l’expression d’une volonté divine. Selon leur déisme, le monde sera parfait ou tel qu’il est. C’est à ce niveau que le Moderne postule que le monde parfait est possible. Les modernes de droite (qualifiés d’extrême droite ou d’ultra-droite par leurs adversaires) l’imaginent dans un passé idéalisé avec lequel renouer ; le moderne de gauche ambitionne de le créer demain à partir de rien. Aujourd’hui, cette ambition d’un monde meilleur est portée par l’idéologie du Développement durable, alors qu’une approche plus réaliste n’envisagerait qu’un monde durable.

Historiens, philosophes, épistémologues situent cette espérance d’un monde parfait dans la Bible. Dans les autres déismes antiques, le monde terrestre était à l’image du monde des dieux. Chez ces derniers, guerres, cocufiages, trahisons, etc., mais aussi, paix, fidélité, courage, honneur, etc., coexistaient. Les hommes étaient à l’image des dieux. Chez les monothéistes en revanche, le monde de Dieu est parfait, alors que le monde des hommes ne l’est pas. Le(s) peuple(s) élu(s) ont donc vocation à réaliser le monde terrestre à l’image du monde de Dieu selon sa volonté. Toutes les manifestations du désordre et du mal auront alors disparu. C’est le monde que la mécanique céleste envisage ; celui d’un ordre terrestre conforme à l’ordre divin dont le mouvement des planètes rend compte. De ce monde sont bannies la maladie, la guerre, la famine, la mort, etc. Cette composante essentielle anime nos contemporains, et avant eux nos aïeux depuis le début de notre civilisation. Elle en est vraiment une composante organique. Toutes les idéologies animant notre noosphère, qu’elles soient d’essence religieuse ou profane, postulent cette ambition théo-téléologique. Ainsi, que ce soit par la domination du Kapital US ou la réalisation de la Oumma musulmane – les deux grandes idéologies mondialistes animant notre temps –, toutes aspirent à la société parfaite. Aujourd’hui, tous les nootypes procèdent de cette noogénèse.

On y distinguera le judaïsme se réalisant en Israël par l’association de types ethniques divers ; le christianisme et ses nuances (catholique, orthodoxe, protestant, etc.) ; l’islam, lui aussi avec ses variétés ; le libéralo-capitalisme, le socialo-communisme, le libéralo-socialisme, etc. Les espaces où se déployèrent ces idéologies furent chronologiquement les USA, l’URSS puis Israël. L’une est tombée ; la Russie de Riourik est revenue. Les deux autres tiennent encore. L’Europe dominée par les USA subit aujourd’hui ce forçage politique.

Pour aller encore plus loin, et au risque d’être perçu comme provocateur, même le nazisme s’envisage(a) comme porteur d’un monde meilleur. Pour ses prosélytes, là où l’esprit aryen avait triomphé, les peuples connurent la prospérité et la félicité. C’est l’idée essentielle d’Alfred Rosenberg dans Le Mythe du XXe siècle.

Rompre avec le suprématisme

Un autre aspect d’un discours identitaire fédérateur serait de rompre avec le discours des Modernes voyant en chaque point du globe l’ « Homme » et non pas des Français, des Russes ou des Papous comme Joseph de Maistre l’envisageait. Rompre avec les idéologies suprématistes s’impose pour des Européens bercés par ces discours depuis des lustres. On rangerait alors Jules Ferry et Léon Blum dans les musées car ces deux personnages, parmi d’autres, voyaient dans la civilisation des Blancs l’aboutissement s’imposant à chaque peuple. Léon Blum n’affirmait-il pas que « Nous admettons qu’il peut y avoir non seulement un droit, mais un devoir de ce qu’on appelle les races supérieures, revendiquant quelquefois pour elles un privilège quelque peu indû, d’attirer à elles les races qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de civilisation » (3). Au nom de ce principe, l’immigrationnisme n’est que le prolongement du colonialisme. L’un et l’autre reviennent finalement à dénier à l’Autre le droit immanent d’être ce qu’il est.

Respecter l’Autre et le territoire l’ayant engendré permettra de trouver des alliés dans cette lutte. Prolongeant en cela le combat des écologistes fondamentalistes, c’est la Vie dans sa diversité qu’il est à respecter. Comme Hans Jonas l’a exprimé en d’autres termes, garantir la vie de l’Autre, car notre Technè permet de la détruire, est désormais notre responsabilité d’Homme postmoderne. Le Papou ou l’ours blanc ont un droit inaliénable à l’existence que les prolifiques hommes modernes, qu’ils soient blancs, bruns ou blonds, noirs foncés ou pâles, jaunes clairs ou bronzâtres, etc., ne doivent amputer à leur profit.

Rompre avec le suprématisme consubstantiel à l’esprit moderne est donc un des préalables pour avoir à nos côtés les ours et les Papous dans le combat identitaire. Donc à la trappe le racisme, l’anthropocentrisme et tous les centrismes suprématistes envisageables. Respecter l’Autre sur le territoire l’ayant engendré serait la loi d’airain d’un mondialisme identitaire à développer. D’autres attributs seraient à envisager. Il appartient à chacun de les identifier et de les intégrer comme armes pour lutter contre le mondialisme cosmopolite dissolvant.

C’est dans cet esprit que le débat sur les composantes principales de notre futur devrait se poser.

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Vers un mondialisme identitaire

Ce mondialisme identitaire est à inventer. Il sera le garant de la diversité de la Vie sur la planète, et pas seulement de la vie des peuples et des civilisations humaines. Mais à la place d’une société uniformisée, fruit du mélange de tout ce qui est mélangeable que promeut le mondialisme anthropocentré cosmopolite, il sera respectueux des identités historiques dans un monde sachant désormais qu’il se connaît. Ce changement de perspective est plus que fondamental. Aucune autre espèce que les humains n’a acquis la conscience de la singularité de son statut sur terre. Aussi, c’est toute notre noosphère à reconstruire selon ces nouvelles ambitions. Les idéologies de la Modernité ont-elles les ressources pour penser ces nouveaux défis ou bien alors doit-on envisager sereinement de s’en débarrasser et de les laisser aux historiens des idées ?

Aucune réponse n’est certaine à ce jour. Il y a tant à faire sur ce thème. En revanche, s’engager à penser un mondialisme identitaire pour contrer ce mondialisme cosmopolite délétère est un devoir pour chacun le craignant. En phase avec le paradigme structurant la pensée moderne, ce mondialisme identitaire devra lui aussi promettre des lendemains qui chantent. Mais, de grâce, interrogeons-nous aussi sur l’issue d’un combat mené, blottis dans des forteresses, en regardant derrière soi. On ne reviendra jamais au temps des moines-soldats qu’admirait Julius Evola. Le monde a changé depuis. Notre avenir est dans le futur.

Frédéric Villaret

Notes :

(1) Forteresse Europe ! Et après ?
(2) Par référence à Le Hasard et la Nécessité, de Jacques Monod.
(3) Léon blum, 9 juillet 1925, débat sur le budget des colonies à la Chambre des députés.

Correspondance Polémia – 29/09/2016

mardi, 13 septembre 2016

The Empire of Mediocrity and the End of the World

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Author: Phil Butler
The Empire of Mediocrity and the End of the World
 
Ex: http://journal-neo.org

Vladimir Putin has harmed no American. Russia has not stood in the way of any American’s dream. As for the billionaires though, those American and British money bags, the Russians are posing an insurmountable hurdle for their investments. And we all know nothing can stand in the way of their progress. Unfortunately for the human race, mediocrity cannot rule either. Here is a prophesy as real as any newsreel you will view today, the “end all” conclusion for American “exceptionalism”.

Do you know where Crimea is? Seriously now, a gaff by presidential hopeful Gary Johnson the other day proved once and for all, not even educated Americans have a very big “mental map” of our world. I was a geography student first and teacher second, and I can tell you categorically that very few of America’s leaders know US history and geography, let alone world names and places. If Johnson had known where Aleppo, a city in northwest Syria was, I would have been amazed. 99% of Americans could not point to Syria on a map if their lives depended on it. Not even college students I once polled, would be able to reliably find Moscow, or even St. Louis in Missouri for that matter. Get this, if a geography bee were slated to solve world crises, the United States would end up a third world banana republic. Don’t take my word, read this study published by National Geographic, or this 2014 one from the US Government’s Accountability Office, or this Telegraph report that shows one quarter of Americans do not even know Earth revolves around the sun. Some of you will perceive my path to proving a “Putin point” later on. Others should take heed, the complacent billionaires need chastising:

“Men of age object too much, consult too long, adventure too little, repent too soon, and seldom drive business home to the full period, but content themselves with a mediocrity of success.”  Dale Carnegie

Now, on Crimea and Russian aggression is the American people are totally ignorant participants in a game of worldwide domination. Putin sending “little green men” into Crimea, his rescuing a Russian speaking population from certain denigration and torment by the Obama administration Nazi-Kiev junta, the situation did not, does not even register on my countrymen. What’s worse, even if Americans are informed and if they understand what removing language and ethnic cleansing signify, caring what happens overseas is just not something on US citizens’ “to do” list. We are “Ameri-centric” to the bone, trained, fed, and leashed to a way of thinking that is detrimental to the whole wide world. Even when Americans are “busted” being dumb on important matters, the insanity is hammered home by memes and Twitter trends making comedy of our pitiful society. Take the moment the 2007 Miss Teen USA Pageant contestant, Miss South Carolina Caitlin Upton stumbled and fell off her high heels blaming bad geography on the US having “no maps”. It was just funny, a joke, 300 million Americans guffawed over Ms. Upton’s ignorance…. But the joke was on us all.

Barack Obama is quoted as saying “I’ve now been in 57 states, I believe.” 57. Former Vice President Dick Cheney transplanted Venezuelan leader Hugo Chavez in Peru once. Ukraine civil war incendiary Senator John McCain went on national TV to proclaim Iraq borders Pakistan. Former President Gerald Ford lost an election when he proclaimed the USSR would never dominate Eastern Europe on his watch. Presidential candidate Mitt Romney figured Iran was Syria’s ally only so the former could get to the sea! (Neither nation is land locked) George Bush thought Africa was a country, Obama thinks the Atlantic Ocean is the Gulf of Mexico, and Vladimir Putin is about to invade??? Ignorance, no child left behind, Americans are truly the “sheeple”.

“There is always a heavy demand for fresh mediocrity. In every generation the least cultivated taste has the largest appetite.” Paul Gauguin

mediocrity.jpegAnd America’s appetite can no longer be quenched, enter Hillary Clinton and Donald Trump. Bred mediocrity is notion first called to my attention by my brother Tony Joyce, a self made engineer who worked his way to the top hurdling every obstacle a human can. Bred mediocrity is the natural laziness of a successful society, intersecting with a resentence of intellect. It is also a topic experts like Dr. Joe A. Mann, and others have addressed. The most notable case I found being this Harvard Business Review report characterizes Americans as being overcome by Reality Deficit Disorder. Make no mistake, there are boat loads of proof America has become the land of the incurably stupid and hapless, but the stunning writings of author Umair Haque smack us in the face. “America excels at mediocrity”, this is the undeniable truth we must come to grips with. His reportage snaps the fingers of cool reality in our faces; “What exactly is America still best in the world at?” Don’t guess, don’t wish, take time to discover exactly what we excel at these days – then evaluate the value, consider the long term, understand the pitiful fate or our nation.

But I need to tell you why, rather than pound the reality into your head. Google “mediocre America” and read up yourself – yes READ, be part of the solution. The reason “why” the whole world needs to understand America’s decline is simple.

If we go down, we’re taking a few billion with us

This Town Hall article during Barack Obama’s bout for a second term as president encapsulates all that is horrifically wrong with our system. The reasons we are going to intimately fail are in this, if one reads carefully and considers, that is. Barack Obama is the most mediocre leader in the history of the world, given the United States’ position when he took office – no empire or nation had more potential to effect positive change. But the only changes we have seen boil down to a far left wing takeover of colleges, the media, and Hollywood. The “story” force fed Americans runs so far foul of the truth, it’s inconceivable to the sentient soul. Hard news and truth are no longer appealing, Geography and even history are open to new interpretations – America is drugged into submission – and hardly anyone can escape. Brain candy, the “gravy” that coats the American psyche, it is the most deadly substance the Universe has ever known. Quoting author John Hawkins:

“The New York Times, the Washington Post, ABC, NBC, CBS, CNN, MSNBC, etc., etc., etc. act as press flacks for the Democratic Party. Whatever story the Democrats want out there, they push it. Stories that are bad for the Left are either completely ignored or treated as insignificant. When conservative state legislators help fund public colleges that teach kids to hate them and conservatives watch TV shows, movies, and cable news networks that smear their beliefs over a morning paper that mocks God and looks down its nose at people with traditional values, it’s no surprise the Left has a huge advantage. Vladimir Lenin once said,”The Capitalists will sell us the rope with which we will hang them,” and today, conservatives are funding the very people who are hanging our country by the neck until it dies.”

The aforementioned author stands a staunch right wing opinion scribe, but America needs to come back to the center. Remember what I said; “America will not go down alone?” Well, the humanity cannot afford another total collapse, we cannot survive another “Fall of Rome” – for these Romans will scorch the Earth for good. The state is set. Refugees of color in the shooting gallery, they take the place of the Jewish people for a new holocaust. Islam is the enemy, so are Russia and Vladimir Putin, and the Chinese are a colorful enemy too. American “exceptionalism” is a reality, only not a positive descriptive. We are exceptionally stupid, exceptionally callous, exceptionally selfish and greedy, a nation with one intention – to eat it up, wear it out, and use it all – we might as well go on and admit it.

“The coming years will prove increasingly cynical and cruel. People will definitely not slip into oblivion while hugging each other. The final stages in the life of humanity will be marked by the monstrous war of all against all: the amount of suffering will be maximal.” Pentti LinkolaCan Life Prevail?

When the bubble finally bursts, when these mediocre men and women who lead finally fail us, a nation so dependent on excess and eccentricity will collapse utterly. Take the dollar, for instance. What if our policy toward Russia and China is wrong? What if the Eurasian Economic Union succeeds in replacing the dollar as the medium of exchange? A loaf of bread could be $20. Supplies of 1000 products could be unattainable. A really new Great Depression could hit overnight! Many have warned of this, but few have prophesied what Americans would do. We care not to stop a million children being murdered in far off lands. Crimea is a “buzz” term by CNN to justify a new Cold War. Syria is Iraq or Afghanistan, a place where “rag heads” are slaughtered – who cares? But gas at $100 dollars a gallon, empty grocery store shelves and candle lit dinners are Hollywood sensations for Americans to discuss, over a Budweiser and a corn dog, at a Super Bowl Sunday half time. What happens if it all becomes real though?

Whoever is in charge in the White House at this moment in history will have a caveat. Bring back normal, get our cable TV back no matter the cost, nuke whoever you have to, just give us our lives back! You have to see the end of all this taking shape, I know you do. Putin attacked no one. Muslims are not the problem. Neither Republicanism nor Democratic stoicism will defend us from ourselves. Mediocrity cannot rule, but in the 21st century it can obliterate us all. I leave you with the root of our collective demise, the reason the Obama or Clinton or Trump types enthrall the masses so:

“Most of our pocket wisdom is conceived for the use of mediocre people, to discourage them from ambitious attempts, and generally console them in their mediocrity.” Robert Louis Stevenson

Phil Butler, is a policy investigator and analyst, a political scientist and expert on Eastern Europe, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.
http://journal-neo.org/2016/09/12/the-empire-of-mediocrit...

lundi, 20 juin 2016

Du salut

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Du salut

 

de Vautrin, docteur d'État et ancien maître de Conférences

Ex: http://www.lesobservateurs.ch

En politique comme en religion, il y a toujours un Guide (Führer), voire des Guides, chargés de mener le peuple sur le chemin du Salut.

Je ne parle pas ici des hommes ayant reçu le pouvoir en délégation, capables d’analyser assez exactement les situations politique, sociale, économique, pour y apporter en accord avec les citoyens les solutions raisonnables qu’elles demandent. Ces gens-là sont très rares, en général maîtres d’eux-mêmes – ce qui est la moindre des qualités attendues de ceux à qui on délègue le pouvoir – pragmatiques et jamais messianiques. Ils ont conscience de la responsabilité qu’entraîne leur charge, et sont toujours prêts à rendre compte de leurs actes devant le peuple.

Et puis il y les autres. Tous les autres. Parmi eux, naturellement, une foule de margoulins devenus potentats par goût du pouvoir et par intérêt. Ceux-là, sous couvert de servir, se servent. Les exemples contemporains ne manquent pas.  Le cas le plus grave se rencontre lorsque le potentat combine les éléments de la démence, de l’idéologie et/ou de la croyance, et de l’anthroponomie. On a alors affaire à un Guide. Véritable ou mythique, Mahomet en est un modèle, mais on peut citer d’autres beaux modèles comme Robespierre, Lénine, Hitler et tutti quanti.

C’est toujours la même histoire : la multitude des hommes est déchue, stupide et aveugle. Donc elle croupit dans le péché, l’erreur et la misère. Elle est vouée à l’Enfer, dans l’au-delà ou bien dans cette vallée de larmes. Heureusement, il y a des Hommes Exceptionnels ayant reçu la Vérité en partage : ceux-là sont destinés à guider la multitude vers le Salut. Le Salut, remarquons-le, varie en fonction des Guides. Dans le cas des religieux, c’est parfois la Béatitude Éternelle dans un Paradis d’êtres soit décérébrés soit fort lubriques. Dans le cas des politiques, c’est la Société Idéale où toutes les rues suivent la bonne pente et tous les sujets, loin d’être des citoyens, sont eux aussi privés de raison. Ou une société perverse comme elle transpire dans les écrits de Foucault.

La démence est de croire que l’on a reçu la Vérité : tel est le point de départ de la guidance. Car cela suppose deux conditions : qu’il existe une Vérité et qu’elle soit connaissable. Or si elle existait, elle serait soit transcendante, soit immanente. Transcendante, elle serait donc d’ordre divin : il faut croire et surtout être Élu pour la connaître. C’est le privilège de ceux qui ont eu à quelque moment la Révélation, ceux qu’un Dieu désinvolte a choisis au hasard pour être les plus fous parmi les fous et passer pour les plus sages parmi les sages. Joli programme ! Immanente, la Vérité serait de l’ordre des choses, de la Nature. Mais comme à l’épreuve, le « réel » résiste à la connaissance, il faut bien y suppléer par le langage, c’est-à-dire en construire une représentation  logique. Car, notez-le, le fou est assez rarement illogique : il faudrait pour cela qu’il ait perdu le langage (je m’en expliquerai peut-être plus tard). C’est ainsi que l’on fabrique des systèmes politiques comme le « socialisme scientifique » dont les Penseurs ont reçu l’Illumination.

Tout ce beau monde croit dur comme fer à ses chimères. C’est un des symptômes assez répandus de la psychose. En réalité, la Vérité n’a pas davantage de consistance que l’Avenir : elle n’est rien d’autre que, dans un raisonnement, un jugement de valeur, la satisfaction procurée par la conformité du langage à lui-même, le quod erat demonstrandum (CQFD) attestant qu’on a réussi à enchaîner les propositions sans contradiction. Mais pour l’Élu comme pour l’Illuminé, la Vérité est une réalité, elle est littéralement réifiée, ce qui suffit à le distinguer de la masse crétine. On comprend que dès lors, le passage au messianisme est inévitable. Je suis frappé par la ressemblance entre les prophètes de tout poil et le Président Schreber.

Schreber, Daniel, Paul, a relaté ses délires dans les Mémoires d’un névropathe. Freud l’a pris pour un paranoïaque, mais il y a tout lieu de penser qu’il était paraphrène. En tous cas, il entend des voix (comme Mahomet avec l’ange Gabriel, ou Moïse sur la montagne) et se tient en relation avec Dieu par l’intermédiaire de « nerfs », mais son corps est modifié (comme les anges ont lavé le cœur de Mahomet) de telle manière qu’il puisse rédimer l’humanité, c’est-à-dire faire naître de nouveaux humains qui retrouveraient la béatitude perdue. Voilà le messianisme. C’est la certitude de la Vérité et la Mission concomitante. En cherchant bien, on retrouverait cela chez les politiques, des « Hommes Providentiels » qui ont pour mission d’éclairer les pauvres peuples et les conduire dans la promesse de l’Aube de la Raison, vers la société idéale. Platon était de ceux-là, comme Lénine ou n'importe quel hurluberlu socialiste. Le Guide a « le sens de l’Histoire », comme si l’histoire était un devenir convergeant vers un point oméga fixé à l’avance.

De tels délires, malheureusement, sont partagés et finissent par donner un corps de doctrine figé, l’idéologie, que des militants s’acharnent à propager. Évidemment, il y a toujours des hérétiques, des apostats, et des relaps. D’où des querelles de chapelles et souvent de sanglantes luttes d’influence. On a vu s’affronter léninistes et trotskystes, on voit s’affronter chiites et sunnites dans des combats à mort. Ce qui, tout compte fait, n’est pas vraiment déplorable.

Car, dit Karl Popper (La société ouverte et ses ennemis, Le Seuil, 1979), « vouloir le bonheur du peuple est, peut-être, le plus redoutable des idéaux politiques, car il aboutit fatalement à vouloir imposer aux autres une échelle de valeurs supérieures jugées nécessaires à ce bonheur. » En effet : le Guide et ses sbires clament surtout à qui ne veut pas entendre qu’hors d’ici, point de Salut. La doctrine est imposée à toute la société qu’elle vise à transformer, et très généralement au prix d’un assujettissement des citoyens. La démence et l’idéologie vont de pair avec l’anthroponomie. Ce mot n’est pas courant : le Reverso en donne une glose erronée, le Wikitionnaire ne fait pas mieux. Il désigne une manie réglementante, qui consiste à dicter aux hommes, au besoin par la force, la manière de se conduire dans la vie publique comme dans la vie privée. L’anthroponomie s’oppose très exactement à l’autonomie des citoyens. Notre vie privée est envahie de « normes » édictées par le pouvoir politique ou religieux sous divers prétextes, par exemple le format des prises de courant ou l’obligation de placer des détecteurs de fumée dans sa maison. Pourquoi pas la recette de la soupe aux poireaux ?

najat-vallaud-belkacem-obligee-de-se-forger-une-carapace.jpgCette anthroponomie est magnifiquement illustrée par cette déclaration de Lala Najat Belkacem, ministre au moment où j’écris : « Nous avons choisi le plus souvent d’inciter par la loi, mais imposer est parfois la façon de changer les choses. » Il faut vraiment être possédé par la Vérité pour proférer cet aveu. Le Guide seul ne peut pas tout : il doit être complété par le Législateur et le Flic pour conduire au Salut la masse obscurantiste. Frédéric Bastiat, dans La Loi analyse les rapports du tyran au législateur : « quand la Loi, — par l'intermédiaire de son agent nécessaire, la Force, — impose un mode de travail, une méthode ou une matière d'enseignement, une foi ou un culte, ce n'est plus négativement, c'est positivement qu'elle agit sur les hommes. Elle substitue la volonté du législateur à leur propre volonté, l'initiative du législateur à leur propre initiative. Ils n'ont plus à se consulter, à comparer, à prévoir ; la Loi fait tout cela pour eux. L'intelligence leur devient un meuble inutile ; ils cessent d'être hommes ; ils perdent leur Personnalité, leur Liberté, leur Propriété. » On ne saurait mieux dire.

Il faut donc se garder de ces illuminés qui se posent en Guides : ce sont des aliénés, des ennemis du genre humain. Quiconque se propose de créer un « homme nouveau » ou une société idéale est nécessairement un tyran, même si, tel le geai se parant des plumes du paon, il se déguise avec les oripeaux de la démocratie. Un tyran : non un dictateur. Dans des conditions de péril, un peuple peut choisir de déléguer pour une durée déterminée un pouvoir discrétionnaire à un dictateur qui, au bout de son mandat, doit remettre le pouvoir et rendre compte de l’usage qu’il en a fait. Le tyran, pour sa part, capte le pouvoir, ne le rend jamais, et en use selon son bon plaisir et son mauvais délire. Le tyran peut être un personnage singulier ou toute une institution gouvernementale, exécutif seul ou s’appuyant sur un législatif, mais son modus operandi est toujours le même.

Une société si mal gouvernée parce que les citoyens ont perdu leur autonomie et le contrôle sur le gouvernement est une société malade de son –ou de ses- Guide(s) dément(s). Elle devient la proie d'intérêts financiers, le Guide devenant, volens nolens, le bras séculier des monopoles. Elle devient également fragile face aux menaces extérieures et intérieures, surtout lorsque l'Homme Nouveau est  façonné sans racines et sans histoire, dans un délire paranoïaque d'abolition des frontières et de relativisme outrancier. Nous vivons une de ces phases dangereuses. Vérifiez, je vous prie.

Vautrin

(Le nom de l'auteur est connu de la rédaction)

mardi, 07 juin 2016

Les vaches et les terroristes

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Les vaches et les terroristes

Jan Marejko
Philosophe, écrivain, journaliste
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Quand je vois des vaches enfermées dans une « ferme à mille vaches », j’aimerais qu’elles puissent organiser un attentat terroriste contre cette horreur, symbole de la mécanisation de la vie. Hélas les animaux, contrairement à l’homme,  ne peuvent pas dire non à leurs conditions d’existence.

Mes contemporains ne cessent de me surprendre. Ils semblent être incapables de comprendre ce qui nous distingue des animaux, à savoir la faculté de dire non à l’ordre du monde. Certes, les animaux peuvent s’enfuir lorsque leur environnement leur est devenu hostile. Mais s’enfuir, ce n’est pas dire non au monde. Lorsque les juifs ou les chrétiens disaient non à l’empire romain, ils ne s’enfuyaient pas. Les premiers lui résistèrent militairement avant la diaspora – les seconds allèrent au martyre jusqu’à Constantin. Avec le djihad aujourd’hui, nous avons affaire à quelque chose de semblable comme le montre Gilles Kepel dans son dernier livre, Terreur dans l’Hexagone. Daech appelle parfois ses ennemis des Romains.

Les djihadistes disent non à l’ordre occidental du monde et ils sont loin d’être les premiers à le faire. Le Manifeste du parti communiste était un formidable « non » à l’ordre capitaliste, un « non » qui inspira des milliers de terroristes avant de conduire à la « Révolution » de 1917, laquelle mit en place un État exterminateur. Aujourd’hui, Daech est une divine surprise pour certains marxistes qui découvrent dans l’Etat islamique le relais d’un mouvement révolutionnaire qui s’est essoufflé. Gilles Kepel écrit que la bannière verte de Mahomet a pris le relais du drapeau rouge (communiste). Cette bannière verte peut aussi séduire  ceux qui veulent purifier le monde avec des Panama Papers ou des « Kalachs ». Rien de nouveau sous le soleil. Les Gnostiques des premiers siècles,  les Cathares du 13ème siècle le voulaient aussi. Le refus de l’ordre du monde glisse facilement dans la haine du monde.

bearnaise_tete_haute.jpgDevant la menace terroriste, il ne sert à rien de pousser des couinements d’effroi, tout simplement parce que cette menace n’est pas nouvelle et qu’il faut d’abord comprendre sa nature avant de lui répondre. Rien ne montre mieux la déculturation de l’Occident que ces couinements. Nous ne savons plus ce qu’est un homme. Nous ne savons plus que sa dignité réside non pas dans une jolie intégration dans le monde, mais en une ascension au-dessus de ce monde. Le terrorisme consiste en un refus de l’ordre du monde, non point par ascension mais par descente dans le sang des massacres. Mais refus il y a et ce refus est le propre de l’homme.

Sans un « non » au monde, il n’y aurait pas une humanité mais des vaches, peut-être malheureuses dans leurs fermes, mais des vaches. C’est parce qu’ils rejettent l’ordre des choses que les hommes renversent des empires, se lancent dans des conquêtes, résistent à un occupant. Peut-on inscrire les djihadistes dans cette logique ? Bien sûr ! Il suffit pour s’en convaincre de lire le livre de Kepel. Ceux qui partent pour la Syrie ou l’Irak ont le sentiment de vivre dans un « pays de malheur » (la France). Pourrons-nous, grâce à nos analyses sociologiques, renverser cette logique et intégrer les jeunes perdus des banlieues ?

Évidemment non ! Surtout en un âge qui prétend expliquer les comportements humains par l’économie,  la sociologie ou des circuits de neurones. J’entendais samedi dernier, dans l’émission « Répliques », Pascal Bruckner déclarer que toute crise économique est une crise spirituelle. Comme j’aimerais qu’on l’entende ! On ne l’entendra pas parce que nous vivons dans un climat culturel qui a éliminé la spiritualité. Quand on a fait cette élimination, on ne peut plus comprendre une révolte, quelle qu’elle soit. Le djihad est une révolte. Qu’elle puisse conduire à une catastrophe, d’accord, mais c’est une révolte.

Il y a des révoltes qui veulent l’apocalypse, une extermination de tout et de tous comme les sectes anabaptistes ou adamites du Moyen-Âge. Il y en a d’autres qui n’excluent pas la possibilité d’un monde nouveau. Mais lorsqu’il y a des révoltés, on ne peut pas les considérer comme une bande de fous. Ou alors, si on le fait, il faut s’attendre à des déboires. Le régime tsariste a considéré que les terroristes étaient une bande de fous. Il est tombé, laissant la place à un régime pire encore. Est-ce ce qui nous attend avec Daech ? Personne n’en sait rien, mais ce qui est sûr, c’est que ce ne sont pas des experts qui vont nous éclairer, parce qu’ils partent de l’ordre des choses. De quoi donc faut-il partir ?

Du délitement spirituel de l’Occident. Certes, le sacré, ou le religieux, ou le spirituel, on le tolère avec ce sourire suprêmement hypocrite qui invite chacun à être et faire ce qu’il veut au nom des droits humains. Révérez votre Dieu dans la salle à manger avant d’avaler votre hamburger, mais pas question de faire votre révérence dans l’espace public et laïque. Ce n’est pas à partir de là qu’on peut commencer à comprendre un peu le terrorisme. Alors, à partir de quoi ?

Le rêve d’une nouvelle communauté a toujours hanté l’humanité. Qui n’en rêve pas ? Enfin une vraie patrie avec des ancêtres respectés et des mères qui ne sont pas des mères porteuses ! Ce rêve peut faire basculer dans la violence lorsqu’on sent qu’on s’en éloigne trop. Aussi bien des révolutionnaires que des réactionnaires ont connu ce basculement, soit parce qu’ils voulaient, respectivement, revenir en arrière ou aller de l’avant. Les communistes voulaient aller de l’avant vers une société sans classe, nouvelle communauté qu’ils entendaient promouvoir sur la terre entière avec meurtres et attaques terroristes, tout comme les musulmans, aujourd’hui, rêvent d’établir l’oumma sur toute la planète. Les réactionnaires ont généralement eu des buts plus limités, mais ont eux aussi eu recours à la violence, comme Pinochet. Je veux bien qu’on dénonce ce général, mais ses crimes pâlissent comparés à ceux de Mao.

Il convient, pour prendre la mesure de ce qui se passe, de voir le lien entre les révoltes de mai 68, l’humanitaire et le djihadisme, comme nous y invite d’ailleurs Kepel qui rapporte une anecdote incroyable. Un vieux trotskiste, issu de la mouvance soixante-huitarde, Didier François, inventeur du slogan fétiche « Touche pas à mon pote » est fait prisonnier puis otage par un groupe islamiste. Et là, il est maltraité par ses geôliers dont l’un, Mehdi Nemmouche, auteur de l’attentat contre le musée juif de Bruxelles, était à l’origine un de ces potes. Le gentil était devenu un méchant. De mai 68 à l’humanitaire puis au djihadisme, le chemin est beaucoup plus court qu’on l’imagine. A force de sourire à tout le monde, on peut finir par vouloir tuer tout le monde.

Les vaches, comme tous les animaux, m’émeuvent profondément, mais les hommes m’émeuvent encore plus, surtout lorsqu’ils se révoltent. Lorsque, dans la critique du terrorisme, je ne sens pas cette émotion, je décroche. Qu’est-ce qu’un homme incapable de dire non ? Comme moi, Albert Camus se le demandait et comme moi, il ne trouvait pas de réponse.

Jan Marejko,2 juin 2016

lundi, 06 juin 2016

Shakespeare. Céline. Secrets at Bottom

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Shakespeare. Céline. Secrets at Bottom.

Last night I ushered at the local Shakespeare Theater. I had to look the part. So I bought shoe polish at the dollar store, lathered my loafers three (3) times, and glossed my footing. Meanwhile, I discovered the secret of Chinese shoe shine exporters: mix dog shit and lard, slip it in a tin, seal it with a Royal English label. 

Dollar stores in Philadelphia must carry all brands of shudras. It’s a footnote in federal non-discrimination posters. Freedom Dollar Store more or less complied. A tall Jamaican worked and preened as a bouncer, a short Mayan-Mexican worked and worked as a stock boy, and a stout Paki in a hijab worked as the owner-overseer from a raised deck with a battery of cash-registers. Finally, a Dominican with rosy lipstick ran the main register and did the dirty-work of taking money. Ha. Ha. I mean she did the dirty-work of interfacing with every fugitive, sickling, church-lady, doped-up mumbler and cheap urban gigolo who counted pennies on the counter.

dom021b1df5cc5132cdcd95.jpgThe Dominican was very nice. Authentically nice. She wasn’t some missionary White Liberal signaling her love of poor darkies for all to see. I think, speaking of trade secrets, that the Dominican girl’s strategic advantage was that she didn’t give a shit. 1) She didn’t give a shit about the backsliding American Blacks need to show, via the stink eye, a smug hatred of Whites. 2) She didn’t give a shit about the USA’s enterprising spirit and/or Judeo-Christian blather which means, for the wage earner, the freedom to work faster and faster to go deeper and deeper in debt while buying costlier and costlier crap. Because the island girl was a champion at handling the leery niggers, stumbling mongrel junkies, and freelance critics who walked in the door, the Paki overseer gave her space. She let the Dominican work at her own fresh and breezy rhythms which are most alien to Filthadelphia.

Life is rich at bottom. A White racist can learn valuable lessons from non-Whites who’ve adjusted to the truth and lies of devolving America. The brown Dominican girl will be just as free and lovely when Western Liberal Plutocracy goes down the toilet. Why? Because her womanly discipline is to be free and lovely right now, regardless of empty promises blabbed by wooly race hustlers, porked-pink politicians and blah, blah, blah. She’s a sparkling gem. Her counterpart is the Black bus driver who’s well seated. Almost like a post-volcanic island. Almost like the Rock of the Ages. But surely the well-seated Black bus driver is like Our Lord’s humble proxy, a salty apostle at the helm of the rolling boat while currents of assholes and elbows flow on the street. And trickled on and off the bus, ebbing and flowing like h-o-p-e.

If you’re a thinking bub with a mind to study a non-White who’s reconciled, within his own cultural referents, the metaphysical truth that we’re all equal in Almighty God’s eyes with the material truth that humanity is a mixed bag? Look to the African-American bus driver. My present point is that the increasingly angry Whiteman can learn from post-disappointment Blacks. Perhaps meta-mature Blacks. On a personal level, even as nailed Christians they don’t give a shit about you. They don’t care whether you’re racist or non-racist or grey in your skin. They solely care about being true to their own inner-standards of Soldier of God comportment. The very best Black bus drivers are bible driven. As Baptists, they are what Evola would call late and faded echoes of the Heroic Navigator. Very late. Very faded. Very barely tuned to the stellar pulse of Aryan lore.

Maybe it’s more like the best Black bus drivers have taken the Hippocratic Oath: First do no wrong. Which reminds me of the trade-secret of Philadelphia’s 5 Star Hospitals. At the pinnacle of tech and brainpower, you get a variation of the same muffled bullshit that passes for harmony on the street. The working truth is that it’s the bosomy White nurses, the modestly high-IQ and pathologically caring goy women, who interface with the human wreckage. They wipe hurt butts, clean pus from fetid wounds, and handle blood and urine samples. If they’re to be trusted with intellectual labor, then they translate aching and garbled complaints into medical terms for the international elite doctors who enter the treatment room like NWO super-stars. The Indians, Asians, Israelis, and shellacked Iranians who ultimately make the call: emergency surgery or modulated therapy or pasty white placebo. A Caucasian Male MD, hired into the hospital on 30-year probation as a congenital but dormant racist, would say that I’m exaggerating the truth. Ha. Ha. A fey diagnosis. I’m exploding the truth.

As for prophetic telling? As for the future of poor White pawns when we’re a minority in America? It’s foretold in Philly if you can read the bumps on the heads of backsliding and dazed Catholics. It’s a trade-secret of serene immigrants to hire a Christianized naif to handle the irate Blacks who enter the door. Preferable, a poor White girl from the depleted Irish Catholic neighborhoods who’s a single mom and reconciled to low-grade abuse. When you see a NE Asian-owned cleaners, with a monkish Asian doing the tailoring and banking, and a rag-faced goy answering complaints about chemical stains and lost pants, you’ve found foreign newbies who’ve aced the New America. They’ve solved the mean streets. It’s up to the native-born White, the face of punch-drunk sympathy, to deliver the law to homeless dregs, “I told you yesterday that you can’t use the toilet. It’s still for employees only. I’m sorry. Sorry. Sorry.”

domgirl_08.jpgThat’s today’s Philadelphia in the public and semi-public commons where Whites are irrelevant. Reduced to fear and piety or jailhouse bravado. It’s better if you have can afford valet parking. In any case, last night I went back to 1600 and saw a Shakespeare play. I’ve ushered at the theater about 25 times, and that’s my most venal trade-secret as a cheap-ass writer who’s often too lazy to read. It’s said that Shakespeare was a closet-Catholic. Judging by the bewitching hoo-doo in Macbeth, he was also a closet Pagan. It’s a weakness in Christian lore that Mary Magdalene isn’t too appealing as sin’s female agent. But Lady Macbeth has dark feminine wiles that are almost equal to Cleopatra, who Shakespeare renders most lustily. For a while, in the black heart of the play, Shakespeare doesn’t give a shit about the need to present the noble, regal and queenly female ideal. He flies the devil’s kite. He creates stormy fun. But in the end, proper moral order is restored with the thrust of an avenging sword. The good guys win, and social harmony returns to The Realm.

Shakespeare has given me a considerable trade-secret: be irresistibly nasty and politically obscene in my script until the very last moment. Then, like a magician pulling a rabbit out of a hat, produce a warm ’n fuzzy ending. In shoe-shine terms, produce a nicely polished finish and don’t worry about the thin gloss. In 101 textbook terms, produce a plot resolution wherein public order and Divine Order are restored as One. Be wholesome as an afterthought. Take it to the bank.

Thanks Bill. You’re the greatest! But I’m a follower in hard times. I’ve got my own trade-secret to sculptify as a writer. I’ve got my own deep personal resolution to chisel into a plot resolution upon the public stage. Too bad that my ends are as time-specific to the Leaden Age of Western Liberal Plutocracy as Shakespeare’s ends were time-specific the Golden Age of Elizabethan Theater. I’m living at the bottom, maybe beneath the bottom, of a World Historical Cycle if not the Kali Yuga. The point? Regardless of my powers as a cheat, I just can’t pretend to think that the Public Order, the Moral Order, the Natural Order and the Divine Order can be reconciled as One in Philly. Neither can a redeeming spin be synched to the roundly vacant USA and the flickering Globalist Hairball. So much for climactic catharsis with a familial denouement. Shakespeare’s advantage was that he had a knowing race of Englishmen to honor as a loyal and loving prick. He lived at the golden dawn of the British Empire wherein even a vicious pirate like Sir Francis Drake could sincerely drop to his knees and praise The Island Throne. The crowning Spirit of England with its guarded line of aristo-buccaneers. Maybe Sir Richard Burton, as epic writers go, was the last of the breed. Dr. Albert Schweitzer called him “a moral idiot.” But Burton was a heroic navigator of Olympian stature nevertheless. In body and spirit, he was a jealous pedigree with a blinding light.

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Life is funny at bottom. It’s amusing to belong to the nadir of Western Man. I’m perfectly cozy here and now. I merge effortlessly, as a natural, with Filthadelphia and its soiled joys and catastrophes. The problem? The trade-secret that’s caught in my throat? The truth that inflames my neck? As a writer and voice, I segregate! I segregate my own frail creative germ from the filthy pedestrian soul-bath regardless of lost profit. I just don’t give a shit about the poor and wailing demos that I know too well. To make matters worse, I don’t give a shit about my financial betters who control the purse-strings, the puppet-strings and the heart-strings of public theater. Neither do I favor their actors in reserve, primed like bombs for the 6 o’clock news: anti-White revolutionaries, volatile immigrants and nihilistic rioters with red-hair, freckles, and dog breath. All that cheap shoe-shine, all that cheap moral or editorial gloss, all that crap lathered over power politics. Really, racial politics.

celine-meudon-1959.jpgFrom the bottom of the Kali Yuga, the grease-pit of the Aryan roller-coaster, my job is to error on the side the Higher Orders. To come clean, as a privileged species of dirty White voyeur who has glimpsed the summit. Revealed in it’s clear majesty by Shakespeare at the top of the ride. Concealed in its gloom by degenerate carriers at bottom. Céline, a man amongst lethal cry-babies and cussed goyim, took it upon himself to grasp the low light. I know some, not all, of his trade secrets. First Céline recognized the luminous germ in the rhapsodic tripe of belly-aching Celt rustics in Paris. Then he recognized the lyrical germ in himself. That was a fateful day. A heroic prick, Céline made his noted lingo, his ripped ditties of genius, untranslatable even into languages like German and Italian that have a kinship with French. It was Céline’s take on low-down fun. It was also Céline’s take on the sport of kings.

A backstreet metaphysician, Céline took the Left Hand Path to the Olympian Heights of Immortal Fame. To cover his tracks in plain sight, he sputtered an asinine ferment of giddy yet scorched-earth prose. There’s do-or-die conviction in his funny steps. The man put himself to the test! And whatever Céline’s ultimate trade-secret, it can’t be severed from his core muse to leave French literature, maybe Western literature, in a vacuum after his death. He refused to be followed.

This explains, at bottom, his anti-Semitic rants. Céline’s paranoia in the face of shysters who’d make a global prole, a pan-humanist, an embalmed ambassador for Colored Revolutions in Africa and Slavonia out of his corpus. Céline: a self-immolating genius. Too hot to touch and leaving friends and foes majestically incensed. Maybe he over-reacted. But maybe he didn’t.

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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jeudi, 12 mai 2016

Res Publica Europensis

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Res Publica Europensis

par Yohann Sparfell

Ex: http://www.in-limine.eu 

« L'esclavage prend de graves proportions lorsqu'on lui accorde de ressembler à la liberté »

Ernst Jünger

La modernité a eu pour principe de nous asséner une « vérité » qui aurait été l'ultime vérité: l'humanité aurait atteint ses propres profondeurs en accomplissant son destin. L'histoire serait parvenue à sa fin et nous aurions eu la pleine maîtrise du monde en acquérant la possibilité de le façonner sans limite pour notre usage. Il s'est agit d'une révélation, d'une forme de « religion », dévoyée, dans le sens où au travers elle nous imaginons un monde issu d'une création ; mais d'une création de notre fait, d'une Raison imaginative qui outrepasse le sens de la liberté.

Le Progrès nous a emmené là où nous en sommes actuellement: l'accomplissement de l'humanité, donc en quelque sorte, sa fin, son obsolescence par conséquent. Car en effet, c'est une conséquence dont nous ne pourrions en contester le terme. Le temps fut venu de faire table rase, et d'opposer une prétendue supériorité du post-humain à l'antiquité crasse d'un vieux monde enraciné et... trop humain. La prétendue spiritualité derrière laquelle se cache cet élan maudit de création puis de destruction nihiliste est bien dans l'air du moment, mais plutôt au sens où elle n'est plus attachée à rien, où elle se prend d'une irrésistible envie de voler entre les nuages des rêves de puissances et des désirs de se prendre pour Dieu. Mais alors, est-ce encore une spiritualité ? Cela en tient lieu à partir du moment où elle tâche de nous « élever » vers une croyance envers un monde où l'homme, sans limite, aurait la maîtrise de tout ce qui l'entoure, de lui-même, de sa propre vie comme de sa mort. Mais il faut bien distinguer la croyance du mirage. Et la spiritualité des temps postmodernes, aboutissement de la modernité « libérée » des croyances et des dogmes surannées, n'existe qu'en rapport au mirage, parce qu'elle ne pose d'emblée aucune limite à son champs d'action, à sa tendance à fonder un monde-exutoire pour l'individu « libéré ». Une spiritualité qui rend honneur aux instincts insatiables de l'homme, qui tend à l'abaisser et non à l'élever, bref, une spiritualité à l'envers. Nous pourrions dire à son propos qu'elle n'est donc pas liée à une espérance céleste de l'homme, qu'elle ne se situe pas sur les sommets, mais a contrario au sein des profondeurs liquides où tout se mêle, se confond, et où rien d'autre ne compte que l'illusion d'une indépendance conquise au prix du sang des peuples de l'Europe qui a porté pourtant en son sein, originellement, un tout autre humanisme.

En sacrifiant à une « spiritualité » dévoyée, à un « humanisme dévergondé », l'on pèche effectivement par excès, et l'on met en péril l'âme et l'équilibre de notre civilisation et, aussi, la terre qui la porte depuis des millénaires : l'Europe. Comment pourrions-nous sauver, en la réaffirmant, cette civilisation qui porte en elle l'espoir sans fin d'un humanisme garant de la personne et de sa singularité ? En nous y inspirant de nouveau – une fois évacuée le pseudo-humanisme des Lumières et des droits-de-l-homme – afin de prendre goût et passion, de nouveau, pour le soin et le progrès de notre Europe et de ceux qui la font depuis des générations. Mais quelle est cette Europe que nous pourrions fonder si tant est que nous en ayons encore la force ?

La singularité

Belgique_Bruxelles_Fleche_Hotel_de_Ville_54e91d7f6e52407fb26ac5f7200f5262.jpgÀ partir du moment où il nous fallut engendrer un monde pour l'homme « libéré » de ses attaches et de ses appartenances, il fallut bien dans le même temps engendrer cet homme lui-même. Si l'homme n'est plus cette créature qui se doit de rendre grâce à son Créateur, en poursuivant sans fin sa quête de vérité, alors il tend à devenir le créateur lui-même, celui d'un monde fait à son image, ou du moins à celle qu'il imagine être la sienne.

Notre monde, celui de la modernité, a ceci d'étrange qu'il est bel et bien le nôtre, celui issu des délires de nos imaginations idéologiques depuis près de trois cent ans. Mais comme tout ce qui est conçu, il se devait d'être achevé, de tendre vers une sorte de perfection. Ainsi le monde est devenu une certitude, rassurante. Il est devenu possible tout à coup de pouvoir le concevoir, c'est-à-dire de se donner la possibilité d'en extraire toutes les fonctions sous des formes mathématiques – les mathématiques ne sont pas l'expression tout entière de la vérité mais seulement un langage permettant de modéliser la réalité telle que l'on est supposément capable de le faire à un moment donné. Ainsi, le monde est explicable, commensurable, limité. Il devient par conséquent possible d'atteindre la « vérité », et enfin pense-t-on de pouvoir se reposer, s'endormir sous les fatras de nos rêves utopiques.

Dans un monde ainsi imaginé, il n'y a plus de place pour l'incertitude, l'intranquilité, la quête de sens. Il n'y a plus qu'une immanence froide au sein de laquelle se doit de se loger l'humain, d'y demeurer. Et c'est ainsi que les demeurés tendent à se ressembler en se rassemblant dans un esprit grégaire. L'individu est né par le fait qu'il fallait qu'il s'adapte, non pas tant à ses conditions réelles, biologiques, sociales, politiques, mais à des préjugés pour lesquels il tendit à s'uniformiser. Le « tous pareil » fut le nouveau credo d'une modernité qui, de par sa nécessité de rationaliser son espace, et son temps, engagea la création d'un homme-individu d'une espèce bien déterminée. Au nom d'un tel monde, de telles certitudes « scientifiques », que n'avons-nous pas brisé comme espérances ? Combien d'étoiles n'avons-nous pas éteintes, étouffées par une « vérité » suffocante ?

Bien entendu, tout monde humain appelle une certaine normativité des comportements, une certaine homogénéité des mœurs, au nom de principes communs. Mais ceci ne fonde en aucune manière une uniformité du cœur des hommes. Chacun de ceux-ci en effet est invité par notre tradition gréco-chrétienne européenne à une recherche personnelle de la vérité, tout en maintenant le soucis constant d'adhérer à des valeurs civilisationnelles. Le principe de cette adhésion est donc d'assurer et d'accroître idéalement la pluralité des formes personnelles et collectives de quêtes pour la vérité. La vérité n'étant pas définissable en dernier lieu - par conséquent elle se dérobe perpétuellement lorsque l'on tente de la figer - l'identité ne peut se définir que conditionnellement. Cette dernière n'est qu'une forme que prend une résolution face à la responsabilité qu'a une communauté humaine, dans le temps et en un lieu, d'absorber la diversité sous une nécessité ontologique : celle de la quête de vérité et du maintien de l'espérance dans la vie de cette communauté. L'identité en ce cas est liée à l'émergence et la diffusion de l'énergie émanant de la diversité humaine au sein de l'interrelation formée par la communauté. Tout le contraire d'une identité conçue comme imposition d'une forme d'espérance qui s'apparente bien plus à un destin commun soumettant chaque homme à un but. Dans le premier cas, la dynamique vitale émerge du moyen qu'à l'homme de progresser, dans le second, cette dynamique s'essouffle dans le but imposé.

Ce but nous ramène à l'individu et à ce qui l'identifie à un autre individu : la défense de son intérêt. Au nom de ce préjugé, car c'en est un, nul nécessité ne peut apparaître quant au maintien de la diversité culturelle et personnelle au sein de l'humanité, sinon de façon exutoire – le ressentiment dû à la vue provocante de ce qui paraît différent. L'utilitarisme effrénée pour lequel on a fondé un monde uniforme et figé, et le doute insupportable dans lequel s'enfonce la civilisation postmoderne vis-à-vis de la croyance en la toute-puissance de l'intérêt individuel comme moteur de ce monde, pousse désormais l'individu européen à ne plus croire en lui-même. Il ne peut plus se situer dans une civilisation singulière et devient par là-même flottant, « liquide » comme disait ZigmuntBauman.

Il ne peut en être de même de la personne, enracinée dans une réalité, une civilisation, une certaine forme d'espérance. Il ne peut en être de même de celui pour qui le chemin mérite plus nos attentions que le but à atteindre qui toujours véritablement se dissipera à mesure que l'on s'imaginera l'approcher. Le monde ne se construit qu'illusoirement d'après nos mythes. S'il était particulièrement courant de le faire en des temps très anciens, aujourd'hui nous le faisons en nous appuyons sur une « raison » disproportionnée, en rejetant toute limite pourtant inhérente à notre réalité. Nous avons mis sur pied un système de pensée inventant un monde à notre usage. Ce monde n'est plus celui de la personne, d'un homme conscient de ses propres limites, mais de l'individu mu par ses seules envies d'avoir la pleine maîtrise sur son destin.

Chaque personne est pour elle-même une parcelle d'absolu, et pour le monde une parcelle de relativité. C'est la raison pour laquelle son accomplissement représente à l'égard de la « personnalité » de Dieu une nécessité, une sorte d'obligation vis-à-vis du reste de la Création – et par conséquent du reste de la communauté dont est membre la personne. Entraver cette liberté, car il s'agit là de la seule et véritable liberté, revient à nier la présence de Dieu dans l'Univers, le monde en Dieu et Dieu en chaque partie du monde. L'accomplissement est la dynamique qui porte le « monde » - l'univers comme les mondes humains – et la personne possède en elle-même cette capacité « naturelle » à pouvoir se déployer, à l'image, inversée, de Dieu par l'Univers ; c'est en cela que l'éducation a un rôle si fondamental et profond au sein d'une civilisation comme la nôtre en Europe et qu'il est nécessaire d'élever au rang de priorité pour sa nouvelle renaissance.

Si l'homme ne prend pas acte de cette nécessité, il n'octroie au monde, par répercussion, qu'une « valeur » insignifiante, et surtout insensée – d'où alors la possibilité d'en exploiter les ressorts. Le sens que collectivement, en tant que civilisation, nous donnons au monde, à notre monde, est lié au sort que nous réservons à la personne, au respect, ou non, de sa singularité. De la pluralité des aventures personnelles naît un monde dont les principes, les valeurs, reposent sur la liberté et l'intensité par lesquelles ont pu, et peuvent, s'accomplir ces aventures en harmonie avec toutes les autres.

Des singularités qui ont la faculté de pouvoir s'affirmer, s'épanouir autant que faire ce peut, portées par l'espérance en l'avenir, cela procède d'une singularité générale de cette civilisation qui donne à l'humain une place plus haute, et différenciée par rapport au reste de la Création, que n'apporte aucune autre civilisation. Ainsi en est-t-il de notre civilisation européenne. Au regard de ce principe au moins deux fois millénaire, l'Europe est digne de se donner par elle-même en ce troisième millénaire naissant une organisation sociale, politique et « religieuse » qui la pousse en avant sur la voie de l'espérance et de la puissance.

L'autonomie personnelle et communautaire

L'homme n'est une personne qu'à partir du moment où il s'intègre, consciemment ou pas - et consciemment est pour le mieux - aux communautés qui lui apportent les soutiens nécessaires à sa propre réalisation. Ces soutiens, quels sont-ils ? L'ensemble de ce qui peut lui permettre de s'affirmer parmi les siens (éducation, savoirs, etc) et par la suite, de lui donner l'occasion de saisir ces opportunités de la vie par lesquelles il aura la chance de s'élever par-delà lui-même et ainsi dépasser ses appartenances. Ce dépassement n'est pas une négation. Élever un être humain, ce n'est pas le jeter dans les airs. C'est tout au contraire l'accompagner vers son accomplissement et l'affirmation de sa propre personnalité, irréductible à tout autre. C'est en cela que la personne « dépasse » ses appartenances : par l'assomption de l'ensemble de ses identités, telles que définies prioritairement plus haut.

Mais un tel paradigme ne peut se concevoir que si l'on se réfère à un certain progrès accompli au sein des communautés humaines. Faire mention à ce moment d'un progrès humain lié à la faculté pour les singularités d'accéder à leur auto-réalisation, c'est de notre part s'attacher à des valeurs qui sont celles de la civilisation européenne : l'homme doit trouver en lui-même les ressources qui lui permettront de se dépasser et de trouver son Salut. Cela implique de ne plus seulement se référer aux mythes fondateurs de notre civilisation, incontournables d'une certaine façon, mais à ce qui fonde l'âme de cette civilisation : la quête pour la vérité. Le monde, tout comme l'homme, comme chaque personne, reste toujours à découvrir, par nous-même, par lui-même, par elle-même. Mais il ne s'avère possible de le faire que si l'on a les pieds bien ancrés sur notre sol, dans la réalité qui nous fonde et peut être à même de nous élever par la suite. La vie est une recherche, de soi-même et de la vérité sur le monde, et il n'est possible de la mener qu'en accédant à une plus ou moins grande part d'autonomie. Et l'autonomie n'est pas l'indépendance, ni l'autarcie. Elle peut se concevoir comme une dialectique.

L'auto-réalisation implique une connaissance préalable de soi, une recherche de la vérité qui n'est pas dirigée uniquement vers l'extérieur de soi, mais aussi vers l'intérieur. Connaissance et vérité, renaître au travers de l'assomption de ce que l'on est véritablement, c'est ce qui stimule l'espérance. C'est aussi ce qui nous porte vers l'autonomie, vers une maturation et l'élévation de l'esprit, vers la possibilité de se désenclaver de sa « gangue » tout en restant soi-même, en bref, d'existerex, hors, du stare, immobilité. C'est proprement affirmer son identité personnelle, tout en donnant aux identités collectives qui ont nourri les prémisses de notre humanité la valeur de repères dans le cheminement de la vie - nous ne saurions partir de rien mais toujours d'un « là ». « Connais-toi toi-même ! », à condition de pouvoir en permanence se ressourcer à ce qui alimente notre besoin de nous enraciner dans une réalité rassurante : nos communautés d'origine.

La vérité est unique, mais diverse la façon de l'aborder. Et tant que cette diversité existe, existera aussi l'espérance d'approcher toujours plus de la vérité, pas à pas, munis de notre propre vision du monde. Ainsi armés, nous pouvons avancer sur le chemin de nos accomplissement personnelles, de notre autonomie, tout en enrichissant nos communautés de nos expériences et de nos diversités. En se découvrant soi-même, l'on découvre l'autre, le prochain, ceux de sa race, de son métier, de sa patrie, puis l'on peut alors partir à la découverte du lointain, l'aborder en toute confiance, de soi-même et de ses propres capacités.

leuven00428ca.jpgComme nous l'avons dit plus haut, la quête d'autonomie est une dialectique : nos communautés sont les soutiens nécessaires, les sources de nos espérances, les causes immobiles de nos engagements, tandis que ces derniers représentent des sauts dans l'inconnu qui sont autant d'espoirs vers une élévation de nos âmes. La liberté, lorsqu'elle n'est pas dévoyée, s'alimente de ce besoin irrésistible de dépasser les immobilismes inhérents à ce qui existe depuis fort longtemps, à ce que les hommes ont fondée depuis les temps immémoriaux. Mais elle ne peut le faire qu'en sachant très bien qu'il lui faut pourtant s'y appuyer, s'y inspirer afin de, non pas engendrer le même, mais quelque chose de toujours supérieur, quand bien même cela ne serait que faux-pas.

Les communautés ont besoin de vivre par elle-même, en toute autonomie. Et elles ne peuvent construire cette autonomie que si elles permettent à leurs membres d'accéder eux-mêmes à une part la plus large d'autonomie. Ce qui implique une responsabilité de leur part, et de la part des communautés à leur égard. Tout ceci va évidemment à l'encontre, radicalement, des tendances actuelles au sein de notre monde individualiste. C'est que les hommes y sont sensés être hommes par eux-mêmes, en ne considérant que leur nature organique, et en niant les attaches qui pourtant les a fait être tels. Nul n'est vierge de dettes envers ses prédécesseurs !

L'autonomie, comme beaucoup de concepts de nos jours, est bien mal comprise par nos contemporains. On la confond avec l'indépendance. Or, l'autonomie est cette aptitude à trouver à partir de soi dans son environnement propre les conditions de sa perpétuation et de sa croissance. Elle requiert par conséquent une inter-dépendance entre les divers éléments « habitant » un espace donné. Ce qu'il est important d'admettre, c'est surtout qu'elle implique deux attitudes qui semblent non sans raison antinomiques, mais qui peuvent aussi paraître par certains égards complémentaires : d'une part le besoin de maintenir l'acquis, c'est-à-dire l'instinct féminin de conservation, de compassion, de soin, de statisme, et d'autre part le désir viril de conquête, de victoires, d'extension, d'adaptation aux défis lancés par de nouvelles conditions de vie.

En réalité, l'autonomie est un idéal reposant sur le principe de liberté. La personne qui se construit, qui s'émancipe par la même occasion des lourdeurs de la tradition, trouve en elle-même - à condition d'avoir reçu une éducation le lui permettant – des ressorts singuliers, des aptitudes particulières, qui lui fournissent maintes opportunités de pouvoir s'affirmer et se détacher de la collectivité. En cela, elle se libère. Mais, en se libérant, elle s'attache simultanément d'une autre manière à sa, ou ses communautés, par le biais de la place qu'elle y trouve, et qui lui correspond. Il s'agit là d'une reconnaissance de ses pairs qui lui est à un moment indispensable afin de se voir garantir son statut et sa liberté conquise. L'autonomie est une quête de liberté et de vérité, elle invite à constamment s'engager sur la voie solaire de l'élévation de soi et de l'affirmation de son être, de la conquête tant spirituelle que matérielle, tout en défendant ce qui fonde et perpétue par son pouvoir générateur cette quête : la tradition, la Culture communautaire.

Si l'autonomie est un détachement, celui-ci ne peut être qu'apparent car elle ne trouve de dynamique que dans les communautés qui l'incitent au niveau personnel pour elle-même, pour leur propre autonomie. Une séparation telle qu'on l'entend dans notre époque individualiste et décadente n'est qu'illusion dans la mesure où l'homme séparé, aérien, identique, est une foutaise inventée par des idéologies qui ont pensé que celui-ci n'était avide que de ses intérêts. Or, c'est bien à toute autre chose à laquelle songe l'homme en marche vers son avenir – et non son futur, tout tracé -, quelque chose pour laquelle il serait prêt à donner sa vie en dernier ressort : son honneur, qui soumet sa vertu à l'épreuve.

La tendance naturelle des communautés vers l'autonomie, lorsque bien sûr celle-ci n'est pas contrariée par des assauts extérieurs, se conjugue donc nécessairement avec un ordonnancement des facultés qui la composent. La culture dite « populaire » est un vaste tableau représentant au moyen d'une palette d'expressions diverses et variées la façon traditionnelle de répartir les rôles et compétences, un ordre nécessaire dans une société humaine.

Diversité et inégalité : les deux mamelles de la justice

La diversité humaine, tant eu égard à la personne qu'à ses communautés, est un facteur qui, contrairement à l'approche néo-libérale mercantiliste, doit être vu comme une véritable chance. En effet, dans nos sociétés actuelles consuméristes, la nette tendance est de niveler toutes différences afin d'accroître la possibilité pour les marchés mondialisés de pénétrer l'ensemble des territoires – au sens large – renfermant des consommateurs potentiels (ceux qui ne sont pas solvables n'étant alors soumis qu'au pillage de leurs ressources). Or, dans une toute autre optique, qui est celle d'une élévation du potentiel humain dans un but de véritable progrès, tant spirituel que matériel, le fait même de la diversité humaine avec toutes ses conséquences fournit une base sur laquelle fonder une civilisation plus haute, plus humaine. Nous nous devons d'insister ici sur le fait que cette notion de « progrès » dépend du caractère singulier de la civilisation au sein de laquelle elle fut culturellement - la Kultur - élaborée ; en ce qui nous concerne, il s'agit bien d'une vision européenne qui est la nôtre.

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Le déploiement d'énergie qui est à même de pouvoir jaillir de la « base », de l'entrelacement des diverses singularités composant le monde humain, et intégrant la faculté de donner à la notion de progrès un sens aléatoire, non prédestiné, résulte directement d'un ordre fédérateur organisant les forces sociales horizontalement et verticalement. Nous pouvons alors parler d'une certaine vision de la justice, dont le sens aujourd'hui est lié à la soumission aux préjugés sur l'homme, établis depuis près de trois cent ans par des idéologies déconnectées de toute réalité, désincarnées. A contrario du sens moderne qui lui est donné, la justice se rapporte bien plutôt au bon ordre, à la possibilité donnée à chacun de trouver sa place au sein de communautés humaines interdépendantes. De cette condition découle une plus forte probabilité de définir le Bien commun : la dialectique entre le particulier et le collectif dans le sens d'un progrès désiré, et non envié. Tant la diversité des personnes au sein des métiers, des associations professionnelles ou autres, que la diversité des régions et des nations au sein de l'Europe, œuvrent à une plus forte possibilité d'intégration des différences, dans la mesure des règles communes, et à une plus grande puissance d'adaptation et d'efficience de la base vers le haut de toute l'organisation sociale.

Une telle vision des choses ne fait pas abstraction de l'inégalité fondamentale entre les êtres humains. C'est d'ailleurs sur elle que repose une autre conception de la justice, une conception qui fait référence à la réalité, et qui s'efforce de donner à chaque personne la place et le rang qui lui est dû pour une harmonie de l'ensemble. Cette justice croit au respect, et n'ambitionne pas de faire de chacun plus ou autre qu'il ne pourrait être. Une telle démarche va dans le sens d'un accroissement de l'efficacité et de la motivation, tant dans le domaine économique que politique. Du moins pour ce dernier à la condition que l'on en donne une toute autre définition que celle qu'il a pris de nos jours : politique politicienne des partis et d'une pseudo-démocratie. Il y a des personnes dont les aptitudes ne permettent pas de grandes élaborations théoriques ni ne comportent de fortes possibilités d'intégration des données d'une réalité plus ou moins vaste et complexe. Ceux-là n'en sont pas pour autant à mépriser comme a tendance à le faire l'esprit bourgeois. En redonnant toute sa place, son honneur, au travail manuel, et en organisant une saine hiérarchie en son sein et en fonction de chaque métier, il devient alors possible d'éprouver pour la personne un sentiment de satisfaction dans la mesure où elle entrevoit une perspective de reconnaissance.

Nous pouvons en outre ajouter qu'une telle conception peut s'appliquer entre les métiers eux-mêmes dont les différents rôles pourraient alors bénéficier d'une reconnaissance plus globale au sein des communes et des régions. L'œuvre de tel ou tel au sein de l'entité communautaire supérieure aurait alors tout son sens du point de vue du Bien commun. Ce qui s'applique aux corps de métiers peut s'appliquer aussi par exemple aux quartiers au sein des communes, permettant par là-même d'évacuer la vindicte de la « bien-pensance » au sujet d'un « populisme » forcément irrationnel et intolérant. Le principe qui préside à une telle organisation est que chaque singularité puisse s'exprimer et se confronter aux autres dans une recherche perpétuelle d'équilibre et de définition du sens commun à donner à ce que l'on fonde ensemble. Le lien que l'on peut en faire avec la recherche permanente de la vérité n'en devient que plus évident. Il n'y a aucune certitudes sur la nature humaine, seulement des principes à faire évoluer en fonction des situations rencontrées par les différentes communautés et leur interrelation.

L'inégalité n'est donc pas un facteur de ségrégation, d'irrespect ou de mépris, de discrimination, dans une société dont les principes reposent sur l'harmonie entre les différentes singularités humaines. La séparation ne se situe pas entre certains membres de la communauté et les autres, ou entre certaines communautés, telle une indépendance imposée de facto, et d'après une évaluation discriminatoire. Certaines expériences passées ont failli et il ne serait utile de s'en référer que pour en tirer les conclusions qui s'imposent : au-delà de la nécessité de hiérarchiser selon la diversité humaine, il apparaît comme d'une toute autre obligation, d'un autre niveau mais supérieur, d'intégrer cette diversité dans la bonne marche de l'ensemble, dans une vision du Bien commun. C'est cette « obligation » qui émane de nos valeurs en Europe depuis la Grèce antique, qui dirige nos âmes vers toujours plus d'humanité.

Mais il faut bien se garder de considérer toute « obligation » principielle de ce type comme émanant, ici en Europe, d'un quelconque utilitarisme vouant l'humanité à un strict productivisme de « bien-être ». Ce qui serait manquer toute transcendance et n'évoquer que la matérialité immanente en laquelle s'enfermerait toute vie. Nous ne nous intéresserions qu'au chaudron divin Undry et non au dieu Dagda qui donne une toute autre nature à sa divine cuisson que la production indéfini d'être qui peupleront les mondes d'en-bas. Pour grand pourvoyeur de vie qu'il est au travers de ses dons de résurrection et de maître de la Roue cosmique, il est aussi le possesseur de la harpe magique Uaithne, Harmonie ! Cette harmonie, que l'on ne sait possible en ce bas-monde, est en réalité une quête incessante tendue vers la vérité et la perfection. C'est une conscience envers l'Être qui pour être dans le monde dans sa plus infime parcelle, et le monde lui-même dans son entièreté, n'en est pas moins différent du monde car Supérieur à lui.

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Par conséquent, après avoir déniché les conditions d'une véritable justice, serait-il souhaitable de préciser d'où elle devrait émaner au sein de la société humaine. Eh bien ce lieu est l'ensemble de la société elle-même, l'interdépendance horizontale et verticale qui structure la diversité des personnes et communautés. Elle ne se déverse pas d'une hauteur imaginaire, d'utopies désincarnées, sur le monde comme un flot de « vérités » par rapport auxquelles il nous faudrait régler autoritairement le monde humain. Les utopies « libérales » des Lumières portaient en elles cet autoritarisme, contrairement à ce qui est admis en leur nom, car elles se sont efforcées d'imposer une vision sur l'homme et une organisation correspondante, au nom de la « liberté », uniquement utilitaristes et contractuelles, donc individualistes. La justice doit être la dynamique du monde, diffusée dans toutes les strates de la société, et mue par l'idée universelle du Bien commun qui s'est inscrite dans nos valeur européennes depuis plus de deux milles ans.

Les lieux et enjeux de l'autorité

S'il peut paraître indispensable au sein d'une société dite « organique » qu'elle soit innervée de l'esprit de justice afin d'en tirer la force nécessaire à sa propre perpétuation, cela ne se peut que dans la mesure où l'autorité est présente à chacune de ses strates et organes. Il est en effet puérile de penser que la justice pourrait comme par enchantement apparaître de l'auto-organisation d'hommes « libres » et égaux. Ceci est un rêve révolutionnaire d'un autre âge désormais. Pour toute justice il faut un garant. L'autorité est justement ce qui apporte la garantie aux hommes et à leurs communautés qu'il leur sera toujours possible d'atteindre à leur accomplissement, à la réalisation d'eux-mêmes eu égard la nécessité et leurs désirs de vie. L'homme ne se suffit pas à lui-même, les communautés de base non plus. Il leur est donc indispensable de partager, d'échanger, de coopérer, de s'entre-aider, de s'affronter dans le but de maintenir et d'approfondir. Mais l'ensemble de ces actions ne peuvent parfois non plus suffire pour mener à bien les buts assignés. Et cela est d'autant plus vrai lorsqu'il s'agit par exemple de jeunes personnes n'ayant en eux ni le savoir et les connaissances requises, ni même une vision claire sur les objectifs qui seraient les leurs en fonction de leur personnalité et aptitudes. Il existe pratiquement et quasi nécessairement pour tout acteur de la société un point d'achoppement en un temps donné de sa vie en lequel il se mettrait volontiers sous les auspices d'une plus haute instance. Nous avons tous besoin à un moment ou à un autre de soutiens et d'encadrement qui nous permettent de palier à ce que nos propres forces ne sauraient fournir. Et nous nous référons en cela à la simple constatation depuis l'origine de l'humanité que l'homme, outre le fait qu'il est limité physiquement et psychiquement, a toutes les peines du monde à s'imposer par lui-même des limites à son action sans qu'il ne soit nécessaire d'en appeler à une entité supérieure, et ce bien souvent vis-à-vis des autres.

L'autorité est cette entité supérieure qui à tous les niveaux de la société devrait garantir et organiser la justice. De la famille à l'État, l'autorité a pour fonction de commander, de dicter la conduite de l'ensemble lorsqu'il s'avère indispensable de faire appel à elle, c'est-à-dire lorsque les membres de la communauté en question ne peuvent plus trouver en eux-mêmes ni les moyens ni la volonté nécessaire afin de parer aux infortunes. L'autorité se doit par conséquent de pouvoir fournir une force supérieure à la somme de celles composant la communauté, en combinant deux éléments : d'une part, l'apport de l'expérience acquise par les générations passées maintenue vivante et concentrée par les élites en chacune des cellules communautaires et, d'autre part, l'irradiation dont peut faire preuve un centre en lequel est contenu comme dans un écrin la conviction, l'espérance, d'hommes assemblées depuis l'origine pour leur propre élévation d'esprit. L'autorité n'est pas effectivement à confondre avec l'autoritarisme, chose somme toute fort courante de nos jours, parallèlement et paradoxalement, du moins en apparence, avec le laxisme. Là où ne se rencontre plus aucune autorité, ne peut alors fleurir comme du pissenlit que son travestissement tout comme le contraire de celui-ci, tous deux issus d'une notion dévoyée de la liberté.

Le manque, inhérent aux hommes et à leur condition, ainsi qu'à ses communautés de bases constituées afin d'y palier jusqu'à un certain degré, est en vérité non aléatoire. C'est un fait constant dont ne saurions que tenir compte dans le but de fonder une société humaine assise sur le réel et non une quelconque utopie. La réalisation totale de l'être implique, par conséquent, de s'insérer, tant pour les hommes que pour ses communautés, dans un ensemble plus vaste de compétences et de rayonnement. Dans ce schéma, l'autorité apparaît pour ce qu'elle est : la médiation entre l'entité sociale et sa possibilité plus haute de réalisation. L'autorité est indispensable au sein d'une société, et d'autant plus que celle-ci est la société européenne que nous voudrions refonder eu égard à notre histoire et notre singularité civilisationnelle, ou en un autre terme : notre « tradition ».

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L'autorité est un axe qui relie les hommes entre eux, et ceux-ci à la source de leur tradition. Elle est ce lieu quasi sacré d'où émane l'espérance en la perfection et l'élévation des hommes. Elle est à même de produire envers l'expectative qu'ont les hommes pour leur propre accomplissement - dans un monde sain, cela s'entend – un ordre, une voie de réalisation maintes fois pratiquée et enrichit par la vie et l'œuvre des générations passées. Elle ne saurait donc être confiée aux premiers venus. Chaque communauté aura à reconnaître parmi elle ses meilleurs et plus expérimentés éléments afin d'assurer cette mission. Leur présence suffira alors à donner à l'ensemble de la cohésion et de l'assurance pour l'affirmation possible de chacun. Tout comme les vins, c'est ainsi que l'on se doit de pratiquer l'élevage des hommes : en cultivant silencieusement le terrain de la vie personnelle et commune afin d'en tirer les plus grandes qualités par l'âge et la raison.

L'autorité est donc à la tête de chacune des communautés sociales ce par quoi celles-ci trouvent une cohésion et une protection assez efficace afin de faire perdurer en son sein une synergies entre ses membres. Elle représente pour ceux-ci un moyen et une nécessité du fait de leur insuffisance ontologique. Son rôle n'est donc pas d'être omniprésente, se mêlant de ce que chacun peut accomplir seul ou en coopération sur le même plan, mais de palier à cette insuffisance en organisant l'espace et le temps en lesquels se jouent toutes les actions quotidiennes. L'autorité a un rôle « secondaire » vis-à-vis des membres de la communauté, un secours vers lequel l'on peut tendre à tout moment ou faire appel, tout en étant pourtant l'axe autour duquel tourne toute vie sociale dans un ensemble donné, plus ou moins restreint.

L'enjeu en réalité pour l'autorité au sein d'une communauté est, en complément de ce qui a pu être dit plus haut, d'insuffler la vie politique en celle-ci. Lorsque nous parlons ici de politique, nous ne faisons évidemment pas mention à la tartuferie actuelle qui passe pour en honorer le nom : la vie politicienne concernant surtout ceux qui ont osé réaliser un véritable hold-up sur nos vies au bénéfice d'un ultra-libéralisme des monopoles et autres oligarques. La politique est un art, celui qui sait mettre en œuvre et ordonner les expressions des diverses volontés des personnes prenant part à la vie de l'Agora dans chacune des communautés. La politique est l'autorisation en même temps que la limite : chaque avis, chaque intention se doit de pouvoir s'exprimer, mais à un certain moment il s'avère nécessaire de trancher. C'est à ce moment que l'autorité affirme le plus clairement sa présence, une présence indispensable à l'harmonie de l'ensemble ; ce qui témoigne d'autant plus du rôle incontournable qu'elle a en permanence vis-à-vis de toute construction sociale communautaire quant à la faculté de lui donner une certaine pérennité. Il faut du temps pour construire une autorité, et ceux qui auront la charge d'en assumer le rôle, de la base au sommet de la pyramide hiérarchique, devront être reconnus les premiers.

Les poupées russes de la subsidiarité

La politique, au vrai sens du terme, peut être perçue avec raison comme une forme de consécration de l'autonomie, l'expression d'un vitalisme qui trouve ainsi à apparaître et s'affirmer dans un contexte permettant à chaque participant de se dépasser par la confrontation, la concurrence, la coopération et l'échange. Le sens même de la politique dépasse allègrement les questions liées aux nécessités vitales, mêmes si celles-ci en forment en quelque sorte la trame de départ. L'autorité, outre le fait qu'elle doive maintenir la condition de possibilité d'une vie politique riche dans la communauté, a aussi pour charge d'insuffler sans cesse en son sein l'exigence envers soi-même de dépassement et de réussite. Cela implique, au vue d'une autorité telle que nous l'avons décrite plus haut, que cette « réussite sociale », loin de ressembler au spectacle d'une cupidité arborée ostensiblement, engage moralement ceux qui en bénéficient vis-à-vis de l'ensemble de la communauté. C'est par rapport à cette vision, incluant l'influence quasi spirituelle de l'autorité, que l'on peut dire de la communauté qu'elle est un corps vivant, un organe complet, fonctionnant pour le bien commun de chacune des cellules le constituant. C'est une organisation de type moral, non point utilitaire. Son âme est une parcelle de l'effort incessant de l'humanité vers son auto-dépassement : un type bien concret d'humanisme.

Mais dans un groupe humain circonscrit à une certaine tâche pour laquelle il s'est institutionnalisé au plan local en tant qu'élément organique stable, la politique trouve à un moment donné ses limites que seule une coopération à un degré plus élevé peut franchir. Toute construction humaine a ses propres limites et, à moins d'en attendre à l'intervention d'une force extérieure providentielle, tel un État, avec le danger par là-même d'en banaliser sa tendance au despotisme, il faut donc créer une strate organique supérieure avec à sa tête une autorité elle-même supérieure. C'est là tout le principe de la subsidiarité : fonder un niveau supérieur de coopération et d'organisation, d'ordre, afin de palier aux manques des niveaux inférieurs. Il en va pour ces niveaux, à commencer la personne elle-même tout en bas de la pyramide, pas tant de leur survie que de leur autonomie, et donc leur véritable raison de vivre. L'intérêt lié à la simple survie n'est que la partie émergée de l'iceberg d'une volonté qui va bien au-delà vers un sens à donner à la vie ; une raison qui ne saurait se limiter à une Raison abstraite et désincarnée tel un oubli de l'Être. Il devient donc nécessaire d'en-bas de prolonger l'ascension le long de l'axe de vie, la matière et ses nécessités passant pour être des prétextes, mêmes incontournables.

Le manque lié à la condition humaine, tant personnelle que communautaire pour les groupes restreints, n'explique donc pas tout lorsqu'il est question d'y faire face en adjoignant d'autres forces à celle qui en appelle à une forme ou une autre de solidarité. À moins de ne réduire l'homme qu'à sa dimension purement biologique, ou, ce qui revient pratiquement au même, à sa dimension d'entité en quête de ses intérêts individuels, il faut bien admettre que nous sommes « fait » d'autre chose, une grandeur bien plus haute qui nous motive par à-coup à nous élever au-delà de nous-mêmes. Cette grandeur mesurable par la capacité que nous enfermons les uns ou les autres à s'adapter, à analyser, à créer et à s'affirmer, en appelle à l'autorité afin de conforter l'effort par la reconnaissance des pairs ou de la communauté. La subsidiarité se situe aussi à ce point, qu'elle ouvre la possibilité pour les niveaux inférieurs d'un accomplissement qui n'est réel que dans la mesure où il peut se partager entre tous. Sinon il ne serait que néant, ne servant alors qu'à nourrir l'envie perverse et le ressentiment de ceux – les « égaux » - qui n'auraient eu la chance d'y accéder : « accomplissement » en ce cas le plus souvent matériel.

laon_porte_d_ardon_1.jpgLa subsidiarité, en ce qu'elle définit le rôle « secondaire » de l'autorité tout en, paradoxalement, lui assurant son statut primordial, peut ainsi participer dans une Europe à reconstruire à un véritable renouveau spirituel qui ne saurait se confondre avec les malheureuses tentatives menées dans un monde postmoderne en proie aux délires spiritualistes de substitution. La quête de vérité est un acte qui libère et élève si elle s'accomplit dans le respect de l'ordre et de la réalité du monde humain au sein et en appuie duquel l'on cherche à être soi-même parmi les autres. Subsidiarité et spiritualité sont donc les aspects par lesquels peut s'affirmer la puissance d'un peuple au travers de ceux qui le composent, et de tout un continent, le nôtre eu égard à ses valeurs ancestrales.

Le fait que chaque entité sociale communautaire ou collective se doive d'assumer à un certain niveau l'horizon de son incompétence, et par conséquent l'inefficience de l'autorité qui la chapeaute, nécessite une coopération à des niveaux croissant de responsabilité collective. Il s'en suit une structure sociale qui s'étage telle une pyramide en partant de la base jusqu'au sommet, représenté par l'État ; où l'on peut alors y voir une sorte d'empilement, un peu comme les poupées russes. Tout l'enjeu d'une telle structure sociale est d'assurer aux niveaux inférieurs les conditions optimales de la perpétuation et de l'accroissement de leur autonomie. Nous évoluons donc dans un tel schéma d'organisation selon un principe qui fait de cette autonomie le pilier de tout progrès humain. L'excellence, le mérite, l'élévation des valeurs portées par une civilisation ne peuvent véritablement exister qu'à la condition où il est donné à chacun et chaque groupe humain l'opportunité de pouvoir se réaliser en toute autonomie, et avec l'assurance d'une possible solidarité et reconnaissance assumées par l'ensemble de la société.

En outre, il faut bien concevoir qu'il ne peut être envisageable d'instituer différents niveaux d'autorité à partir des réels besoins des unités composant chaque fédération, professionnelle, religieuse ou territoriale, qu'à partir du moment où il devient possible de reconnaître pleinement les capacités de celles et ceux qui auront la charge d'en assumer le rôle. Il y a là le déploiement à tous niveaux, et de façon généralisée, d'une sélection et l'organisation d'une juste hiérarchie telles que nous l'avons entendu plus haut. Il ne peut nous être possible de déposer les symboles de l'autorité entre les mains de ses détenteurs qu'à la condition qu'ils puissent en être reconnus pleinement capable - et à la hauteur - par l'ensemble de ceux qui placent en eux leurs espérances. Nous voici d'un coup transposés à l'opposé de ce que l'on ne connaît que trop bien dans nos sociétés postmodernes !

La subsidiarité : ce que l'on tient en réserve. C'est au premier abord l'assurance d'un soutien octroyé aux membres qui, du fait de leur manque et de leurs désirs inhérents à leur condition humaine, en ressentent le besoin sur le chemin de leur auto-réalisation. C'est en outre, de façon plus énigmatique, un désir tout aussi inhérent à l'homme de se référer à « quelque chose » dans les hauteurs de l'âme, de l'appel d'une lumière spirituelle qui nous rend irréductibles à des êtres mus par leurs seuls intérêts. Un appel qui nous lie à une cause commune, à une illumination, une perspective façonnée par notre Tradition, notre histoire et notre mémoire. Une force virile nous y tend tel un arc bandé vers les hauteurs d'un Soleil qui éclaire nos pas. Au plus haut de l'encastrement subsidiaire des pouvoirs se situe l'autorité suprême, l'État.

La hauteur de vue de l'État

Pour toute grande construction il faut des fondations, de solides et indestructibles fondations. Pour un monde humain, ces fondations sont la mémoire, celle qui permet de lier les hommes entre eux, de fonder leur Culture. Elle est aussi ce qui se doit d'être interrogé par chaque génération. L'interprétation est en effet plus qu'une possibilité : un devoir pour les temps à venir. L'entité ultime qui se portera garant de cette tâche, du maintien d'une dynamique de progrès et d'Ordre, ce devra être l'État européen, l'autorité suprême qui en Europe, par sa présence même, devra ré-allumer la flamme de la passion de soi en nos cœurs.

Après les errements des temps modernes et postmodernes, il nous faudra en effet repositionner l'État au centre de ses prérogatives, ce qui signifie d'une part rehausser l'État, et d'autre part faire en sorte que de son point de vue tout tentative de dirigisme de sa part lui paraisse comme un constat d'échec. L'État, s'il doit répondre adéquatement aux besoins des strates inférieures de la société eu égard à la formulation de leurs demandes – principe de subsidiarité oblige – il se doit également de garder distance et de ne paraître abordable qu'en rapport à son rôle de garant de l'Ordre. D'en-bas, l'État est un secours lorsque les forces présentes au sein de la société déclinent et peuvent laisser apparaître le chaos. De sa hauteur, l'État doit voir plus loin que l'éternel présent, et préparer l'avenir de l'Europe. Il ne peut être question d'assistance de sa part lorsque vient à manquer la possibilité d'assurer la justice – car ceci reste à la charge de la structure « symbiotique » dont le fondement est de faire vivre réellement cette justice -, mais de suppléance quand survient un risque que cette dernière ne s'essouffle par manque de force ou de volonté. La mission de l'État est d'avoir une vue d'ensemble et de pouvoir ainsi parcourir les besoins qui ne pourraient être comblés par les niveaux inférieurs de la société. Ces besoins existeront tant à l'intérieur du territoire européen que vis-à-vis de l'extérieur.

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Reconnaître une haute dignité à l'État, c'est lui redonner une place dans la société que celle-ci lui aura échu au sommet de son organisation, partant initialement des désirs irrépressibles, et dont il faut reconnaître la portée vers un véritable progrès, d'accomplissement des personnes. Mais c'est aussi, et même bien plus, voir en lui le point d'aboutissement d'une volonté commune au niveau continental de prolonger notre civilisation européenne au-delà d'elle-même. Or, où l'on aboutit est aussi d'où l'on s'engage. Par conséquent, l'État redevient par ce fait le siège d'un état d'esprit, qui est celui par lequel se transmet à l'infini la Tradition, et d'où s'inspire chaque volonté à la source de nos valeurs. L'État doit en effet être le gardien des valeurs ayant données toute sa singularité à l'Europe. Nos principes par lesquels nous envisageons le monde et l'homme, sa dignité, doivent être protégés, de même que la possibilité de pouvoir en modifier la portée selon nos propres besoins.

L'État européen devra être le protecteur, le garant de nos principes, au-delà de toutes les valeurs particulières qui sont celles qui caractérisent nos différentes communautés composant l' « organisme » générateur de vigueur et de créativité en nos terres. La liberté et l'autonomie sont encloses dans ce principe supérieur qu'est la dignité, mais celle-ci est elle-même sous l'empire de l'attachement. Qu'est-ce que s'attacher sinon se consacrer : consacrer son cœur et son esprit à ce qui nous guide et nous nourrit, spirituellement bien sûr. L'attachement est un enracinement spirituel orienté vers deux directions : d'une part, vers la personne chez qui l'on reconnaît son prochain et envers lequel l'on pressent l'obligation de lui assurer son soutien et la reconnaissance de sa juste valeur, et d'autre part, vers la haute sphère de l'État chez lequel l'on voit un lien direct et sûr avec les principes qui nous guident et qui donnent un sens à la civilisation toute entière, et que l'on reconnaît comme notre obligé. L'attachement est obligation, générateur de droits parce que l'abstraction n'en génère aucun, et dans son sillage se manifestent la dignité, la liberté et l'autonomie.

L'État se devra donc d'être le siège d'un double pouvoir : temporel et spirituel. Une spiritualité nouvelle s'annonce déjà en Europe au milieu des incertitudes, des angoisses, des apostasies de déception, des errements spiritualistes de toutes natures. Elle sera un retour vers l'Être, vers une seine conscience de la présence de Dieu dans le monde et du monde en Dieu, vers un amour de la réalité et une re-connaissance au travers de la perpétuelle quête de vérité. Nul n'est destiné à détenir la « vérité ». Pas plus l'État qu'aucun autre. C'est bien pourquoi, si l'État doit être l'ordonnateur, il ne doit pas pour autant vouloir diriger la vie vers un but qu'il ne saurait définir lui-même sans mentir et outrepasser ses prérogatives. La spiritualité portée par l'État européen devra assumer ce « rôle » le plus grand qu'il soit de donner à l'espérance la capacité de fonder en permanence un avenir. C'est ce que l'on appelle fonder une civilisation, une Culture.

Un État qui s'abaisse au niveau de la « plèbe », c'est un État qui devient despote. C'est un État qui s'immisce au sein de toutes les vies afin d'en gérer le cours, d'y perpétuer la mise en application d'abstractions sur l'homme nées de l'excitation des Lumières. Le despotisme n'est pas pour l'État un accroissement d'autorité mais une licence donnée à sa tendance naturelle à se pourvoir en maître de nos âmes. C'est une mise en concurrence déloyale de son trop-plein de pouvoir illégitime et anthropophage vis-à-vis du pouvoir, lui, entièrement légitime, de création et de protection, personnel et communautaire. C'est bel et bien là l'image projetée aujourd'hui par les États postmodernes occidentaux qui positionnent les individus face à lui, dépourvus de leurs autonomies, déracinés, afin de diriger tous les aspects de leur vie.

Le pouvoir temporel de l'Europe nouvelle, indissociablement lié à son autorité spirituel, s'appuie sur la Justice. Les peuples qui le soutiennent et le glorifient s'appuient quant à eux sur leur sentiment de justice émanant de l'Ordre que l'État maintient vivant par son action distincte. Sa « Grande Politique » repose sur des principes intangibles que nul ne saurait contester sans vouloir basculer tout l'édifice dans l'insensé et le chaos : Protection, Respect des lois, Limitation des abus, Préférence européenne, Maintien de l'Ordre, Égards envers les autorités inférieures, Soin apporté à la faculté d'auto-accomplissement des personnes au travers de la médiation des communautés.

L'élaboration hiérarchique future d'une Europe fédérale - selon une acception de cette expression qui en fait une construction respectueuse du caractère particulier de chaque niveau d'autorité, à commencer par l'autorité que la personne se construit parmi les siens – tourne autour d'un principe supérieur, hautain, qui est celui par lequel se redéfinit la justice à sa source : l'égalité en dignité. En sa qualité suprême de garant et gardien de la justice, du devoir d'assurer la possibilité à chacun dans la société de trouver la place qui lui est la plus honorable, l'État est ordonnateur, ainsi que protecteur. En garantissant le respect des lois décidées et dictées par l'ensemble des communautés jusqu'au plus haut niveau, l'État témoigne de sa propre capacité à confirmer le sens du Bien commun issu de la dynamique politique qui doit renaître d'une véritable volonté populaire vers l'autonomie et la concorde, action d'acquiescement et de subsomption des conflits. Le Bien commun n'a pas à être défini par l'État, mais lorsque ce premier prend son envol en tant que lumière spirituel pour tout un peuple, un continent, il doit être tenu en réserve par la puissance de l'État, reflet revivifié du pouvoir renaissant des peuples européens, dans l'éternel probabilité des corrections pouvant en être apportées par ceux-ci dans leur histoire.

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Ordonner, c'est aussi limiter, car il ne saurait y avoir de justice lorsque les excès de certains empêchent le plein accomplissement de tant d'autres. L'esprit délétère de l'ultra-libéralisme ne saurait s'accommoder d'un besoin et d'une nécessité d'harmonie. Dans une Europe plus humaine, une oligarchie n'aurait aucune place à trouver, et encore moins à imposer pour elle-même. Et parce que l'oligarchie est d'esprit mondialiste, une préférence européenne devra se faire jour en tout domaine dans le but de maintenir une cohérence visant à sauvegarder les singularités qui font notre force et modèlent notre avenir. Cette cohérence est simplement celle qui assure un certain niveau d'évolution sociale qui fait de chaque nation en Europe, et de l'Europe toute entière, un modèle d'humanité pour le monde.

Enfin, ordonner c'est maintenir vivante et enrichir l'ensemble « symbiotique » qui structure toute la vie sociale de la personne à l'État européen en passant par la famille, l'entreprise, les corps professionnelles, les communes, les pays, les régions, les nations. Chaque autorité en charge de chacune de ces cellules à tous les niveaux se doit de trouver en l'État européen un protecteur et un garant de ses prérogatives spécifiques, et uniquement cela. Jamais l'État ne devra outrepasser ni ses droits d'ingérence - limiter des abus de pouvoir – en s'octroyant de façon illégitime et permanente le rôle des autorités inférieures, ni ses obligations de secours - suppléer aux carences accidentelles – en assurant un assistanat visant à remplacer l'ordre social organisé par ces mêmes autorités et empêcher ainsi le retour des conditions de l'autonomie.

L'État, la politique et le social

Nous ouvrons maintenant la réflexion sur un aspect crucial de l'organisation de l'Europe Nouvelle que nous nous efforcerons de bâtir. Il y a en effet un paradoxe entre d'une part l'idée qu'un État ait pour mission de stimuler les corps intermédiaires et de faire en sorte de préserver l'Ordre au sein duquel ceux-ci peuvent trouver protection et assurance quant aux carences qui pourraient freiner le déploiement de leur puissance, par conséquent intervenir en tant qu'organe suprême dans la société et, d'autre part, limiter cette puissance d'intervention de telle manière que les autonomies puissent également être préservées, voire accrues. Dans ce double mouvement contradictoire, l'État, dans le meilleur des cas, disons-le quelque peu utopique, limite lui-même son action afin de ne pas accroître sa tendance au despotisme et au diktat généralisé. L'État se doit d'être subsidiaire au plus haut point, c'est-à-dire que cette Plus Grande Puissance qu'il a pour fonction d'assumer et de maintenir au sommet de la hiérarchie a pour obligation vis-à-vis de la société d'être le recours ultime et le garant de la pérennité de l'ensemble. Ce n'est pas un rôle « secondaire » selon l'acception vulgaire actuelle, mais un Ordre principal incarné par l'État lui-même qui pourtant doit limiter sa puissance d'intervention en interne autant que faire se peut. Sinon, c'est toute la construction subsidiaire qui peut en pâtir.

Cette construction est donc un équilibre qu'il est nécessaire de maintenir par des actions adéquates. En cela, il ne saurait être suffisant de compter uniquement sur la clairvoyance des hommes supérieurs en charge de l'État européen, d'ailleurs ainsi que des États nationaux. Il ne faut jamais confondre les hommes avec leurs limites inhérentes d'avec la fonction qu'ils sont sensés assumer, aussi haute puisse-t-elle être et quoique puisse être en outre leur hauteur d'esprit. Par conséquent, les corps intermédiaires ont aussi pour tâche, outre celles se rapportant à ce qui a présidé à leur création selon le principe de subsidiarité, de conserver leur autonomie face à l'État ou aux autorités supérieures. En d'autres termes, le principe, disons-le vital, que ces corps et communautés ont pour obligation de respecter est celui de maintenir vivant la confrontation et la complémentarité en leur sein. C'est la politique selon le sens vrai de ce terme qu'il est nécessaire de faire vivre dans la société à tous les niveaux. Une politique que l'on peut aussi qualifier de démocratie directe, ou participative, selon la classification actuelle.

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Mais pour que cette politique ne soit pas un vain mot, pour qu'elle ne subisse pas l'effet de la lassitude, de la paresse, ni de la démotivation, il est nécessaire d'en avoir une vision aussi réaliste que possible en fonction de la nature des relations humaines dans la société. Et pour ce faire, il est indispensable de bien concevoir que les corps intermédiaires sont de deux natures : l'une privée, l'autre publique. La cellule privée de base de la société, celle qui ne peut qu'échapper à tout choix d'appartenance, celle dont la santé morale conditionne immanquablement la possibilité de l'accomplissement des personnes, est la famille. C'est en son sein que s'opèrent les premières orientations vers la vie sociale de la part de ses membres ; vers la vie économique, professionnelle, culturelle, etc. Par la suite, se constituent donc les corps sociaux liés aux besoins des hommes, à leurs besoins privés mais aussi relationnels. Ces corps se forment autour des métiers, et peuvent être appelés corporations, à conditions de ne pas en faire les organisations obligatoires de base structurant l'ensemble de la société : la personne doit être libre d'en faire partie ou non afin d'y trouver un support à son accomplissement au travers de sa profession. Leur existence doit accroître les possibilités des personnes en leur apportant le soutien de l'expérience, des formations, des relations nouées avec les entreprises, et la défense des intérêts professionnels par secteurs. Ces organismes demeurent privés dans le sens où les intérêts défendus le sont, ici les métiers. Enfin, les entreprises ont également leurs intérêts à défendre, et leur vitalité à valoriser afin de se voir assurer de la part du domaine public un soutien adéquat et une politique régulatrice allant dans le sens d'une affirmation collective de volonté de réussite.

Les hommes sont loin de n'être mus que par leurs propres intérêts. Bien d'autres choses, des valeurs, nous motivent, et nous poussent à lier des relations avec nos proches et d'autres, plus lointains. Ces relations sont faites de concorde, de complémentarité, d'entre-aide et de solidarité, mais aussi de confrontations, de conflits, qui indéniablement font partie intégrante de la vie humaine, de la vie sociale. Le but même de ces relations est de trouver une certaine harmonie entre des intérêts parfois divergents et, en outre, d'apporter une vigueur supplémentaire au sentiment qui unit les hommes les uns aux autres en un lieux et en une époque : le sentiment identitaire qui crée un stimulant à la rencontre de l'autre et du même, simultanément, incite à chercher un équilibre pour la pérennité du corps social territorialisé. La commune, le pays, la région, la nation, sont ces entités situées au sein desquelles peut se déployer la politique, et l'entente humaine entre les différences circonscrites. Ce sont les corps publics où doit s'effectuer une jonction entre les motivations privées et la protection et l'assistance publique. C'est en ces lieux que doivent s'inscrire les accords participant de l'harmonie du tout, en chacune des strates de l'organisation fédérative, et plus particulièrement à la première d'entre-elles, la commune, au plus près de la vie réelle.

La politique, en s'articulant aussi près que possible de la vie sociale, permet, outre que vive la socialité, d'élaborer un Bien commun particulier comme le Principe fondateur transposable en la garantie de l'échelon supérieur de l'ordre fédéral. Ainsi, d'échelon en échelon, de la commune à l'État européen, s'élabore perpétuellement à partir de la base le Bien commun suprême de l'Europe qui repose en tout premier lieu sur le respect de la dignité de la personne et sur l'attachement sans lequel elle ne saurait même exister.

Cette dynamique va à l'encontre de l'idée d'un bien commun qui découlerait de la conception d'une « vérité » unique jetée à la face du monde par les instances dirigeantes. C'est ainsi que fonder une société sur des abstractions, des préjugés sur l'homme, ne peut qu'aboutir qu'au fait d'une prétendue « politique » dont le résultat est d'éloigner la « vision du monde » commune de la réalité. On crée alors un monde désincarné. Et c'est bien ce qui se passe de nos jours.

La supériorité des hommes d'autorité ne doit pas reposer en premier lieu sur une sorte de « science » émanant d'idéologies anciennes jamais remises en question. En d'autres termes, « ceux qui savent » doivent être ceux qui vivent et ont vécu, plus intensément que les autres sans doute, les réalités qui les concernent. Les « spécialistes » sont les despotes des temps postmodernes. En catégorisant la réalité en fonction de leurs concepts bien appris, ils tuent la politique. Car la politique n'est pas la mise en œuvre d'un savoir extérieur, d'une science à propos d'un homme abstrait et « liquide », mais un art ! Elle est l'art de quêter une harmonie entre les différentes finalités que se donnent les personnes et les groupes de personnes au sein d'un espace public donné. Au travers de cette œuvre proprement humaine et symboliquement élévatrice, c'est une finalité commune, ou un Bien commun, qui est recherché, souhaitée par l'ensemble de la communauté comme quelque chose allant au-delà des intérêts de chacun. Ce qui lie cette finalité avec la politique, c'est la nécessité qu'elle puisse être dépassable en tout temps eu égard la situation par rapport à laquelle une redéfinition de celle-ci apparaît inéluctable. À figer la finalité d'une communauté, comme celle d'une communauté « nationale » par exemple en France aujourd'hui, c'est l'homme réel que l'on tue, et l'art qui le porte naturellement à croire et à espérer.

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La politique, qui est une quête de consensus, de sens commun, de Bien commun, à partir du moment où elle ne devient pas principalement une simple confrontation partidaire, permet d'envisager une réelle limitation et un encadrement de buts personnels et collectifs axés sur une recherche pure d'intérêts. Elle ouvre surtout un horizon à l'accomplissement humain au travers de la confrontation et de l'échange publics. Elle permet par conséquent de lever le regard vers des hauteurs dont ne font que rêver ceux qui vivent dans des temps trop sûr d'eux-mêmes : la démocratie dite « libérale » tue en réalité la politique en s'efforçant de sacraliser la « démocratie ». Ce qu'elle tue encore plus sûrement, c'est ce désir humain de rencontres, d'inclusion dans une dynamique conflictuelle d'où chaque personnalité, individuelle comme collective, peut trouver à s'affirmer ou se remettre en cause. La politique, entendue effectivement selon son acception originelle, héritée notamment d'une tradition pluri-millénaire en Europe, implique inévitablement une acceptation pleine et entière – sinon le « jeu » politique n'en pourrait être que faussé – de la conflictualité et de la nécessité d'une recherche commune de finalité. Par les lieux d'où elle se déploie, la politique tend donc à dépasser les finalités particulières et privées en concourant à l'élaboration collective d'une harmonie publique. En articulant ces deux aspects du désir humain au sein de l'Agora - désirs par lesquels l'homme se réalise socialement – il devient alors tout à fait possible de développer l'autonomie de chacune des entités privées et publiques tout en arguant par le biais de l'art politique dans celles-ci de l'impératif d'une limitation des attributions des unes et des autres vis-à-vis du Bien commun.

L'enjeu est de limiter au possible, et selon le principe de subsidiarité bien compris – c'est-à-dire non pas de suppléance vis-à-vis de l'individu comme dans une société libérale classique, ni d'assistanat comme dans une société d'État-Providence – la nécessité de l'intervention des instances publiques supérieures, État suprême inclus, afin non seulement de garantir, mais aussi de stimuler les autonomies et libertés locales et nationales, particulièrement privées. L'emboîtement fédérale des diverses structures, des familles à l'État européen, doit avoir pour finalité d'encourager ces premières à remplir leur mission visant à garantir les conditions optimales de l'auto-réalisation personnelle et collective – secours perpétuel - ainsi qu'à assurer une aide lorsque cela est nécessaire en cas de déficience – secours temporaire.

Selon ce principe et cette organisation subsidiaires, il devient particulièrement évident que le rôle de l'État est de garantir en haut lieux l'inaltérabilité de valeurs par lesquelles doit s'affirmer l'Europe à venir, ainsi que la possibilité toujours ouverte d'en faire évoluer l'interprétation au fil du temps et des générations. C'est pourquoi l'État européen, pour limité que soit son domaine d'intervention en interne au regard des devoirs attribués aux strates inférieures, n'en a pas pour autant un domaine d'influence extrêmement élevé du fait de sa mission fédératrice. Il se doit d'exercer une fascination dont l'objet ne pourrait être de provoquer une attente de la part d'une masse d'individus, mais un fort sentiment d'appartenance chez des hommes libres désireux de lier leur force à la puissance commune. De destin, funeste s'il en est actuellement sous le règne cupide de l'oligarchie mondialiste, l'Europe se reconstruira ainsi plutôt un avenir !

Conclusion

Chaque corps intermédiaire d'une organisation subsidiaire se doit de définir par lui-même la nature de ses actions, mais aussi celle de sa propre finalité dans la mesure où elle peut trouver à s'exprimer dans l'harmonie du Tout. Une véritable fédération ne peut s'élaborer qu'à partir du moment où existe la possibilité que s'articulent ces finalités en vue d'un Bien commun qui dépasse chaque entité de l'ensemble de l'organisation. L'appartenance, tout comme les compétences, ne sauraient être figées, et par-delà rendues en quelque sorte « obligatoires », mais les principes qui ne pourraient être reconsidérés sans danger sont la liberté et l'autonomie, la dignité, et l'attachement qui rend possible les précédents. Celui-ci ne pourrait être nié parce que par lui est rendue envisageable une véritable vie politique sans laquelle tout le reste n'est qu'utopie. La vie politique est une vie de la communauté dont les membres partagent ensemble les mêmes valeurs et les mêmes finalités. Une « politique » au sein d'un groupe trop hétérogène ne peut qu'être bavardages et manipulation d'une clique au dépend des autres : le règne des politiciens !

Nous constatons aujourd'hui ce destin dont est frappée la République en France, mais pas seulement, d'ailleurs en suivant son exemple. Depuis l'Ancien Régime, sous l'influence des Lumières, tout pouvoir, toute force a peu à peu été subtilisée par l'État républicain français au détriment du, ou des, peuples qui composent l'Hexagone. Il s'en est suivie une asphyxie de la vie politique. Ce faisant, c'est une dynamique créatrice qui s'est épuisée, ce qui a entraîné, par l'influence néfaste de l'exemple français dans toute l'Europe, le déclin de la puissance de tout un continent.

Il ne saurait exister d'organisation sociale idéale, parce que l' « homme » ne saurait être lui-même fondé d'après un idéal. Il est indispensable - et ne serait-ce d'ailleurs pas là que se situe le véritable progrès humain ? - de faire l'assomption des insuffisances et des imperfections de l'homme véritable, de sa vraie nature. Une organisation fédérale telle que nous la prônons ici pour l'Europe à venir ne serait de toute façon qu'un sempiternel équilibre précaire reposant tout entier sur l'édifice d'une cohérence à démontrer sans cesse. Elle ne pourrait se fonder que sur une foi réelle en nos valeurs multi-millénaires qu'il nous faudra redécouvrir et faire revivre.

Cette quête qui réclame force et courage, mais aussi lucidité, de la part de ses protagonistes est spirituelle autant que politique, et pour ainsi dire, philosophique. Elle dépend après tout de ce quasi instinct de ressentir en toute chose l'existence de Dieu, et du devoir inhérent de réaliser son propre être en proportion de l'honneur que l'on doit à la manifestation de l'Être. Un ciment lie déjà les peuples de l'Europe, il leur faut désormais trouver un nouveau Soleil!

Yohann Sparfell (mars 2016)

mercredi, 11 mai 2016

Lettre ouverte à un ami d'extrême gauche

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Lettre ouverte à un ami d'extrême gauche

Pierre Eisner

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Votre discours est toujours le même. Il glorifie, partout et en toute occasion, la lutte des gentils travailleurs contre les méchants patrons ou contre l'état employeur, justifie toutes les grèves, toutes les manifestations organisées par les syndicats les plus durs. Il existe pourtant des éléments qui devraient vous amener à réfléchir.

Vous soutenez, par exemple, aussi bien les ouvriers en grève en Allemagne et en France. N'avez-vous pas remarqué que les règles du travail ne sont pas les mêmes dans les deux pays et que les intérêts des ouvriers peuvent se trouver antagonistes ? Ce qui peut être bon pour les uns peut être mauvais pour les autres.

Les gouvernements des pays dans lesquels vous vous opposez à l'action sont issus d'élections. Dans ces dernières les riches exploiteurs sont beaucoup moins nombreux que les pauvres opprimés. Comment expliquez-vous que ce soient les intérêts des moins nombreux qui l'emportent ?

Prenons un exemple qui est, dans son principe à défaut des détails, hélas très répandu. Dans un bassin d'emploi déjà sinistré, une entreprise connaît de graves difficultés. Elle propose d'abaisser les salaires de ses ouvriers pour équilibrer ses comptes. Que va-t-il se passer ?

Les ouvriers et leurs syndicats acceptent les propositions de la direction et l'entreprise est momentanément sauvée. Mais rien ne dit que le problème ne va pas finir de se représenter.

Les ouvriers et leurs syndicats refusent ces propositions. Les difficultés de l'entreprise s'aggravent rapidement jusqu'à la faillite. Tout le monde perd son emploi.

On voit que, devant une telle situation, il ne peut y avoir que de mauvaises réponses. Rien ne sert de prôner la lutte, d'organiser la grève, de monter des actions violentes. Tout ce qui peut être tenté ne fait qu'accélérer le désastre.

Vous allez me dire que s'il n'y a rien à faire c'est parce que le problème ne se situe pas au niveau de l'entreprise. Vous avez parfaitement raison. Mais vous ne voudrez pas dire que si le bassin d'emploi n'avait été sinistré, l'entreprise aurait pu se séparer d'une partie de ses effectifs, lesquels auraient trouvé du travail dans des entreprises voisines en développement. Peu importe.

Si le niveau adéquat n'est pas celui de l'entreprise, alors quel est-il ? Il faut savoir que le plein emploi dépend de deux facteurs : les biens dont la production est utile et les personnes employables à cette fin.

La réponse qui vient aussitôt à l'esprit est celui de l'état, à savoir par exemple la France. C'est à ce niveau qu'est organisé le vote du peuple et qu'on pourrait raisonnablement attendre des décisions. Malheureusement nous vivons une période où la production des biens nécessite souvent une échelle plus grande que la France et où le mouvement des personnes vers la France connait de multiples circonstances l'alimentant. On ne peut absolument rien faire contre le premier fait. Accessoirement vous vous opposez à toute restriction pour le second. Ce niveau est donc inadéquat. Et cela ne dépend pas de la bonne volonté des électeurs et des dirigeants. C'est une chose que vous auriez pu noter, plutôt que de vous accrocher, comme les souverainistes, à l'élection présidentielle.

D'ailleurs on a déjà créé une zone de libre-échange en Europe. A ce niveau on dispose de la bonne échelle pour produire des biens nécessitant de gigantesques investissements. Cependant vous n'êtes pas seul à vous opposer à une solution à ce niveau. Du côté des personnes, l'organisation de l'Europe est si incohérente que le contrôle des frontières y est inopérant. Et surtout, du côté de biens, cette zone de libre échange n'est qu'un prétexte pour entrer dans un libre-échange mondial, dans lequel on n'attend même pas de réciprocité. Peut-être allons-nous échapper au TAFTA, mais ce ne sera que partie remise. Les pauvres Européens n'y peuvent rien. Il n'y a pas, à ce niveau, suffisamment de démocratie pour espérer un changement. Et de cela vous parlez peu.

vuistrton21556-f5fb0.pngIl ne reste donc que le niveau mondial. Le problème est que s'il y a peu de démocratie au niveau de l'Europe, il n'y en a pas du tout au niveau mondial. Surtout il n'est pas possible qu'il y en ait. De grands blocs existent qui entendent bien garder leur autonomie. Il s'agit bien de la Chine ou de l'Inde que des Etats-unis d'Amérique. De plus les disparités de développement entre les continents rendent impossible toute harmonisation. Qu'il y a-t-il de commun entre des revendications salariales en France et au Bengladesh ? Pire encore, les disparités culturelles sont insurmontables.

Tout semble donc bloqué. Heureusement ce n'est pas vrai. Il y a un niveau où les choses peuvent changer. C'est celui de l'Europe, puisque ce n'est pas son concept mais son organisation qui est en cause. La réponse est donc extrêmement simple. Il suffit de transférer un système démocratique rendu inutile au niveau des états vers un équivalent au niveau de l'Europe. Cela s'appelle l'intégration européenne. Qu'attendez-vous pour y penser ? Ne trouvez-vous pas que, pour se voiler la face, les souverainistes n'y suffisent pas ?

Pierre Eisner (Le Parti des Européens)

samedi, 30 avril 2016

Le chaos est imminent, et que vous y croyiez ou pas n’y changera rien

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Le chaos est imminent, et que vous y croyiez ou pas n’y changera rien

Ex: http://zejournal.mobi

De longs mois se sont écoulés depuis la dernière publication du veilleur, et ce laps de temps m’a été bénéfique afin d’avoir une vision plus globale de la situation géopolitique dans le monde et de ses conséquences, mais il n’est nul besoin d’être un fin stratège pour appréhender la chute catastrophique dans laquelle nous entrainent les miasmes de notre gouvernement, du moins pour ceux ou celles qui ont commencés à ouvrir les yeux, et ils sont de plus en plus nombreux.

A l’instar des États-Unis, la France est devenue un état policier, et le basculement de notre république vers un régime autoritaire et dictatorial ne fais plus le moindre doute. La colère du peuple est de plus en plus palpable, et le mouvement de protestation grandissant qui suivit l’annonce de la récente loi travail dictée par Bruxelles en est un signe. Souvenez-vous des anciennes publications du veilleur évoquant la destruction des droits ouvriers, de la disparition de l’argent liquide, de la répression toute dissidence, et autres émanations orwelliennes promulguées par les laquais du lobby banquier au pouvoir.

Que penser d’une brève passée inaperçu et pourtant révélatrice de l’orientation en cours, « Des caméras parlantes pour rappeler les habitants à l’ordre » ! Pour ceux que cela n’interpelle pas, ma compagne me narrait une situation analogue dans laquelle un membre de sa famille s’est retrouvé durant la période franquiste en Espagne, alors qu’il avait osé marcher en dehors des clous…

Nous devrions atteindre prochainement un point de rupture après lequel tout devrait s’accélérer d’un coté comme de l’autre, entrainant inexorablement une surenchère répressive d’une part, et protestataire musclée de l’autre. Les plus naïfs espèrent encore un changement politique à venir pour 2017, mais ils prendront conscience tôt ou tard que quel que soit le parti mis au pouvoir par les urnes, les prérogatives de ce dernier n’iront pas dans le sens des préoccupations pourtant légitimes des « sans dents », et la douche sera plutôt froide.

Merci à Pierre Templar pour ce texte très réaliste qui résume bien la situation à laquelle nous devons nous préparer.

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Le veilleur

Celui qui croyait au chaos et celui qui n’y croyait pas

Les signes de la tourmente se multiplient, et pourtant, nombreux encore sont ceux à ne pas voir son imminence. Ces gens-là continuent à croire benoîtement dans les vertus du système, pensant qu’il les protégera en cas de problème sérieux, comme il a si bien su le faire par le passé.

Chacun de nous possède au moins un spécimen de cette espèce dans sa famille, et sait donc parfaitement qu’il est inutile de tenter de les ramener à la raison. Comme l’a dit un abruti de gauchiste dans un éclair de lucidité, la « botte souveraine de la réalité » s’en chargera en temps utile…

Je ne tenterai donc pas de le faire ici, ce blog s’adressant à tous ceux et celles, survivalistes en premier, qui ont « quelque chose entre les oreilles ». De toute façon, vous aurez sans doute essayé avant moi, probablement sans grand succès, et il est donc inutile d’accorder au gens de cette espèce plus d’intérêt qu’ils ne méritent.

Mais si l’on croit à un prochain chaos, alors il n’y a qu’une chose à faire : Se préparer là où l’on se trouve. Ceux qui pensent qu’ils vont changer quelque chose en militant ou votant pour un parti se trompent lourdement, de même que tous les pantins qui collent des affiches ou défilent dans les rues, quel que soit leur drapeau, en espérant pouvoir ramener à leurs idées ceux qui les voient passer.

Quoi que vous puissiez faire, vous ne changerez RIEN au système, du moins jusqu’à ce qu’il implose. Il faut absolument que vous en soyez persuadés, pour ne pas vous égarer dans des voies sans issue ou gâcher votre énergie dans des combats perdus d’avance. Et surtout, pour ne pas en pâtir inutilement. Tout ce que vous récolteriez en y prenant part, c’est une belle fiche au RG avec votre trombine en premier plan, où pire encore, un séjour dans une cellule au milieu des barbus.

Et ceux qui votent encore et voudraient me faire croire le contraire n’ont qu’à regarder le nombre de députés FN que nous avons à l’Assemblée. Et pourtant Dieu sait si cela fait un moment que le vieux briscard s’agite, et que des millions de citoyens lui ont donné leurs voix ! Tout cela, je l’ai déjà dit dans Les raisons de redouter le pire. Il n’y a pas grand-chose à rajouter. Le système est verrouillé, et il veut notre destruction.

Tout va aller de plus en plus mal, et très probablement de plus en plus vite. Je ne crois absolument pas à une lente agonie du pays jusqu’à l’instauration finale d’une dictature à la Orwell. Si telle était l’intention première de nos maîtres, alors ils ne prendraient pas le soin de faire entrer des millions d’allogènes en Europe. S’ils organisent aussi méticuleusement un tel afflux, c’est parce qu’ils ont un plan précis, qui inclue au préalable un affrontement généralisé entre les communautés caprines et les blancs de souche.

Nous allons au-devant de la plus grande guerre civile que le monde ait jamais connue. Nous tous européens, et il n’y a aucune échappatoire. Il n’est même plus besoin de lire les prophéties à ce sujet pour s’en convaincre ; C’est maintenant une évidence.

Pour un survivaliste digne de ce nom, la guerre civile est le premier péril à considérer, car contrairement au réchauffement climatique et autres fadaises, on peut être sûr que celle-ci va arriver. Alors profitez du temps limité qu’il reste pour vous préparer au mieux. Sortez du système autant que vous le pouvez, ou profitez-en s’il le faut, de manière à mettre de côté les moyens nécessaires pour acquérir les compétences et les équipements dont vous aurez besoin.

Tâchez de constituer un groupe d’amis, de relations, ou de connaissances, que vous puissiez rejoindre ou qui puissent vous rejoindre le jour où les lumières vont s’éteindre. L’important, à mon sens, n’est pas de chercher à constituer à tout prix une véritable équipe, du moins au début. D’abord, parce que cela demande trop de temps et d’énergie, et vous y laisseriez probablement votre enthousiasme. L’important, c’est de ne pas vous retrouver seul au soir du Grand Jour. Vous pouvez être certain que les équipes se constitueront d’elles-mêmes le moment venu, en fonction des tempéraments, des compétences, et des forces de chacun.

Ensuite, parce ce que la ou les équipes que vous pourriez constituer, avec toute la patience et les difficultés que cela implique, ne dureront probablement pas très longtemps. Non pas qu’elles se sépareraient à cause de dissensions internes – bien que cela ne soit pas à exclure – mais parce que leurs rangs pourraient s’éclaircir de manière drastique et très rapide aux premiers jours de la bataille. Si ce n’est dans celle-ci, ce sera par les blessures, le manque d’hygiène et de soins, les « pétages de plomb » et le reste (voir les articles sur les addictions d’Elizabeth). Et vous aurez perdu beaucoup de temps pour vous retrouver au final à trois clampins.

En d’autres termes, la sélection se fera d’elle-même, au fil des allées-venues et des combats, de même que les alliances…

Commencez à rencontrer des gens autour de vous, des gens ordinaires. Lorsque vous tombez sur quelqu’un qui vous dit que d’après lui « tout va péter bientôt », c’est qu’il est un peu moins con que la moyenne et que vous pourrez peut-être en tirer quelque chose. Inutile de lui sortir le baratin survivaliste, voire de chercher à l’intégrer dans votre groupe éventuel pour commencer à vous entraîner ensemble. Gardez ce contact en mémoire, de même que son adresse et son téléphone. Si des « atomes crochus » vous poussent naturellement à resserrer les liens, alors faites-le, tout en gardant à l’esprit que rien ne vous y oblige.

Prévoyez de quoi tenir au moins trois mois, vous et votre famille. Ainsi que des armes et munitions en nombre pour assurer votre défense. Tout cela a été dit maintes fois sur le blog. Il suffit de relire les articles, ainsi que leurs commentaires qui sont le plus souvent très pertinents.

Nous faisons partie, pour la plupart, d’une génération sacrifiée. C’est juste un destin qu’il faut accepter, car il n’y a rien que l’on puisse faire pour l’empêcher ou le changer. Parfois, certaines personnes me demandent « ce que nous avons pu faire pour mériter ça ». La réponse est que nous n’avons rien fait, absolument rien, parce qu’il n’y a rien que l’on aurait pu faire, et que ce n’est pas notre boulot, de toute façon. Ce n’est pas notre faute, pas plus que celle de nos parents.

Le problème est que depuis notre enfance, la République nous berce dans l’illusion que nous pouvons, par une participation toute illusoire, changer quelque chose à notre destinée citoyenne. Mais la vérité est que nous ne pouvons rien. Le système républicain dans son essence même nous laisse à la merci des gens qui nous dirigent, pour le meilleur et pour le pire. Or il se trouve que nous sommes gouvernés par les pires depuis une cinquantaine d’années, voire depuis la décapitation de notre dernier roi, si l’on veut bien remonter jusqu’à la source du problème.

Chaque génération a sa destinée. Celle de 14 était de finir dans les tranchées. La nôtre est d’affronter les grandes tribulations de la gigantesque guerre civile à venir. De nous battre, de souffrir, et de mourir, éventuellement. Une fois que vous aurez accepté cela, vous pourrez arrêter de vous frapper la poitrine et commencer enfin les préparatifs qui s’imposent.

Survivre

Survivre, ce n’est pas juste « tenir une heure de plus » comme un certain couillon a pu l’écrire. Survivre, c’est tenir jusqu’au bout, et vu ce qui nous attend, ce n’est pas une petite heure qui changera grand-chose. Survivre, c’est être encore debout lorsque les moins chanceux et les plus faibles sont tous morts. Et cela va signifier pour nous tous être capables de vivre des mois de plus, peut-être des années.

Et c’est parce que le chaos va durer que la simple force physique et brutale ne sera pas suffisante ; Et que des moins forts physiquement auront aussi leur chance, contrairement aux grandes batailles des siècles passés. Ceux qui vont durer seront les plus tenaces, les moins sentimentalistes, et surtout, les plus stoïques ; Les plus résistants à la souffrance, à la douleur, à la faim et à la soif, aux tentations, addictions et privations de toute nature. Des moines soldats, en quelque sorte. Autrement dit, les moins cool et les plus chiants, selon les critères en vigueur de nos jours.

Au fond, la vie même n’est autre que survie. Depuis le jour de notre naissance nous ne faisons que survivre. A toutes les saloperies qui se trouvent dans les airs et dans nos assiettes, aux vaccins et aux médicaments, au métro et au boulot… Pour certains, à la famille, depuis tout petit. Pour la plupart, aux emmerdes que les malfaisants au pouvoir nous apportent quotidiennement, dans tous les domaines de l’existence ; A cet abruti de kapo qui nous colle une prune de 90 euros parce qu’on a dépassé de 5 km/h la vitesse autorisée, et qu’une frustration légitime nous pousserait à cogner. Ou encore ce spécimen halal qui nous dévisage avec mépris, et que l’on renverrait volontiers au bled avec un pruneau dans le cul ; Avec les conséquences que l’on peut imaginer pour un chrétien blanc noyé dans une société dirigée par des gens qui œuvrent à sa disparition, par tous les moyens.

La jeunesse

J’ai longtemps pensé que la jeunesse actuelle était paumée, et il est vrai que certains spécimens de la Star Ac et autres zoos du même acabit tendaient à me donner raison. Mais finalement, je pense m’être trompé. Le vrai problème, du moins ce que je crois désormais, est qu’elle s’emmerde, tout simplement. Parce que la société moderne, et en premier lieu ceux qui la dirigent, sont incapables de lui donner un but valable qui vaille la peine de se dépasser.

Je crois que le secret de la réalisation personnelle tient dans une seule chose : œuvrer pour une cause qui nous dépasse, quelque chose de plus grand, quelle qu’elle soit. Puis éventuellement y laisser la peau ; Que ce soit pour sa famille ou pour la patrie, voire un quelconque groupe de « niakoués » (citation de l’auteur) aux fin-fonds d’une jungle birmane que l’on aurait pris en affection. Et c’est justement ce dont l’individualisme induit tout naturellement par les « valeurs » de la République nous éloigne le plus jour après jour.

La conséquence directe est que la jeunesse actuelle erre sans but, d’un Mac Donald à un autre, les yeux rivés sur un Ipod, pour finir au Bataclan à écouter des insanités. Elle cherche inconsciemment un sens à donner à sa vie, mais ne peut le trouver dans une société aseptisée, uniformisée, sans relief, sans avenir et sans espoir. Mais donnez-lui une vraie cause à défendre, avec la vie au bout du compte, et je crois que la plupart saisiront l’occasion à pleines mains. Il se pourrait même que ce soit les plus « paumés » qui lèvent le plus haut le flambeau et entraînent les anciens. Du moins j’aime à le croire.

La guerre

La guerre est divine en elle-même parce qu’elle est une loi du monde.

Ainsi parlait Joseph de Maistre, ce grand théosophe chrétien. Une chose parmi d’autres qui nous distingue de l’animal.

L’homme est taillé pour la guerre. Tellement bien qu’il n’a pas arrêté de la faire depuis le premier jour de son apparition sur terre. Sur les quinze cents dernières années de notre histoire, celles de paix relative se compteraient presque sur les doigts d’une main ! Notre nation s’est bâtie sur les batailles que nous avons gagnées, et elle périra dans celles à venir si par malheur nous les perdons.

Ces longues périodes de paix et de facilité relatives, comme celle que nous connaissons depuis la fin de la seconde guerre mondiale, sont épouvantablement débilitantes. Il n’y a qu’à voir l’état actuel de la France et de ses habitants. Nous avons sombré dans la passivité la plus complète. Les corps et les esprits se sont comme liquéfiés jusqu’à laisser le pays se faire tranquillement envahir à nouveau, au point qu’il n’est même plus sûr que nous soyons capables de remonter la pente un jour. A moins de quelque intervention quasi miraculeuse comme il nous a été donné parfois dans un glorieux passé.

Nous sommes tellement loin de notre génie naturel et de notre vocation qu’il est presque impensable d’en être arrivé là. Pourtant nous y sommes, et il faut bien reconnaître que le travail de sape a été sacrément bien orchestré. A ce niveau, il n’y a malheureusement pas d’autre remède que le sang versé pour que les retrouvailles avec nos racines et notre destinée véritable puissent avoir lieu.

A ce moment-là, nous penserons alors à ce que dit Horacius le romain, il y a bien longtemps, tandis qu’il se retrouvait seul face à une armée entière :
Pour chaque homme sur cette terre, la mort vient tôt ou tard. Et comment un homme peut-il mieux mourir qu’en affrontant un destin contraire pour les cendres de ses ancêtres et les temples de ses dieux…


- Source : Survivre au chaos

samedi, 26 mars 2016

A la folie des terroristes, une autre folie

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A la folie des terroristes, une autre folie

Jan Marejko
Philosophe, écrivain, journaliste
Ex: http://www.lesobservateurs.ch
 

Depuis l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015, j’éprouve une étrange sensation. Celle d’assister à des crises de délire dans la presse, les gouvernants et les élites intellectuelles à chaque fois que se produisent des attaques terroristes. Raymond Aron qualifiait de terroriste « une action violente dont les effets psychologiques sont sans commune mesure avec ses résultats purement physiques ».

Nul besoin de s’adonner à une profonde analyse pour voir, à partir de cette définition, que la première chose à faire, devant une action terroriste, est, pour les responsables, de limiter ses effets psychologiques : la peur, des mesures prises dans la panique, des discours grandioses ou grandiloquents sur un état de guerre. Or c’est le contraire qui se passe : tout est fait pour augmenter l’angoisse des populations, à tel point qu’un éditorialiste de la Tribune de Genève parle des citoyens désespérés de démocraties européennes. Les psychiatres vont avoir du pain sur la planche.

Les soldats dans les rues, les logorrhées médiatiques, les appels à une vigilance permanente pour repérer des terroristes, ne peuvent qu’augmenter les effets psychiques dont parle Raymond Aron. On voudrait plaire aux djihadistes qu’on ne ferait pas mieux. On leur donne en effet un statut de révolutionnaires qui luttent contre le monde entier et un tel statut, en plus d’être glorieux, séduit des jeunes un peu partout. Surtout quand la vie se réduit à la gestion de l’idiotie d’une vie privée et rien que privée, sans dimension politique ou patriotique ! Comme le faisait remarquer un journaliste du Guardian, Jason Burke, après les attentats du 13 novembre 2015, « l’État islamique, c’est plus excitant que de travailler au McDonald’s » ! Pourquoi alors ne pas se faire kamikaze ?

Mais que faire, demandera-t-on ? Eh bien, on pourrait au moins commencer par regarder ce qui se passe dans notre monde avant de prétendre le défendre avec de grandes formules creuses. En amplifiant le vide de ces formules, en allant répétant que l’islamisme est un totalitarisme (ce qu’il n’est pas) pour mieux s’aveugler sur ce qui se passe, nous en sommes arrivés à nourrir la folie terroriste avec une autre folie, celle qui consiste à donner un énorme écho médiatique à des assassins. Il me semble que l’énormité de cet écho est assourdissante, mais rares sont ceux qui entendent. Rares mais pas inexistants : Mathieu Guidère, par exemple, qui, hier soir, sur Arte, expliquait qu’on avait tout faux en s’égosillant sur les attentats de Bruxelles. Un peuple libre ne s’égosille pas. Les Anglais sous les bombardements de la Luftwaffe ne se sont pas égosillés. Quand cesserons-nous de nous égosiller ?

Les gouvernants européens ne gouvernent plus rien parce qu’ils sont pénétrés par une idéologie du vivre-ensemble ou des droits de l’homme qui est destructrice du seul vivre-ensemble qui tienne, une communauté politique. Une telle communauté se reconnaît un ennemi et le désigne. Cette désignation n’est pas une déclaration de guerre. Elle consiste à reconnaître des forces potentiellement dangereuses pour une communauté et à prendre les mesures qui s’imposent. Depuis trente ans, ces mesures n’ont pas été prises et aujourd’hui, dans l’affolement, on déclare une guerre tous azimuts. Normal ! Quand on n’a rien fait pendant des années, on bascule dans l’autre extrême, une agitation hystérique qui n’augure rien de bon.

Les attentats sont terribles pour les proches et les familles. Mais ils sont aussi terribles par ce qu’ils révèlent et annoncent. Ils révèlent une rhétorique hystérique, signe d’impuissance politique – ils annoncent une guerre civile si l’islamisme progresse. « Si Dieu décide de détruire, il commence par rendre fou, » écrivait Euripide au 5ème siècle avant Jésus Christ. Nous en sommes presque là. Des deux côtés !

Jan Marejko, 23 mars 2016